Une grande partie de la chute actuelle des marchés s’explique par des éléments psychologiques. (Photo: Banque de Luxembourg)

Une grande partie de la chute actuelle des marchés s’explique par des éléments psychologiques. (Photo: Banque de Luxembourg)

Les raisons invoquées pour expliquer le comportement des marchés sur les premiers jours de l’année sont: 

1. Les craintes sur la croissance en Chine: le ralentissement de l’activité économique en Chine est indéniable, mais les derniers indicateurs publiés n’ont pas été particulièrement mauvais. Ils montrent que la transition vers une économie davantage basée sur la demande interne (et dans laquelle le poids des secteurs primaire et secondaire - agriculture et industrie - diminue au profit du secteur tertiaire, les services) est en bonne voie. Il serait cependant illusoire de penser que cette transition s’effectue sans heurts ou que l’économie chinoise puisse continuer à croître au rythme des dernières années; 


2. Les craintes sur le marché boursier chinois: sur les 12 derniers mois, l’indice Shanghai Composite est passé de 3.000 (début 2015) à plus de 5.000 (juin), pour repasser à 3.000 (août), remonter à 3.600 (novembre/décembre) et rebaisser vers les 3.000 actuellement. Beaucoup de volatilité, mais pas vraiment une raison pour vendre des valeurs de qualité sur les autres marchés; 


3. La politique monétaire de la Réserve fédérale: la hausse du taux directeur annoncée en décembre était attendue de longue date et d’ailleurs bien accueillie par les marchés. Depuis lors, il n’y a pas eu d’indicateurs qui donneraient à penser que la banque centrale américaine adopte une attitude plus agressive dans le resserrement de sa politique monétaire; 


3. La faiblesse du cours du pétrole: cette crainte est justifiée (même si un pétrole moins cher crée aussi des gagnants) et une stabilisation de ce cours serait souhaitable. Le risque vient surtout des problèmes que la chute des cours pétroliers crée pour certains pays émergents et pour les entreprises de ce secteur, sachant que parmi ces deux catégories, il y a de nombreux acteurs fortement endettés et incapables d’honorer leur dette si les cours continuent de plonger. D’où un risque d’effet de contagion. Il est évidemment impossible de prévoir jusqu’où le cours du pétrole va diminuer et quand il va se stabiliser. Il faut néanmoins noter que la chute des cours est essentiellement liée à un excès de l’offre (qui a fortement augmenté) et non pas à un écroulement de la demande. À cet égard, les signes d’un début de réduction de l’offre (hors Opep) sont encourageants. 


4. Les risques géopolitiques 


Finalement, une grande partie de la chute actuelle des marchés s’explique par des éléments psychologiques. Le dernier exemple récent d’un début d’année aussi mauvais fut 2008, qui reste dans beaucoup d’esprits. Les comparaisons avec 2008 abondent dès lors et sont utilisées comme raison de sortir des marchés boursiers. Il me semble cependant que la situation actuelle soit différente, ne serait-ce qu’à deux égards:

  • une moindre complaisance. La plupart des investisseurs semblent aujourd’hui conscients des problèmes structurels et le sentiment sur les marchés ne peut certainement pas être qualifié d’euphorique; 

  • la chute des prix pétroliers fait aussi des gagnants; 

  • le volume des emprunts à taux élevé du secteur énergétique est largement inférieur à 
celui des emprunts liés au marché immobilier américain. De plus, ces emprunts ne se 
trouvent en règle générale pas dans les bilans des banques; 

  • une situation très différente au niveau des alternatives aux actions, c’est-à-dire des 
taux monétaires et obligataires. Début 2008, le taux directeur de la Banque centrale européenne et les taux obligataires à 5 et 10 ans (Allemagne) se sont situés autour de 4% (la BCE a d’ailleurs encore augmenté son taux en juin et les taux obligataires ont encore monté sur la première moitié de 2008). Aux États-Unis, le taux directeur de la Réserve fédérale s’élevait à 3% et les taux obligataires également autour de 4%.


Il ne faudrait surtout pas déduire de ce qui précède que nous sommes en train de minimiser les risques pesant sur les marchés financiers. L’économie mondiale est confrontée à un grand nombre de problèmes structurels qui entraînent la remise en question des tendances qui ont marqué les dernières décennies: croissance financée par le crédit, globalisation et hausse du commerce mondial. Nous ne sommes cependant pas convaincus que la meilleure stratégie à aborder face à ceci soit de vendre de manière indifférenciée des actions sous prétexte que celles-ci soient risquées. Ceci ne signifie pas que le mouvement baissier ne puisse pas continuer, voire s’accélérer. Il se pourrait que des investisseurs liquident des positions pour des raisons commerciales (afin de pouvoir rassurer leurs clients en montrant qu’ils ne sont pas fortement exposés aux marchés boursiers), de gestion de risque ou par ce qu’ils sont obligés de vendre (liquidations forcées). Il serait toutefois aléatoire de baser une stratégie d’investissement sur ce genre de considérations.


Il convient enfin de rappeler qu’un investisseur dans le fonds devrait avoir un horizon d’investissement suffisamment long (et supporter un certain degré de volatilité). Ceci est d’autant plus important dans le contexte actuel marqué par une volatilité accrue et où certains investissements, qui pourraient continuer à peser sur la performance dans la première moitié de l’année, pourraient lui être favorables par la suite.