Laurent Schley, président de l’association Aha. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Laurent Schley, président de l’association Aha. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

C’est avec stupéfaction et effarement que les soussignés ont appris que les responsables de la plateforme «Fir de choix» ont attaqué en justice le président de l’association Aha et que le procureur de l’État requiert une peine de prison à l’encontre du président de l’association Aha, pour avoir qualifié dans le cadre d’une action publique en défense et en promotion de la laïcité de notre société les agissements des protagonistes du maintien de l’enseignement de la doctrine chrétienne dans l’enseignement public comme expression d’un fanatisme religieux. Aha a invité le gouvernement à ne pas se laisser influencer par les manœuvres et déclarations de ceux-ci.

Le gouvernement, s’appuyant sur une majorité de députés démocratiquement élus, avait dans son programme de gouvernement déclaré vouloir avancer dans la direction de la séparation de l’église de l’État et de bannir l’enseignement religieux dispensé par l’église catholique du programme de l’enseignement public et d’instaurer un cours d’éthique idéologiquement neutre et fondé sur l’analyse critique et les valeurs communes d’une société démocratique moderne, à savoir les droits de l’Homme.

Le gouvernement a choisi de ne pas utiliser sa majorité parlementaire ou un référendum populaire pour réaliser son programme, mais a préféré négocier un compromis avec les représentants des églises et communautés religieuses les plus représentatives dans notre pays, et ce au grand dam d’une bonne partie des citoyens qui défendent une conception laïque de l’État et la séparation stricte de l’État et des églises et autres communautés religieuses.

Les campagnes de «Fir de choix» en faveur du maintien du système actuel qui privilégie indûment l’église catholique par rapport à d’autres croyances religieuses et surtout par rapport aux nombreux citoyens qui ne sont adhérents d’aucune croyance religieuse établie, qui sont agnostiques ou encore athées, sont certes légitimes dans une société démocratique - nous ne vivons heureusement pas dans un État théocratique et le rôle des institutions religieuses à la suite d’un combat qui a duré des siècles qui a fait des victimes nombreuses du côté de ceux qui se sont engagés pour le libre arbitre, la liberté de pensée et de croyance et les droits de l’Homme n’est plus celui qu’il était encore il y a une centaine d’années où l’école publique était sous la tutelle de l’évêché – néanmoins le but du combat mené par «Fir de choix» est un combat rétrograde, l’approche est extrémiste et réactionnaire, donc la qualification de fanatique est objectivement justifiée et puisqu’il s’agit d’un enjeu religieux, il s’agit d’un fanatisme religieux. Le fait que les protagonistes de cette position rétrograde et réactionnaire attaquent leurs adversaires en justice pour les faire condamner pénalement et pour étouffer de la sorte le débat public est significatif de leur mentalité. Que le procureur de l’État s’inscrit dans cette démarche est plus que préoccupant pour l’avenir de notre démocratie.

Les soussignés réaffirment leur solidarité avec le président de Aha asbl et déclarent que si les responsables de «Fir de choix» ne retirent pas leur plainte, ils démontreront qu’ils sont effectivement des extrémistes religieux, des fanatiques religieux.

Si Laurent Schley est condamné, les soussignés et demain des milliers d’autres citoyens doivent être condamnés.

Pour la Fédération générale des instituteurs luxembourgeois s.c.
Monique Adam, présidente

Pour la Libre Pensée luxembourgeoise
Ed Kutten, président, et Christiane Kutten-Serafini, secrétaire

Pour l’asbl Liberté de conscience
Jean-Jacues Ruppert, président

Pour la Ligue luxembourgeoise de l’enseignement asbl
Jean-Claude Reding, président