Le Centre Hospitalier Neuro-Psychiatrique (CHNP) et Caritas Accueil et Solidarité asbl viennent de signer une convention de collaboration. Pour le CHNP, le but de cette collaboration est d’améliorer la prise en charge psychiatrique des personnes sans abri et d’aider Caritas Accueil et Solidarité à les réintégrer dans la société.

Les troubles psychiatriques sont un problème particulièrement fréquent chez les personnes sans abri. Maintes études épidémiologiques (Weber et al, 2013, Ganesh, 2013, Hodgson 2013…) avancent des taux de morbidité allant jusqu’à 95%. Dans la plupart des études, plus de la moitié des personnes concernées présentent une dépendance ou un abus d’alcool et de drogues illicites, et presque 15% souffrent de psychoses. En comparaison au reste de la population, les troubles de la personnalité, les troubles anxieux et dépressifs sont eux aussi très fréquents.

Dans ces études, les auteurs ne décrivent pas la causalité de ce phénomène : est-ce la maladie mentale qui pousse la personne dans la marginalité ou est-ce que le fait de vivre dans la marginalité fait qu’une personne tombe malade ? Il existe probablement une réponse individuelle pour chaque concerné, réponse qui découle de sa biographie personnelle.

La situation est d’autant plus grave que l’accès aux soins psychiatriques est très difficile pour cette population. Découragés par une vie marquée par une défaite après l’autre, les concernés ne sont plus en mesure d’organiser leur prise en charge psychiatrique et médicale. Les collaborateurs de Caritas Accueil et Solidarité, mais aussi les collaborateurs des services d’urgence des hôpitaux aigus, sont quotidiennement confrontés à ce type de situations.

Krausz (2013), par exemple, estime que seulement 14% des sans abri souffrant d’un trouble psychiatrique ont jamais vu un psychiatre.

Dans une étude remarquable couvrant 14 pays différents, Stefan Priebe, un psychiatre allemand qui enseigne à Londres, identifie 4 points importants pour améliorer l’accès aux soins psychiatriques des populations marginalisées :

1. développer des programmes de prises en charge psychiatriques décentralisées intervenant dans les endroits où se trouvent les concernés et qui vont vers les concernés, au lieu de les attendre dans un cabinet ou dans un hôpital ;
2. faciliter l’accès aux institutions spécialisées ;
3. approfondir la collaboration et la coordination entre les différentes offres de prise en charge ;
4. informer les professionnels.

Le contenu de la convention de collaboration entre le CHNP et Caritas Accueil et Solidarité asbl

Par cette convention, la collaboration entre le CHNP et Caritas Accueil et Solidarité est réglée sur deux points essentiels :

1. des consultations psychiatriques dans les locaux du Foyer Ulysse
2. des visites à domicile par le service des Soins Psychiatriques à Domicile (SPAD) du CHNP

Les consultations psychiatriques et la participation aux réunions d’équipe du Foyer Ulysse par les psychiatres du CHNP permettront d’assurer une prise en charge psychiatrique de haut niveau et ceci dans les lieux où les concernés passent la plupart de leur temps. L’accès à la prise en charge est facile et a lieu dans un environnement familier à ces personnes. Des problèmes d’ordre psychiatrique peuvent être détectés d’une façon précoce. En cas de besoin, les hospitalisations au CHNP peuvent être mieux planifiées et aboutir plus facilement à de vrais projets de prise en charge à long terme.

La prise en charge par le SPAD jouera un rôle dans le concept de « housing first » de Caritas. En effet, de nombreuses études (Patterson 2013) montrent que la qualité de vie augmente tandis que la quantité d’alcool consommée et les symptômes psychopathologiques diminuent de façon considérable, dès que la personne sans abri a la chance de vivre dans son propre appartement. Pour la première fois depuis des années, la personne ressent alors un sentiment de sécurité, d’être « chez soi », d’avoir un avenir, de vivre une certaine autonomie, d’avoir trouvé une place dans ce monde... Les collaborateurs du CHNP aideront les collaborateurs de Caritas à maintenir dans leur nouveau milieu de vie des personnes sans abri souffrant de troubles psychiatriques.

Fort d’une expérience de plus de 150 ans, le CHNP est spécialisé dans le traitement des maladies psychiques. Afin d’offrir une qualité de vie optimale à ses patients et résidants, le CHNP vise dans sa mission la réhabilitation de chaque personne et, dans toute la mesure du possible, sa réinsertion dans la société. Le CHNP est structuré en 3 entités, chacune étant spécialement dédiée à un type de population:

- la Rehaklinik pour les activités cliniques de réhabilitation psychiatrique;
- le Centre Pontalize pour les activités de soins et d’accompagnement des personnes âgées;
- De Park pour les activités de soins et d’accompagnement sociopédagogique des personnes en situation d’handicap.