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Dans son mot d'accueil, Thierry Schuman (Fortis Banque) s'est félicité que le CRP Henri Tudor ose aborder le thème " parfois tabou " de l'outsourcing, en avançant que ce phénomène n'était pas à assimiler à la vision pessimiste d'"offshoring" et pouvait sans doute même être un potentiel d'"insourcing" pour le Luxembourg .

Serge de Cillia (ABBL) a ensuite motivé l'implication de l'ABBL dans cette enquête nationale en avançant le succès inattendu de la loi sur la création du statut de PSF (Professionnels du Secteur Financier), ces acteurs s'inscrivant naturellement dans cette logique d'"insourcing".

Cette conférence s'inscrivait dans le cadre de la stratégie du CRP Henri Tudor qui a choisi, dés 2007 et surtout à partir de 2008, d'augmenter radicalement ses investissements dans les secteurs des services et particulièrement dans le secteur bancaire. Ces investissements se concrétisent par le lancement de programmes pluriannuels de R&D et d'innovation en partenariat public/privé.

Ces programmes seront focalisés sur les 3 grands enjeux identifiés pour notre économie de services, à savoir :
- l'émergence de nouvelles chaînes de clearing de services ;
- l'appui à toutes les formes d'innovation dans les services ;
- la confiance et la performance des services, en anglais " trusted services " qui regroupent les travaux sur la qualité, la sécurité et la conformité des services.

C'est naturellement dans ce dernier programme que se situait la conférence du jour, présentant l'enquête outsourcing et le programme INNOFinance dans son ensemble.

De manière fondamentale, le CRP Henri Tudor souhaite impulser au Luxembourg deux courants convergents qui façonneront à l'avenir les relations entre acteurs économiques et publics dans nos économies développées. Ces deux courants, à désignation anglophone sont " l'Open Innovation " et la " Services Science ". L'enquête et l'initiative INNOFinance en sont des exemples concrets.

Par ses investissements focalisés sur la science des services dans le secteur bancaire et grâce à des partenariats scientifiques avec tous nos voisins européens et particulièrement les Pays-Bas et la Suisse, le CRP Henri Tudor souhaite contribuer à une visibilité et une reconnaissance internationale d'un pôle luxembourgeois en matière de R&D pour les services en général et le secteur financier en particulier.

La première présentation de la soirée par Anne-Laure Mention (Centre Henri Tudor) a été consacrée à la présentation des résultats de l'enquête réalisée par le Centre Henri Tudor sur le recours à l'outsourcing IT dans le secteur bancaire. L'enquête comporte 2 volets : le premier s'adresse aux PSF de support et vise à caractériser leur offre de services, leurs facteurs clés de succès, ainsi que leur perception des facteurs décisionnels de recours à l'outsourcing et des critères de sélection d'un prestataire appliqués par les banques. Le second volet mobilise les décideurs du secteur financier afin de déterminer les facteurs décisionnels de recours à l'outsourcing et les critères de sélection d'un prestataire.

Les principaux résultats sont les suivants :
- 50% des banques interrogées ont recours à l'outsourcing d'une partie de la fonction informatique. Les activités concernées sont principalement la gestion et la maintenance de systèmes d'information et de réseaux de communication, la maintenance applicative, le helpdesk ainsi que les projets de migration de données et de systèmes. Le pourcentage des activités externalisées sur l'activité IT totale est majoritairement inférieur à 20%.
- Les principaux facteurs clés de succès (éléments différentiateurs) exprimés par les PSF concernent la gestion de la relation avec le client, tant en termes contractuels qu'au niveau de la communication, de la personnalisation des services offerts ou de la compréhension de l'environnement bancaire et de ses contraintes. Les aspects technologiques semblent secondaires.
- La décision de recours à l'outsourcing relève de facteurs stratégiques (politique de recentrage sur le core business), contextuels (existence d'une offre de services fiable et de proximité), organisationnels (manque de ressources ou de compétences en interne), qualitatifs (assurance de bénéficier d'un niveau de qualité de service défini) et financiers (volonté d'avoir une meilleure visibilité sur les coûts de l'IT, perception ou réalité de coûts internes excessifs).
- La décision de recours à l'outsourcing est fortement conditionnée par l'appartenance à un Groupe.
- La composante technologique (compétence technique du prestataire, fiabilité des solutions proposées) est prédominante dans la sélection d'un prestataire.

La compréhension des motivations et objectifs de la banque est également cruciale.
- L'évaluation de la qualité perçue des services prestés montre des écarts importants entre les attentes et les perceptions des banques, essentiellement en termes de fiabilité et de réactivité.
- Alors que 50% des PSF se considèrent comme des "partenaires du business", 6% seulement des banques partagent cette vision et considèrent principalement leurs prestataires comme des " fournisseurs de services IT".

Michel Rodriguez (Clearstream Services) a proposé un retour d'expérience sur l'outsourcing dans le milieu bancaire avec un focus particulier sur les approches ASP (Application Service Provider) dans le contexte luxembourgeois. Il a également fait part de son expérience sur les avantages et inconvénients du statut de PSF. En guise de conclusion, Michel Rodriguez a rappelé que :
- Le statut PSF n'est pas une finalité en soi
- La combinaison de compétences métiers et technologiques est fondamentale pour les banques et clé de succès pour les PSF
- L'attitude "tout PSF" pratiquée par certaines institutions par facilité devient une spirale néfaste au statut lui-même, car cela favorise une augmentation économiquement injustifiée du nombre de sociétés PSF
- Le statut PSF doit être mieux promu et expliqué en dehors des frontières, car il est susceptible d'attirer du business pour les entités PSF du Luxembourg c'est-à-dire que les décisions d'externalisation sont prises au niveau des groupes
- La loi PSF dans l'état actuel ne permet pas un déploiement optimal de modèles ASP c à d. impossibilité de contracter avec une société non PSF même pour des prestations à l'étranger
- Les associations et partenariats entre PSF offrent des avantages légaux certains

Bernard Di Renzo (Centre Henri Tudor) a ensuite présenté le programme INNOFinance dont l'objectif est d'appuyer, sous l'angle qualité, la stratégie de promotion de l'excellence de la place financière en développant et mettant à disposition des professionnels de la place des outils permettant la mesure objective de la qualité de cinq activités du secteur financier.

Pour que INNOFinance soit un succès, Bernard Di Renzo a insisté sur la nécessité de mobiliser un large partenariat :
- le Comité pour l'Observation des Marchés (COBMA)
- les associations professionnelles : PRiM, IACI, IRE, PSF...
- l'ABBL
- le conseil
- la CSSF
- le Ministère des Finances...

C'est notamment à ce partenariat que revient la validation des activités proposées dans l'initiative INNOFInance, à savoir, l'informatique, les PSF, la gestion des risques, l'industrie des fonds et une cinquième activité à déterminer.

Un panel de représentants des diverses parties prenantes modéré par Jean-Michel Gaudron (Paperjam) a suivi les présentations. Marc Hemmerling (ABBL), David Hagen (CSSF), Thierry Delroisse (Dexia-BIL), Pierre Henin (Sun - Association des PSF), Gérard Flamion (Vectis) et Jean-Pol Michel (Centre Henri Tudor) ont commenté les résultats de l'enquête et accueilli de façon très positive l'initiative INNOFinnace.

Concrètement, les premiers travaux du programme INNOFinance vont prochainement être lancés et concernent l'activité des PSF. Un premier groupe de travail de réflexion sur les outils de mesure pour les PSF est organisé le jeudi 19 avril de 16h à 19h dans les locaux du Centre Henri Tudor.