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Percée de l’onshore européen, résistance des centres offshore, possible émergence de nouveaux pôles en Asie et au Moyen Orient

Selon une étude publiée aujourd’hui par Oliver Wyman, la directive AIFM va conduire à des re-domiciliations de fonds d’investissement alternatifs vers des centres onshore en Europe, surtout à l’initiative de gérants européens. Les centres offshore des Iles Cayman et de l’Etat du Delaware demeureront, toutefois, les domiciles privilégiés de ce type de fonds.

L’enquête, commanditée par l’Association Luxembourgeoise des Fonds d’Investissement (ALFI), met en évidence les centres offshore les plus fréquemment choisis actuellement pour la domiciliation des fonds alternatifs, en distinguant hedge funds, fonds private equity et fonds immobiliers. Elle indique également les tendances à venir et leurs impacts possibles sur le choix de domiciliation de fonds. En voici les principales conclusions :
 Certains gérants de fonds d’investissement alternatifs qui auraient, sans cela, choisi une domiciliation offshore opteront pour une domiciliation onshore, pour répondre à la réglementation et/ou à la demande des clients ; au sein de l’Europe, ils s’orienteront probablement vers le Luxembourg ou l’Irlande ;
 On peut s’attendre à davantage de co-domiciliation et de structures clonées entre les juridictions offshore et onshore ;
 Des centres offshore vont probablement émerger en Asie et/ou au Moyen Orient. Il y a une demande évidente de la part des investisseurs et des gérants de fonds pour un tel centre ;
 Des améliorations des infrastructures et de la réglementation des activités de service, ainsi qu’un assouplissement des procédures bureaucratiques devraient apparaître dans l’ensemble des principaux centres de domiciliation, grâce à la course aux parts de marché.
Pour Marc Saluzzi, Président de l’ALFI : « De nombreux observateurs européens s’attendaient, suite à la directive AIFM et à la pression réglementaire exercée par les membres du G20, à un mouvement important de re-domiciliation vers les centres de l’Union européenne et une diminution du nombre des fonds offshore. Cette étude montre, au contraire, que le paysage offshore est resté stable au cours des deux dernières années ».
L’étude met en évidence des différences significatives entre les classes d’actifs en termes de domiciliation :
 Hedge funds :
- Les Iles Cayman sont clairement en tête (43 % du marché) avec une partie substantielle de leur activité venant des gérants basés aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, du fait de leur histoire et de leur crédibilité auprès des gérants et des investisseurs.
- L’Etat du Delaware, avec 20 % du marché est essentiellement utilisé par des gérants de hedge funds basés aux Etats-Unis pour servir des clients principalement américains.
- Les Iles Vierges britanniques et les Bermudes (10 % chacun) sont prisées chez les gérants de hedge funds européens comme américains pour leurs liens historiques avec l’Europe et la proximité avec les Etats Unis. L’Irlande (8 %), le Luxembourg (4 %) et les îles Anglo-normandes (5 %) sont surtout appréciés chez les gérants de hedge funds européens.
 Private equity :
- L’Etat du Delaware est le centre principal aux Etats Unis et détient le marché de private equity le plus développé, avec 60 % des avoirs mondiaux. En dehors des Etats-Unis, 90 % des fonds private equity sont domiciliés onshore.
- Le Luxembourg attire, aujourd'hui, 9 % du marché mondial des fonds private equity.
 Fonds immobiliers :
- Ces fonds reproduisent le schéma des fonds private equity du fait de leur structure et cycle de vie équivalents. Ainsi, l’Etat du Delaware est le centre principal avec 47 % des avoirs mondiaux.
- Les îles Anglo-normandes, avec 25 % du marché, sont cependant appréciées des gérants de fonds immobiliers britanniques pour des raisons historiques.
- Le Luxembourg (11 % du marché) est le domicile préféré des investisseurs européens pour la gamme de véhicules d’investissement disponible.
Marc Saluzzi conclut : « L’Europe a déjà établi UCITS comme marque mondiale pour les fonds, mais il nous reste un long chemin pour parvenir à en faire de même pour le secteur des fonds alternatifs. Nous
devons travailler avec acharnement pour constituer la réglementation et l’infrastructure adaptées pour attirer ces fonds. Au Luxembourg, nous sommes également engagés à aider les gérants de fonds et les investisseurs institutionnels à tirer parti du développement de fonds alternatifs européens réglementés. »
« L'ambition annoncée du Luxembourg est d'être un centre d'excellence mondial pour le secteur de la gestion d’actifs en créant des opportunités pour les épargnants, les professionnels et la communauté dans son ensemble. Nous nous assurerons que cela s’applique également au domaine des fonds alternatifs en créant une marque mondiale pour la gestion alternative dans laquelle les investisseurs institutionnels pourront avoir confiance ».