La croissance économique reste cependant sur une tendance de ralentissement. Le PIB a augmenté de 2.5% sur un an (et de 1.3% sur un trimestre1) au cours du 1er trimestre 2008. Ce rythme de progression reste, pour le troisième trimestre consécutif, inférieur à la croissance moyenne du PIB luxembourgeois, qui avoisine 5%2 au cours des dix dernières années. De plus, le profil de croissance montre assez nettement une poursuite du ralentissement entamé vers la mi-2006 et qui s'est accentué dans le courant de 2007.
La progression de la valeur ajoutée au cours du 1er trimestre est essentiellement liée à celle de la branche "Activités financières et services aux entreprises". Malgré les données pour le moins décevantes émanant du secteur financier sur ce trimestre (recul des résultats bancaires, affaissement des actifs d'organismes de placements collectifs), le secteur financier a plutôt bien résisté sur la base des critères de la comptabilité nationale (qui se concentrent notamment sur les évolutions en volume, c'est-àdire où l'évolution des prix est neutralisée), ceux-ci divergeant sensiblement des critères purement financiers. Les services aux entreprises restent quant à eux bien orientés en termes de progression de chiffre d'affaires, mais il faut s'attendre à une inflexion des résultats au cours des trimestres à venir étant donné que les sociétés actives dans ce domaine dépendent en partie des performances du secteur financier. Au final, sur le 1er trimestre, la valeur ajoutée de la branche "Activités financières et services aux entreprises" affiche un gain de 5.7% sur un an; ce résultat peut sembler réjouissant, mais il faut se rappeler qu'en 2006 la progression de cet indicateur était au moins deux fois supérieure. Les autres branches de l'économie ne contribuent quasiment pas à la croissance sur ce même trimestre, exception faite de la construction qui enregistre un léger rebond vis-à-vis du dernier trimestre 2007.
Sous l'optique dépenses, la performance des activités financières et services aux entreprises évoquée précédemment se traduit par une contribution relativement élevée du solde extérieur (exportations-importations). Vient s'ajouter à cela une progression plus modeste (+0.6% sur un trimestre) des dépenses de consommation publique. La consommation privée et l'investissement sont par contre marqués par un recul, ce qui était déjà le cas au 4ème trimestre 2007.
Il faut noter que plusieurs révisions ont affecté les résultats trimestriels de 2007, même si la performance sur l'ensemble de l'année reste inchangée (6.1%): le 1er trimestre 2007 montre maintenant une croissance plus forte (de 6.6% sur un an, contre 5.5% dans la version précédente), tandis que les trois trimestres suivants ont été revus à la baisse.
Climat orageux
Le moral des industriels luxembourgeois accuse un net repli en juin, laissant entrevoir un 3ème trimestre difficile. Toutes les principales composantes sont touchées par ce mouvement: opinions sur l'activité récente, sur l'activité future, sur le niveau des carnets de commandes. Le jugement des industriels sur les perspectives d'emploi recule également sensiblement, alors qu'il était relativement bien orienté depuis le 2ème trimestre 2007.
D'après les enquêtes d'activité, la production industrielle s'est quelque peu reprise en avril (+2% sur un an), après un 1er trimestre relativement modeste. De mauvaises nouvelles arrivent également de la zone euro, avec un très net recul de la production industrielle au mois de mai: hormis pour l'Irlande, la baisse est généralisée et particulièrement inquiétante pour l'Allemagne, la France et l'Espagne (-2.6% sur un mois pour chacun des trois). La production allemande, pourtant très bien orientée jusqu'au 1er trimestre 2008, enregistre ainsi un recul pour le 3ème mois consécutif.
Moins d'autorisations au 1er trimestre
Les autorisations de bâtir délivrées pour le 1er trimestre 2008 révèlent une baisse de 3% sur un an du volume bâti. Ce mouvement s'explique essentiellement par le recul du secteur résidentiel (-12% par rapport au 1er trimestre 2007, à la fois pour les maisons individuelles et pour les immeubles à appartements), correspondant à 70 logements en moins (-8%). Les autorisations pour le nonrésidentiel viennent cependant compenser en partie cette faiblesse, affichant une progression de 15% sur un an en termes de volume.Au final, en considérant les données sur les dix dernières années, le 1er trimestre 2008 est relativement conforme à la normale, du point de vue des autorisations de bâtir, avec peu de gros chantiers autorisés.
