Boris et Arkady Rotenberg font partie des plus importants oligarques russes à avoir été sanctionnés par l’Occident après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Des amis d’enfance du président russe Vladimir Poutine, devenus milliardaires. Le magazine Forbes estime leur richesse cumulée à 4,9 milliards de dollars en 2023. Une enquête du réseau international «Organized Crime and Corruption Reporting Project» (OCCRP) avec la plateforme russe «IStories» révèle comment ils ont, pendant des années, pu contourner les punitions internationales.
Les journalistes de 17 partenaires médiatiques se sont basés sur plus de 50.000 mails et documents d’une société de gestion russe qui travaillait pour les deux frères, obtenus par une source qui ne peut être identifiée, «pour sa sécurité», précise le consortium.
Un premier personnage mis en avant dans l’enquête est l’homme d’affaires russe Maxim Viktorov, qui les a aidés à cacher une partie de leur fortune via Helsinki Halli, grande arène finlandaise accueillant concerts et événements sportifs. Une part finalement gelée en 2022, après que le fils de Boris, Roman, a été également rejoint la liste des personnalités sanctionnées.
Divers tiers de confiance ont aussi repris en leur nom certains actifs, comme un homme qui aurait été l’ancien garde du corps de Boris Rotenberg et un cosmétologue letton de 36 ans qui semble avoir été le partenaire amoureux secret d’Arkady Rotenberg.
Les frères ont aussi tenté de récupérer leurs actifs gelés après les sanctions à la Société Générale de Monaco par un plan nommé «Project Sun», en passant par la société londonienne LJ Partnership et avec l’aide du cabinet d’avocats international Charles Russell Speechlys LLP.
Des comptes ouverts dans une banque basée au Luxembourg
Il a alors fallu chercher une nouvelle banque et c’est là qu’Havilland, basée au Luxembourg, apparaît. Les échanges de mails et documents font état de l’ouverture de comptes chez celle-ci. En 2017, la femme de Boris, Karina Rotenberg, a envoyé 500.000 euros sur son compte Banque Havilland Monaco depuis un compte à Moscou, selon des instructions envoyées par mail.
Des véhicules d’investissement spéciaux appelés «fonds communs de placement fermés», abrégés en russe en «ZPIF», ont aussi été utilisés.
Boris et Arkady Rotenberg, ainsi que les membres de leur famille, n’ont pas répondu aux demandes des journalistes à l’origine de l’enquête. Ni la famille Rowland, propriétaire de la banque Havilland.
Maxim Viktorov a déclaré que ni lui ni aucune de ses entreprises n’ont jamais enfreint la moindre loi. Il a décrit les conclusions des journalistes comme «erronées», affirmant que les actionnaires des fonds gérés par sa société ne sont pas des individus sanctionnés.