En mars 2019, l’ancien Premier ministre russe Dmitri Medvedev s’était rendu au Grand-Duché dans le cadre d’une visite d’État officielle. (Photo: Emmanuel Claude/SIP)

En mars 2019, l’ancien Premier ministre russe Dmitri Medvedev s’était rendu au Grand-Duché dans le cadre d’une visite d’État officielle. (Photo: Emmanuel Claude/SIP)

Il existe un écosystème de plus de 150 entreprises luxembourgeoises, belges et russes représentées par la Belgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia. Son CEO, Oleg Prozorov, regrette que de nouvelles sanctions économiques risquent de porter préjudice au bon développement des relations commerciales.

Le spectre des nouvelles mesures de rétorsion économique qui planait sur la Russie lui est finalement tombé dessus. La reconnaissance par le Kremlin de l’indépendance des régions séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk a déclenché européennes à l’encontre de Moscou, comprenant le gel des avoirs de 351 députés russes de la Douma et d’une interdiction de visa pour l’espace Schengen. Les sanctions prises concernent également une trentaine de personnes et institutions russes, y compris des banques.

Il ne pourrait s’agir que d’un premier train de sanctions. À en croire les récentes déclarations de plusieurs dirigeants occidentaux, le but serait d’affecter directement la capacité russe à refinancer sa dette. Pour ce faire, les États membres envisagent d’empêcher la Russie d’accéder aux marchés financiers européens.


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De telles actions de guerre économique risquent bien de chambouler l’avenir des relations commerciales entre l’Union européenne et la Russie. En ce qui concerne le Luxembourg, la Chambre de commerce a indiqué à Paperjam qu’elle compte dans ses registres internes une soixantaine d’entreprises luxembourgeoises actives en Russie. Elle précise toutefois que moins d’une dizaine d’entre elles ont une réelle présence sur place, citant notamment Paul Wurth, ArcelorMittal, Accumalux et Arendt & Medernach.

Des relations économiques stables

Selon la Chambre de commerce de Luxembourg, le Grand-Duché a exporté l’équivalent de 598 millions d’euros en Russie, dont 407 millions d’euros de biens et 191 millions d’euros de services. Les biens les plus exportés par le Luxembourg vers la Russie sont des produits d’industrie chimique, des matières plastiques, des pâtes de bois, des appareils électriques et du matériel de transport.

À la fin des années 2000, un certain nombre d’entreprises luxembourgeoises du secteur industriel ont implanté leurs installations de production sur le territoire des régions russes.
Oleg Prozorov

Oleg ProzorovCEO et membre du conseil d’administrationBelgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia

Également contacté par Paperjam, Oleg Prozorov, CEO et membre du conseil d’administration de la Belgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia, une organisation qui regroupe plus de 150 entreprises belges, luxembourgeoises et russes, explique «qu’à la fin des années 2000, un certain nombre d’entreprises luxembourgeoises du secteur industriel ont implanté leurs installations de production sur le territoire des régions russes», sans pour autant pouvoir citer de noms, «car dans les conditions actuelles, leurs actionnaires ne veulent pas faire la publicité sur leur développement réussi en Russie».

En outre, Oleg Prozorov déclare que «les relations économiques entre le Luxembourg et la Russie ont toujours été assez stables». Et il ajoute: «Peut-être qu’en chiffres par rapport aux voisins du Luxembourg – Belgique et Pays-Bas, Allemagne, France –, elles ne sont pas si prononcées, mais ces dernières années, elles se sont surtout développées activement dans le domaine de la coopération, du développement durable et dans la finance verte.»

Des sanctions malvenues

Le CEO de la Belgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia déplore l’annonce de nouvelles sanctions: «Pour réussir dans le développement des relations commerciales et économiques, toute restriction est toujours préjudiciable. À la Chambre, nous nous attendions à ce que la situation avec la pandémie de Covid-19 unisse les nations, et qu’à la sortie de celle-ci, les relations économiques soient activement rétablies. Mais malheureusement, aujourd’hui, nous ne constatons qu’une augmentation des risques et des menaces. L’Histoire montre que toute crise est toujours suivie d’une croissance et plus tôt on passe à la seconde, mieux c’est.»

Nous nous attendions à ce que la situation avec la pandémie de Covid-19 unisse les nations, et qu’à la sortie de celle-ci, les relations économiques soient activement rétablies. Mais malheureusement, aujourd’hui, nous ne constatons qu’une augmentation des risques et des menaces.
Oleg Prozorov

Oleg ProzorovCEO et membre du conseil d’administrationBelgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia

Dans pareil contexte, Oleg Prozorov rappelle que la Belgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia et ses membres sont «attristés par ces processus destructeurs qui se produisent entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne». Ainsi, ils comptent «sur la sagesse des hommes politiques et leur volonté de trouver un compromis». En revanche, Oleg Prozorov souligne que les missions de la Chambre de commerce qu’il représente «comprennent le développement des relations commerciales et la protection des activités de nos membres en Russie». À cela, il précise: «Nous ne participons pas aux processus politiques.»

Si des entreprises luxembourgeoises ont choisi la Russie pour s’y installer en totalité ou en partie,  des entreprises russes ont aussi élu domicile au Luxembourg. «Les banques et entreprises russes du secteur financier, ainsi que les développeurs de haute technologie ont choisi le Luxembourg en raison du climat d’affaires favorable et ouvert du Grand-Duché», signale Oleg Prozorov.

Les banques et entreprises russes du secteur financier, ainsi que les développeurs de haute technologie ont choisi le Luxembourg en raison du climat d’affaires favorable et ouvert du Grand-Duché.
Oleg Prozorov

Oleg ProzorovCEO et membre du conseil d’administrationBelgian-Luxembourg Chamber of Commerce in Russia

Au-delà des échanges commerciaux, le monde politique, aussi bien du côté russe que luxembourgeois, se veut incarner le rôle de catalyseur de la coopération entre les deux pays. Si l’on remonte en mars 2019, la dernière visite officielle d’État du Premier ministre russe de l’époque, Dmitri Medvedev, s’était conclue sur , l’un concernant la coopération dans le cadre de la modernisation des économies des deux pays, et l’autre encadrant la coopération culturelle russo-luxembourgeoise pour les années 2019 à 2021. Cette rencontre avait également posé les bases d’un futur accord dans le domaine spatial. Pour rappel, l’ambassade américaine au Luxembourg avait publié un communiqué en amont de cette visite, . Pour sa part, Dmitri Medvedev, à l’issue de sa visite, avait lancé l’idée de nommer le Premier ministre luxembourgeois, (DP), comme médiateur privilégié entre la Russie, l’Union européenne et les États-Unis.