Répit pour les OPC en avril et mai
Les OPC luxembourgeois, après un premier trimestre difficile, caractérisé par un recul important des marchés financiers, semblent reprendre un peu de vigueur par la suite. Les actifs nets sont repartis à la hausse en avril et mai 2008, avec une contribution positive des effets de marchés (principalement grâce aux actions qui ont bien performé sur ces deux mois) et une augmentation de l'investissement en capital légèrement inférieure à lamoyenne de long-terme. A la fin mai, les actifs nets reviennent vers le niveau des 2 000 milliards d'euros, marquant toutefois une baisse de 1.4% sur un an. Considérant l'évolution des principales places boursières sur les dernières semaines, avec des indices qui sont nettement repartis à la baisse du début juin jusqu'à la mijuillet, la progression des actifs nets d'OPC est fortement susceptible de marquer à nouveau un coup d'arrêt à partir de juin.
Le commerce de détail résiste au 1er trimestre
Les ventes du commerce de détail ont été relativement satisfaisantes au 1er trimestre 2008, progressant de 1.1% en volume par rapport au 4ème trimestre 2007 (en données désaisonnalisées, hors ventes par correspondance). Malgré le recul de confiance enregistré chez les consommateurs luxembourgeois depuis la fin de 2007, le niveau global des ventes n'a pas trop souffert sur le dernier trimestre 2007 et le début 2008. Les données disponibles indiquent plutôt dans le cas du Luxembourg que c'est au cours des 2ème et 3ème trimestres 2007 que le trou d'air s'est produit. Les ventes au détail enregistrent également une performance satisfaisante au début 2008 dans la zone euro, principalement à cause du net rebond marqué par l'Allemagne. Le moral des consommateurs reste cependant sur une tendance baissière au cours du 2ème trimestre 2008, au Luxembourg et dans la zone euro, ce qui devrait à terme se répercuter sur les dépenses de consommation, d'autant plus que le niveau actuel d'inflation pèse d'avantage sur le pouvoir d'achat des ménages.
Changement de tendance
Sur le premier trimestre 2008, l'emploi total intérieur (c.-à-d. l'ensemble des personnes travaillant sur le territoire national, y compris travailleurs frontaliers et indépendants) a progressé de 5.3% selon les dernières données de comptes nationaux. Même s'il s'agit d'une accélération par rapport au trimestre précédent (+4.9%), les données mensuelles les plus récentes suggèrent un plafonnement de la hausse. Aussi, le taux de chômage s'est-il remis à augmenter légèrement sur le 2ème trimestre (4.3% contre 4.2% au premier). L'emploi dans le secteur financier et les services aux entreprises connait toujours la progression la plus importante (8.8% resp. 10.6%), suivi de la construction (5.4%), des autres services marchands (commerce, Horeca, transports et communications: 3.9%) et des services nonmarchands (administration publique, éducation, santé et action sociale, services collectifs, sociaux et personnels,services domestiques: 3.3%), l'emploi dans l'industrie progressant de 1.2%.
Les salaires progressent faiblement au 1er trimestre 2008
D'après les données des comptes nationaux, le coût salarial moyen (par personne) aurait progressé de 1.6% au premier trimestre de 2008. Le freinage des salaires, observé tout au long de l'année 2007 (de 4.5% au 1er trimestre la croissance des salaires est passée à 2.9% au 4ème), se poursuit donc sur le début de 2008. La décélération est très nette pour la majorité des branches. Il n'y a que le secteur financier, qui après un fort ralentissement en 2007, connait à nouveau une croissance salariale plus forte sur le début de 2008 (+3.6% contre 2.2% au 4ème trimestre 2007). La construction connait également toujours une progression soutenue des salaires (+3.2%), à l'inverse de l'industrie (1.3%) et des services marchands hors secteur financier et services aux entreprises (commerce, Horeca, transports et communications: 0.6%). Dans les services aux entreprises et les services non-marchand le coût salarial est resté inchangé par rapport à l'année passée.
Réduction de l'excédent courant
La balance courante du 1er trimestre 2008 se solde par un excédent de 949 Mio EUR, en recul de 14% par rapport au 1er trimestre 2007. La légère progression de l’excédent de la balance des services n’a pas permis de compenser les aggravations des déficits de toutes les autres balances partielles (biens, revenus et transferts courants). Après des taux de progression très élevés notés au cours des dernières années (14% en moyenne trimestrielle), le rythme de croissance des échanges extérieurs de services s’est sensiblement ralenti au 1er trimestre de 2008 (à moins de 6%). L’amélioration du solde de la balance des services s’explique essentiellement par la contribution des services financiers, bien que celle-ci soit nettement plus modeste que par le passé. Les effets des turbulences boursières du début d'année ont largement atténué la progression des recettes, en dépit de la croissance du nombre des OPC.
Pour plus de détails et visualiser les nombreux schémas, voir: www.statistiques.public.lu