Sur les 27 commissaires sortants, sept ont été reproposés par leurs gouvernements. Outre Ursula von der Leyen (Allemagne – PPE), il s’agit du Français Thierry Breton, du Letton Valdis Dombrovskis, de la Croate Dubravka Suica, du Néerlandais Wopke Hoekstra, du Slovaque Maros Sefcovic et du Hongrois Oliver Varhelyi.
Nommé commissaire européen au Marché intérieur en 2019, Thierry Breton (Renew) est l’artisan du Digital Services Act (DSA) et du Digital Markets Act (DMA). Cet ingénieur de formation, expert des sujets numériques et industriels, a dirigé plusieurs entreprises publiques et privées durant sa carrière et a été, en 2005, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie durant la présidence de Jacques Chirac.
Valdis Dombrovskis (PPE) est vice-président de la commission chargée de l’économie et du social. Il a également le portefeuille du commerce et représente la Commission à l’Eurogroupe. Il a émergé sur la scène européenne en 2014 en étant nommé commissaire européen chargé de l’euro et du dialogue social sous la Commission Juncker. Économiste de formation et pur politique, il a alterné mandats européens et internationaux durant sa carrière. Il a été Premier ministre de la Lettonie de 2009 à 2014.
Dubravka Šuica (PPE) est également vice-présidente de la Commission européenne chargée de la démocratie et de la démographie. Elle a été élue députée européenne en 2013 à l’occasion de l’entrée de la Croatie au sein de l’Union européenne. Elle a été maire de Dubrovnik de 2001 à 2009.
Wopke Hoekstra (PPE) est nommé commissaire européen à l’action pour le climat à l’automne 2023 en remplacement de Frans Timmermans, parti mener la campagne législative aux Pays-Bas. Il a fait sa carrière dans le secteur privé – Shell puis McKinsey – avant d’être nommé ministre des Finances en 2017, puis ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas en 2022.
Maroš Šefčovič (Slovaquie) est vice-président de la Commission européenne en charge des relations interinstitutionnelles et du Green Deal. Ce diplomate de formation est membre de la Commission depuis 2009. II a détenu successivement les portefeuilles de l’éducation, de la formation, de la culture et de la jeunesse, puis, en 2014, de l’Union énergétique sous la Commission Juncker, qui le nomme vice-président. En 2019, il devient vice-président chargé des relations interinstitutionnelles et de la prospective et commissaire européen aux relations interinstitutionnelles. En 2023, il est chargé du pacte vert pour l’Europe.
Représentant permanent de la Hongrie auprès de l’Union européenne de 2015 à 2019, Olivér Várhelyi est l’homme de confiance de Viktor Orbán à Bruxelles, même s’il n’appartient pas au Fidesz, le parti politique présidé par le Premier ministre hongrois. Il est actuellement commissaire européen à la politique de voisinage et à l’élargissement. Diplomate de formation, sa première affectation a été pour la préparation de l’entrée de son pays dans l’UE en 2004.
Les nouveaux venus
Trois profils types émergent des choix des pays proposant de nouvelles têtes: des ministres, des députés européens et des hauts fonctionnaires.
Kaja Kallas (Renew), Première ministre d’Estonie depuis 2021, a été désignée, fin juin 2024, par les chefs d’État et de gouvernement, pour devenir la future haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères en remplacement de l’Espagnol Josep Borrell. À ce titre, elle sera vice-présidente de la Commission. Entrée en politique en 2010 dans le Parti de la réforme d’Estonie fondé par son père, elle intègre le Parlement estonien en 2011 et devient eurodéputée de 2014 à 2018.
Magnus Brunner (PPE) est membre du Parti populaire autrichien (ÖVP), présidé par l’actuel chancelier, Karl Nehammer. Homme politique expérimenté, il a siégé de 2009 à 2020 au Conseil fédéral, la chambre haute du Parlement autrichien, dont il a été vice-président de 2018 à son entrée au gouvernement en 2020. Il est actuellement ministre des Finances.
Membre de Social-démocratie, parti politique danois de centre-gauche, Dan Jørgensen (S&D) est l’actuel ministre de la Coopération pour le développement et de la Politique climatique globale du gouvernement Frederiksen. De 2019 à 2022, il est ministre du Climat, de l’Énergie et de l’Approvisionnement au sein du même gouvernement. Député européen de 2004 à 2013, il est nommé en 2004 vice-président de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.
