Le prince Charles de l'époque, aujourd'hui Charles III, avec sa mère, la reine Elizabeth II, lors du Trooping of the Colour en juin 2019. (Photo: Shutterstock)

Le prince Charles de l'époque, aujourd'hui Charles III, avec sa mère, la reine Elizabeth II, lors du Trooping of the Colour en juin 2019. (Photo: Shutterstock)

Des rapports datant d'une cinquantaine d'années suggèrent qu'une crise constitutionnelle potentielle est ce qui a empêché le prince Charles de se fiancer à la sœur aînée du grand-duc Henri.

Au milieu des années 1970, alors que le prince Charles, prince de Galles, approchait de ses 30 ans et n'était toujours pas marié, les rumeurs allaient bon train quant à la personne qui pourrait devenir son épouse et sa future reine.

L'un des noms qui circulait dans les médias était celui de la princesse Marie-Astrid de Luxembourg qui était, selon les termes d'un journaliste, «exactement le genre de fille pour lequel le prince Charles a apparemment une préférence : mince, blonde, séduisante et intelligente». En effet, l'aînée des enfants du Grand-Duc Jean et de la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte, Marie-Astrid est née en février 1954, un an avant son frère cadet Henri qui a succédé à son père comme grand-duc en octobre 2000.

Marie-Astrid n'avait que cinq ans et demi de moins que Charles et était l'une des rares princesses royales d'Europe à être célibataire à cette époque. Mais ce qui est tout aussi crucial, c'est qu'elle est catholique. Un problème constitutionnel pour tout mariage potentiel. Charles devant devenir le chef de l'Église d'Angleterre dès son accession au trône, un mariage avec une catholique était interdit par l'Acte d'établissement de 1701, qui avait été créé dans le but précis de garantir une lignée protestante.

Mais cela n'a pas empêché certains journaux de parler de la possibilité d'un mariage entre Charles et Marie-Astrid. La première page du Daily Express du 17 juin 1977, 10 jours seulement après les immenses célébrations marquant le jubilé d'argent de l'accession de la reine Elizabeth II, proclamait «Charles va épouser Astrid» sous-titrait même «officiel».

La première page du Daily Express du 17 juin 1977.  L'article suggérait qu'un arrangement constitutionnel signifierait que «les fils du mariage seront élevés selon l'Église d'Angleterre tandis que les filles seront élevées dans la foi catholique». (Photo: DR)

La première page du Daily Express du 17 juin 1977. L'article suggérait qu'un arrangement constitutionnel signifierait que «les fils du mariage seront élevés selon l'Église d'Angleterre tandis que les filles seront élevées dans la foi catholique». (Photo: DR)

Le journaliste de l'Express, John Warden, écrivait: «La différence de religion du couple - elle est catholique romaine - sera surmontée par un nouvel arrangement constitutionnel: les fils du mariage seront élevés dans l'Église d'Angleterre tandis que les filles seront élevées dans la foi catholique». Il affirmait que «les fiançailles officielles seront annoncées depuis le palais de Buckingham lundi prochain».

Bien sûr, aucune annonce de ce genre n'a été faite, et le palais a maintes fois nié ou refusé de commenter ne serait-ce que l’hypothèse des fiançailles.

La Reine Elizabeth II «enchantée» par la princesse luxembourgeoise

Mais un article paru dans le Washington Post en juillet 1980, sept mois seulement avant l'annonce des fiançailles de Charles avec Diana Spencer, a jeté un peu de lumière sur cette histoire.

Leonard Downie Jr, écrit que Charles et Marie-Astrid se sont rencontrés pour la première fois lorsqu'elle avait 24 ans. Elle représentait le grand-duc Jean lors de son investiture en tant que prince de Galles et héritier du trône. C'est sa mère, la reine, qui aurait ensuite été «enchantée» par la princesse lors d'une visite de la famille royale britannique au Luxembourg, affirme l'article du Post.

Selon Downie Jr, la Reine Elizabeth II a même organisé un déjeuner à Bruxelles vers la fin de l'année 1976 «auquel assistaient le prince Charles, la princesse Marie-Astrid, d'autres personnalités royales et, apparemment de manière plus significative, un cardinal belge et un représentant de l'Angleterre». Mais l'article précise également que Buckingham Palace a nié ou refusé à plusieurs reprises de commenter cette rencontre.

Protestations protestantes

Une forte opposition au mariage potentiel serait venue des milieux protestants les plus extrêmes. Thomas Orr, le grand maître du Grand Ordre Orange d'Écosse, a déclaré aux journalistes qu'un ministre lui avait assuré que la loi britannique ne serait jamais modifiée pour permettre au prince Charles d'épouser une catholique tout en succédant à sa mère. Et, selon le Post, Iain Paisley, d'Irlande du Nord, sans doute la voix protestante la plus célèbre du Royaume-Uni dans les années 1970 et 1980, a exigé que la Première ministre Margaret Thatcher «fasse une déclaration claire» sur la question. «Paisley prédisait une crise constitutionnelle et le chaos si l'on tentait de modifier la loi, et surtout si le prince Charles épousait une catholique sans renoncer à sa prétention au trône», écrit Downie Jr.

En fin de compte, bien sûr, Charles a épousé Diana en 1981, puis Camilla Parker Bowles en 2005. Elle aura désormais le titre de Reine Consort.

Marie-Astrid a épousé son cousin germain, l'archiduc Carl Christian d'Autriche, en février 1982. Aujourd'hui archiduchesse, Marie-Astrid d'Autriche a cinq enfants avec Carl Christian et ils mènent une vie relativement discrète en Suisse.

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.