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 (Photo: Christian Aschmann/Cargolux)

Messieurs les ministres,

Dans l’affaire susmentionnée, l’ETF (European Transport Workers’ Federation), qui représente plus de 250.000 travailleurs de l’aviation civile en Europe, a été saisie par son affiliée luxembourgeoise, l’OGBL.

Selon les informations que nous avons reçues, il est prévu de vendre 35% des actions Cargolux à la société Qatar Airways.

Actuellement, Cargolux est contrôlée largement par l’Etat luxembourgeois et par Luxair qui est également de nouveau contrôlée en grande partie par l’Etat luxembourgeois.

Le personnel concerné des deux entreprises jouit donc d’une sécurité de l’emploi exemplaire et le dialogue social fonctionne de manière impeccable conformément aux standards européens et internationaux.

L’acquisition de 35% des actions de Cargolux par Qatar Airways risque de provoquer un changement radical au niveau du dialogue social. En plus, Qatar Airways refuse de donner des garanties écrites concernant le maintien de l’emploi.

Selon nos informations, l’attitude du gouvernement luxembourgeois serait plus que regrettable dans la mesure où Qatar Airways appartient à 50% à l’Emir et à 50% à l’Emirat du Qatar et que le Qatar est loin d’être un pays démocratique. Les partis politiques et les organisations syndicales y sont interdits. Le système politique est autoritaire et il semblerait que la corruption y soit assez répandue. Dans un rapport récent, la Confédération Syndicale Internationale (CSI) compare les conditions de travail misérables qatariennes au travail forcé. Du point de vue social, l’éventuelle transaction prévue est donc plus que condamnable.

Du point de vue économique, il y a lieu de souligner, qu’en janvier 2011, le président de l’organisation patronale européenne, l’Association of European Airlines (AEA), auprès de laquelle Cargolux et Luxair sont affiliées, a reproché ouvertement à Qatar Airways et à deux autres compagnies aériennes du Golfe Persique, de mener une politique d’expansion très agressive. Il a accusé Qatar Airways de pratiquer une politique de dumping économique qui constituerait une menace sérieuse pour l’ensemble du secteur aérien.

Sans la moindre garantie écrite de la part de Qatar Airways concernant le maintien de l’emploi, le respect des droits syndicaux et le respect des conditions de travail et de rémunération existantes, l’ETF soutient l’avis rendu par notre affiliée, l’OGBL.

Dans cet ordre d’idées, l’ETF lance un appel pressant au gouvernement luxembourgeois de renoncer à cette transaction et de revenir à la table de négociation avec les syndicats en vue de trouver une autre solution.

Nous sommes également disponibles pour une rencontre si vous la jugez utile.

Nous vous prions d’agréer, Messieurs les ministres, l’expression de nos sentiments très distingués.

Eduardo Chagas
Secrétaire Général