Michael McGrath (Irlande – Renew) a succédé à Paschal Donohoe, actuel président de l’Eurogroupe, au ministère des Finances. Député du comté de Cork de 2007 à 2020, il est membre du Fianna Fáil, parti irlandais de centre-droit. On lui doit la création d’un fonds souverain destiné à investir une partie des recettes fiscales exceptionnelles de l’Irlande sur les sociétés.
Teresa Ribera (Espagne – S&D) est vice-présidente du gouvernement espagnol de Pedro Sánchez et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique depuis 2018. Elle est membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).
Jessika Roswall (Suède – PPE) est l’actuelle ministre des Affaires européennes du pays, poste qu’elle occupe depuis octobre 2022. Elle appartient aux Modérés, parti libéral conservateur suédois membre du PPE au Parlement européen. D’octobre 2010 à octobre 2022, elle siège en tant que députée au sein du Riksdag, le Parlement suédois.
Jozef Síkela (République tchèque) est le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce depuis décembre 2021. Durant la crise énergétique de 2022, en pleine présidence tchèque du Conseil de l’UE, il contribue à la définition de la politique énergétique de crise de l’Union, notamment en ce qui concerne les achats conjoints de gaz. Avant son entrée au gouvernement, cet économiste de formation a dirigé plusieurs banques.
L’Italie a choisi Raffaele Fitto, ministre des Affaires européennes, de la Cohésion et du Plan de relance. Élu au Parlement européen en 2014 et en 2019, il a été coprésident du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE) au Parlement européen de 2019 à 2022. Entre 2008 et 2011, il est ministre des Relations avec les régions dans le gouvernement de Silvio Berlusconi.
La Bulgarie a proposé deux candidats: l’ancienne ministre des Affaires étrangères Ekaterina Zaharieva et l’ancien ministre de l’Écologie Julian Popov. Ce faisant, la Bulgarie est ainsi le seul pays à avoir accédé à la demande d’Ursula von der Leyen de proposer des candidats masculins et féminins.
Quatre autres candidats-commissaires ont exercé des responsabilités gouvernementales dans leurs pays respectifs.
La Portugaise Maria Luís Albuquerque, membre du Parti social-démocrate (PPD/PSD), a été ministre des Finances entre juillet 2013 et novembre 2015. Économiste de formation, cette haute fonctionnaire a travaillé à la Direction générale du trésor de 1996 à 1999, puis au bureau des études du ministère de l’Économie. De 2007 à 2011, elle dirige le département de gestion financière de l’entreprise publique Rede Ferroviaria Nacional (Refer).
Kostás Kadís (Chypre) été plusieurs fois ministre: de la Santé de 2007 à 2008, de l’Éducation et de la Culture de 2014 à 2018 et de l’Agriculture, du Développement rural et de l’Environnement de 2018 à 2023. C’est un universitaire spécialisé dans les questions environnementales et de gestion de la biodiversité.
Andrius Kubilius (Lituanie – PPE) été Premier ministre de Lituanie de 1999 à 2000, puis de 2008 à 2012. Il a présidé le parti de l’Union de la patrie – Chrétiens-démocrates lituaniens de 2003 à 2015. Il a siégé au parlement lituanien de 1992 à 2019. Depuis juin, il est député européen.
Henna Virkkunen (Finlande – PPE) a été successivement ministre de l’Éducation, de l’Administration publique et des Transports dans son pays. Membre du parti conservateur Kansallinen Kokoomus, elle siège au Parlement européen depuis 2014. Elle a été rapporteur pour avis du règlement «platform-to-business» et de celui relatif à la libre circulation des données à caractère non personnel.
Deux autres candidats-commissaires sont issus du Parlement européen élu en juin dernier.
(Luxembourg – PPE), bien évidemment. Sa nomination était dans les tuyaux depuis l’accord de coalition signé en octobre dernier entre le CSV et le DP. Mais, au nom du rééquilibrage politique d’une Commission potentiellement très à droite, le chancelier allemand Olaf Scholz menait campagne pour que le commissaire luxembourgeois, le socialiste , ., ce qui a suscité . Secrétaire général du CSV, Christophe Hansen a derrière lui . De 2007 à 2014, il a été conseiller politique de l’eurodéputée Astrid Lulling. Il a ensuite travaillé en tant qu’attaché chargé de l’environnement à la représentation permanente du Luxembourg auprès de l’Union européenne. Député européen de 2018 à 2023, il a été élu en 2022 deuxième questeur du Parlement européen. Élu à la Chambre des députés en 2023, il est tête de liste du CSV pour les élections européennes et retrouve son siège à Strasbourg.
