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 (Photo: archives paperJam)

En guise d’introduction à la conférence, Dr Georges Heinrich, directeur du Trésor au ministère des Finances, a brossé le contexte dans lequel s’inscrit la crise des dettes publiques.

Georges Heinrich a d’abord passé en revue les facteurs générateurs qui ont débouché sur la crise économico-financière citant entre autres, la persistance de divergences économiques entre États membres qui se sont amplifiées au cours de la crise ainsi que le manque de discipline budgétaire et la passivité des gouvernements qui ont omis d’assainir leurs finances publiques lorsque la conjoncture dans la zone euro était encore favorable. En s’appuyant sur la théorie d’une zone monétaire optimale, il a illustré pourquoi l’Union économique et monétaire "ne correspond pas à une zone optimale, mais devrait plutôt être qualifiée de projet politique à forte connotation économique".

Abordant ensuite les conséquences de la crise, il a illustré à quel point la mise en place des programmes de relance budgétaires avait contribué à augmenter le ratio des dettes publiques dans un contexte marqué par une frilosité grandissante des investisseurs.

Dans un deuxième temps, il a passé en revue les principales caractéristiques des différents programmes d’assistance qui ont été mises en place pour aider la Grèce (2010), l’Irlande (2010) le Portugal (2011) tout en insistant sur "les causes sous-jacentes de leurs difficultés qui étaient forts différentes".

Le directeur du Trésor s’est ensuite livré à une analyse détaillée des réactions du monde politique et de la psychologie des marchés afin de montrer à quel point il était difficile de gérer la crise des dettes souveraines. Pour illustrer la réaction qui est venue du monde politique, Georges Heinrich a fait l’inventaire des réformes qui ont été mises en place pour répondre et endiguer la crise en Europe, comme le Fonds européen de stabilité financière (FESF), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire, etc.

Georges Heinrich a enfin exposé trois options qui permettraient à l’Europe de juguler la crise actuelle. La première consiste à "travailler sur les symptômes plutôt que les causes", la deuxième prévoit la sortie coordonnée d’États membres de la zone euro et la troisième table sur une intégration plus poussée de l’Union européenne.

Jean-Claude Juncker brosse les contours d’une stratégie de croissance pour l’Europe
Enchaînant, Jean-Claude Juncker a souligné le besoin de trouver un juste équilibre entre, d’une part, les politiques de consolidation budgétaire et, d’autre part, les politiques promouvant de la croissance. "Il n’y pas d’alternative", a-t-il dit avant d’ajouter "que la croissance ne saurait être financée par un fardeau laissé aux prochaines générations et qui compromettrait les conditions de vie des générations futures". D’après le président de l’Eurogroupe, "la consolidation des finances publiques relève de l’autonomie des États membres, alors que l’élaboration d’une stratégie de croissance devrait idéalement s’inspirer d’éléments d’activité pris à l’échelon communautaire".

Pour le Premier ministre, le plus grand problème auquel est confronté l’Europe réside dans une crise de confiance que l’on peut observer dans de larges tranches de la population. Cette crise de confiance vis-à-vis des gouvernements résulte de deux origines. Il a évoqué des opinions divergentes qui ont été véhiculées par les dirigeants politiques débouchant "à une cacophonie" qui fait que "la politique est devenue illisible" et que "ceux qui nous observent aujourd’hui ne savent plus vers où nous nous dirigeons".

S'ajoute que cette illisibilité a été amplifiée par les nombreux revirements et les analyses parfois contradictoires qui ont été effectués par "les gurus de ce monde" depuis l’éclatement de la crise économico-financière et qui allaient souvent à l’encontre des décisions qui ont été prises par les gouvernements.

Jean-Claude Juncker a ensuite brossé les contours d’une stratégie de croissance. En se référant aux décisions qui ont été prises au cours du sommet informel du 30 janvier 2012, il a souligné que cette stratégie serait basée sur trois priorités, à savoir la lutte contre le chômage, en particulier chez les jeunes, l'achèvement du marché unique dont le fonctionnement continue d’être freiné par des entraves économiques, et la relance du financement de l'économie notamment en faveur des petites et moyennes entreprises (PME).

Jean-Claude Juncker a également plaidé d’utiliser l’argent des fonds de cohésion, structurels et régionaux de l’UE pour alimenter la croissance dans les pays qui sont confrontés à des difficultés financières estimant qu’il "est aberrant de demander à un pays qui a une situation de déficit lourd et un endettement incroyablement élevé, de cofinancer, comme il le faisait d’antan, les projets d’infrastructure".

Finalement, il a également attiré l’attention sur le besoin de promouvoir la mobilité des citoyens européens en soulignant "qu’il faut augmenter la mobilité des travailleurs pour mieux servir le marché de l’emploi en Europe".

Jean-Claude Juncker a enchaîné sur les disparités qui se sont accrues entre les États membres tout en regrettant que "l'Union européenne, la Commission ne sont pas des États centraux et que la décision repose sur plusieurs épaules". Il a plaidé en faveur d’un pilotage économique qui repose sur des règles fortes et rigides.

Il a écarté l’hypothèse d’une sortie d’un État membre de la zone euro en arguant que "ce qui paraît aujourd’hui plus facile, peut se révéler une lourde erreur historique".