Le bus blanc aux rayures multicolores roule silencieusement vers la haute borne grise, située à Cents. Son chauffeur fait en sorte que le milieu de la porte avant de son véhicule arrive pile devant la ligne jaune, tracée sur le trottoir. Puis, il active le frein à main. Aussitôt, un appareil rouge descend du ciel, accompagné d’un bourdonnement, avant de se poser sur le toit du car. Il s’agit d’un pantographe, qu’utilise la Ville de Luxembourg pour charger ses bus électriques.
Elle en compte cinq de ce type, d’une puissance de 150 KW chacun, pour des recharge rapides au cours de la journée. Deux à Cents, deux à Belair et un à Steinsel, en location. Ceci pour alimenter 57 bus électriques (37 du service Autobus de la ville de Luxembourg [AVL] et 20 en sous-traitance).
Mais d’ici 2025, 100% des 250 véhicules par lesquels elle opère ses lignes régulières et scolaires deviendront électriques. En 2026, ce sera aussi le cas de sa réserve de 47 bus, selon les objectifs que s’est fixés la capitale. Même si un document de la Ville de Luxembourg daté du 11 mai 2023 évoquait 2030 comme échéance, .
«Il y a trois ans, on parlait de 2030», justifie l’échevin responsable en matière de mobilité, (DP). «On ne pensait pas que la technologie évoluerait si rapidement. C’est l’environnement et la qualité de vie qui comptent le plus, alors nous avons décidé de faire un effort supplémentaire.»
Une électrification par étapes
Pour les 170 bus en sous-traitance, le changement se fera dès 2024, comme prévu par la soumission publique. Du côté des bus d’AVL, 42 bus simples sur les 66 (en comptant la réserve) seront déjà électriques en octobre 2023 et 45 articulés sur les 61, fin 2024.
Cela représente un investissement: 500.000 euros par bus simple et 700.000 euros par bus articulé. Soit plus de 50 millions d’euros, si on retire ceux déjà électrifiés.
S’ajoutent 11,5 millions d’euros pour la construction de nouveaux points de recharge. Cinq autres stations rapides doivent voir le jour à Hamm, Steinsel rue des Prés, Steinsel rue de la Forêt et Hesperange (deux pantographes par site) et au P+R Stade (trois pantographes). En plus de 24 bornes à 100 KW pour le chargement de nuit au dépôt et de deux pantographes rapides. Ceci alors que le site devrait déménager en 2032, de son adresse près du P+R Bouillon vers le P+R Stade. «Nous essaierons de récupérer la plupart du matériel», prévoit Patrick Goldschmidt, tout en estimant que «l’investissement sera amorti».
Pour recharger plus de 200 bus avec 26 bornes, «il y aura une certaine organisation, avec un rangeur» de bus, précise le chef du service AVL, Lex Bentner.
Caméras embarquées et fiches horaires numériques
«Les bus électriques ont l’avantage de durer plus longtemps», complète-t-il. «Aujourd’hui, nous devons changer tous les huit ans les bus diesel, car la maintenance coûte plus cher que l’exploitation. Avec les bus électriques, il faut juste remplacer la batterie.» Ceux actuellement en service le sont depuis 2019.
Les points de chargement rapide permettront aux véhicules chargés à 80% d’atteindre 100% en moins de dix minutes. «S’ils manquent une ou deux fois leur créneau à cause d’embouteillages, ce n’est pas grave», explique-t-il alors. Leur autonomie va jusqu’à 200 km et pourra atteindre 250 km sur les nouveaux modèles. Sachant qu’un véhicule parcourt en moyenne 250 km par jour. «Nous n’avons jamais eu de bus qui a dû être dépanné à cause d’une batterie vide», affirme Lex Bentner.
Les nouveaux véhicules seront aussi équipés de caméras embarquées. 50 le sont déjà. La modernisation du réseau se poursuivra avec l’équipement de 500 arrêts, sur les 744, de fiches horaires numériques. De quoi éviter de devoir changer chaque feuille lors d’adaptations horaires. Un projet pilote a été lancé sur une douzaine d’arrêts depuis septembre 2021. À terme, le but sera de les intégrer sur la totalité. Comme pour les écrans affichant les horaires en temps réel, grâce à des traqueurs placés dans les bus, déjà disponibles sur «presque 100%» des aubettes, affirme Lex Bentner, qui prévoit de finaliser le déploiement en 2023.