Victor Negrescu (Roumanie – S&D) est membre du Parti social-démocrate roumain. Il a été eurodéputé de 2014 à 2017 et sans interruption depuis 2020. Il est connu pour avoir été le rapporteur du dossier législatif qui a abouti à la création du Parquet européen.
Les quatre derniers candidats actuellement connus viennent de la haute fonction publique.
Glenn Micallef (Chypre) a occupé jusqu’en juin dernier le poste de chef de cabinet du Premier ministre Robert Abela. À ce titre, il en a été le «sherpa» dans les négociations techniques au niveau européen ces quatre dernières années. Avant cela, il a été directeur général du département de coordination de l’Union européenne au ministère des Affaires étrangères maltais. Âgé de 34 ans, ce serait le plus jeune des commissaires. Cet économiste de formation a avant tout un profil technique.
Piotr Serafin (Pologne) est le représentant permanent de la Pologne à Bruxelles depuis fin 2023. C’est un habitué des institutions européennes. Entre 2014 et 2019, il dirige le cabinet de Donald Tusk, alors président du Conseil européen. Il a également été directeur adjoint du cabinet du commissaire au budget de 2010 à 2012, secrétaire d’État polonais aux affaires européennes de 2012 à 2014 en directeur de l’énergie, des transports et des télécommunications au Conseil de l’UE de 2020 à 2023.
Apóstolos Tzitzikóstas (Grèce – PPE) est le gouverneur de la Région de Macédoine centrale depuis 2013. Il rejoint en 2015 le Comité européen des régions, qu’il préside de 2020 à 2022. Il est également président de l’Union des régions grecques depuis 2019.
Tomaž Vesel (Slovénie) est juriste de formation. Il a présidé la Cour des comptes de Slovénie entre 2013 et 2022, après en avoir été le premier vice-président à partir de 2004.
Entrée en fonction le 1 er novembre
Il aura fallu attendre ce lundi 2 septembre pour que le nom du Commissaire belge soit connu.
En Belgique, la priorité est la constitution d’un nouveau gouvernement de coalition. En pleines négociation, le formateur du gouvernement belge, Georges-Louis Bouchez a indiqué sur X (ex Twitter) que le Mouvement réformateur (MR) parti de centre-droit à droite avait désigné Hadja Lahbib, actuelle ministre des Affaires étrangère comme candidate belge au poste de Commissaire. Journaliste de formation, elle est ministre fédérale des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales depuis le 15 juillet 2022. «En attendant sa désignation officielle, Hadja Lahbib restera Ministre des Affaires Étrangères et occupera la tête de liste communale à Schaerbeek», indique elle formateur.
Désormais, la Commission compte dix-huit ou dix neuf hommes pour huit ou neuf femmes. En 2019, on comptait treize dames. Le souhait d’Ursula von der Leyen qu’un État membre ne reconduisant pas son commissaire sortant propose une candidature masculine ainsi qu’une candidature féminine n’a pas été respecté. Pour ce qui est des équilibres politiques, le PPE compte dix commissaires, les socialistes quatre et les libéraux quatre. Six commissaires ne revendiquent aucune étiquette.
Une fois le collège au complet, Ursula von der Leyen devra répartir les différents portefeuilles et le poste de vice-président. Une prérogative qui lui appartient, selon les traités. Elle a déjà auditionné les candidats désignés pour se forger une opinion. Une fois la composition de la Commission achevée et approuvée par le Conseil européen, les commissaires devront se présenter devant les députés, qui devront approuver leur candidature. Une approbation qui n’est pas acquise. En 2019, les députés avaient recalé trois commissaires: la Roumaine Rovana Plumb, le Hongrois László Trócsányi et la Française Sylvie Goulard.
La Commission von der Leyen II devrait entrer en fonction le 1er novembre 2024.
Cet article a été mis à jour ce 2 septembre après l’annonce du choix de la Belgique.