«Nous ne sommes plus en situation de crise énergétique. Nous avons besoin de solutions durables pour garantir des prix de l’énergie abordables et encourager la transition vers l’électrification.» Mardi, solidement appuyé au perchoir de la Chambre des députés, le Premier ministre, (CSV), annonce la mobilisation de 150 millions d’euros, «une somme qui bénéficiera directement aux citoyens et aux entreprises».
Un chèque qui doit couvrir «une partie des coûts du réseau» et «les coûts du mécanisme de compensation, actuellement financé par chaque consommateur», précise-t-il dans son discours. Sans dire s’il parle des mesures votées à l’automne pour une facture plafonnée à 172 millions d’euros, selon le projet de loi, ou s’il s’agit d’une nouvelle enveloppe après la première.
Ce jeudi matin, le ministère de l’Économie précise donc comment le Premier ministre entend faire baisser les prix de l’électricité.
270 millions d’euros en plus des 171 millions de l’an dernier
«L’État a décidé de mobiliser 150 millions d’euros pour l’aide aux coûts du réseau en 2026 et 120 millions d’euros pour prendre en charge les coûts du mécanisme de compensation, donc un total de 270 millions d’euros destinés à réduire le prix de l’électricité et ainsi renforcer le pouvoir d’achat des citoyens, ainsi que la compétitivité des entreprises.»
Un montant qu’il ne faut pas confondre, précise le ministère, «avec les 171 millions d’euros prévus pour la : afin de soutenir les ménages face à la hausse des prix de l’électricité, le gouvernement avait décidé, en 2024, de continuer à subventionner le prix de l’électricité pour les clients ayant une consommation annuelle inférieure à 25.000kWh jusqu’au 31 décembre 2025.»
De quoi, assure le ministère et au nom du Premier ministre, faire en sorte que «les consommateurs paieront, de manière générale, moins pour l’électricité», sachant que le dispositif prévoit aussi que «la nouvelle structure tarifaire du réseau électrique restera inchangée et les gestes pour réduire les pics de consommation resteront avantageux pour les consommateurs».
Des scénarios différents
Les coûts de réseau, «c’est un volet qui est réglé avec le régulateur, l’ILR (Institut luxembourgeois de régulation, ndlr). On détermine les tarifs des réseaux pour tout le pays. Y entrent les coûts de Creos et des autres gestionnaires de réseaux, ainsi que tous les coûts d’énergies de rééquilibrage, les coûts liés au slice, etc. C’est un sujet national. On évalue ce montant à environ 300 millions d’euros», a expliqué la CEO de Creos, , mercredi matin, chez Encevo, qui publiait ses résultats annuels – ce qui permet d’avoir une idée de l’effort que l’État accepte de prendre en charge.
«Par rapport aux prix de l’énergie, nous avons une vue du marché actuel qui semble indiquer une continuation de la baisse des prix en 2026. C’est pour la composante énergétique. Il n’y aura pas de tendance à la hausse qui vient des marchés, au contraire», précise le CEO d’Enovos, Erik von Scholz. La composante énergétique n’étant qu’une des trois composantes avec les prix des réseaux et les taxes. «Aujourd’hui, c’est très compliqué de prédire les prix de l’année prochaine.»
Une phrase que le Statec ne contredira pas, après avoir publié une mise à jour de ses prévisions d’inflation pour 2025 et 2026, avec trois scénarios très différents, avec des conséquences aussi sur l’indexation, entre le dernier trimestre 2025 et le dernier trimestre 2026. Sans compter que si le réseau luxembourgeois est bien dimensionné, la production décentralisée d’électricité, chez des particuliers, en entreprise ou au sein des nouvelles communautés énergétiques, aura un jour des impacts. Pas forcément exactement similaires à ce que vit la Belgique actuellement avec cette surprenante campagne des «Happy Hours» d’Engie, en test en Flandre. Un inédit appel à consommer plus (mais en période où l’électricité est abondante)… Loin de la chasse au gaspillage d’autrefois.