Les 55 frigos intelligents que pilote Foozo sont alimentés au minimum une fois par jour dans chacune des entreprises clientes. (Photo: Foozo)

Les 55 frigos intelligents que pilote Foozo sont alimentés au minimum une fois par jour dans chacune des entreprises clientes. (Photo: Foozo)

Ses appareils bourrés de technologie et sa promesse de plats ultra-frais ont fait de la scale-up luxembourgeoise Foozo le leader incontesté sur le marché du frigo connecté, jeune et prometteur créneau du marché de la restauration d’entreprise. Objectif: doubler le chiffre d’affaires d’ici trois ans.

Avec 55 appareils gérés auprès d’une grosse trentaine de clients, Foozo revendique environ 70% de parts sur le marché local des frigos connectés. Un marché encore jeune que la scale-up luxembourgeoise (ex-GroupLunch), née en 2016 et qui a fait l’objet d’un rebranding au sortir des confinements sanitaires, en 2021, apprivoise en nette position de force, bien campée sur ses deux autres piliers d’activité que sont la livraison de repas en entreprise et la data. Cochant, en cela, toutes les cases d’une nécessaire complémentarité.

«Ces trois composantes sont indissociables de notre ADN, elles constituent notre super-pouvoir par rapport à la concurrence», argumente le CEO (36 ans).

L’appétit – refrain connu – venant en mangeant, Foozo s’est fixé l’objectif de 200 frigos d’ici trois ans et de doubler son chiffre d’affaires de 5 à 10 millions d’euros. Ses frigos pèsent aujourd’hui pour environ un quart de ce CA.

Rolls-Royce

Pierre V. Pereira Da Silva compare à des Rolls-Royce les machines conçues au Royaume-Uni et aux Pays-Bas par la société Husky, le fabricant avec lequel Foozo collabore depuis le départ. Sur le plan technologique, les appareils se distinguent des distributeurs classiques par leur approche «user-friendly». Pas de perte de temps, pas de fraude possible. Comme à la pompe, en station-service, le client s’identifie à l’aide d’une carte bancaire ou de chèques-repas et se sert à l’intérieur du frigo. La transaction est close dès lors que la porte se referme. L’identification du produit souhaité se fait à l’aide de capteur à micro-ondes et le prix d’achat est débité en conséquence. «Cela prend trois secondes.»

Un atelier en pleine expansion

Foozo confectionne elle-même les plats mis à disposition dans les frigos intelligents. Une équipe de dix équivalents temps plein (sur un total de 55 collaborateurs) œuvre côté cuisine sous les ordres d’un chef et d’une directrice de production. Depuis quelques jours, un nouvel atelier de 260 mètres carrés est actif à Esch-sur-Alzette. Les anciennes installations situées à Hamm, où s’établit le siège social, étaient devenues trop petites pour suivre la croissance du pool. Celui-ci s’étoffe au rythme d’un poste supplémentaire créé chaque mois, actuellement. L’atelier devrait «très prochainement» être amené à fonctionner 16 heures par jour, contre 10 actuellement. En moyenne, Foozo augmente son réseau de frigos installés de trois unités supplémentaires par mois.

«Challenge quotidien»

La promesse est double: l’ultra-frais et la réactivité. Ultra-frais, car les produits proposés le sont tous avec une date limite de consommation extrêmement courte. Ils ont été élaborés au maximum 24h à l’avance. «L’avantage, c’est une qualité supérieure, une valeur nutritionnelle entièrement préservée, aucune dégradation… La contrepartie, c’est une gestion de flux tendus, autant en matière de food que de logistique. Un challenge quotidien. Pour le client, en revanche, c’est tout bénéfice, car dans notre modèle, il ne paie pas l’aspect ‘food loss’ (invendus), c’est nous qui assumons cette partie-là, tout comme le Capex de l’équipement.»

«Le marché du frigo connecté, quant à lui, est encore naissant, il comporte donc plus d’incertitudes que d’autres. On apprend et on avance avec le temps», explique le CEO Pierre V. Pereira Da Silva. (Photo: Maison Moderne)

«Le marché du frigo connecté, quant à lui, est encore naissant, il comporte donc plus d’incertitudes que d’autres. On apprend et on avance avec le temps», explique le CEO Pierre V. Pereira Da Silva. (Photo: Maison Moderne)

Côté réactivité, les capteurs évoqués il y a une minute renseignent Foozo en temps réel de l’état des stocks dans chacun des frigos. Au minimum, ceux-ci sont approvisionnés une fois par jour. «Dans une entreprise de 300 ou 400 personnes, cela représente un certain volume. S’il faut réapprovisionner trois fois par jour, on le fait. Grâce à la data, on peut anticiper», précise le CEO. La perte sèche économique liée aux invendus est un coût non négligeable du système, qui est donc absorbé par Foozo dans son business model, mais les pertes de plats, elles, sont, à ses dires,  marginales. «Sauf exception, rien n’est jamais jeté.» La société s’est rapprochée d’associations telles que Stëmm vun der Strooss pour la redistribution des invendus à titre totalement gratuit.

Stéphanie Jauquet au capital

Dans son développement, Foozo s’inspire de ce qui se pratique à l’étranger par des opérateurs tels que le français Foodles ou le suisse Felfel, dont la pénétration de marché dans leurs pays respectifs est peu ou prou la même qu’ici. Et s’entoure de compétences locales, à l’image de l’entrée au capital de à hauteur de 10%. La fondatrice a également rejoint le conseil d’administration.

«Sur un marché mature, on sait ce qui marche et ce qui ne marche pas, dans la mesure où tout a été expérimenté. Le marché du frigo connecté, quant à lui, est encore naissant, il comporte donc plus d’incertitudes que d’autres. On apprend et on avance avec le temps. Mais dans ce contexte, on peut se reposer sur un point fort: l’excellence dont on se revendique. Excellence dans la food, comme dans la data et la logistique», résume Pierre V. Pereira Da Silva.

Cette même excellence, explique-t-il encore, qui pèse dans les réflexions quant à de possibles expansions. «L’étranger? J’ai eu récemment des propositions d’acquisition en Belgique et en Allemagne, auxquelles je n’ai pas donné suite pour le moment. Le marché luxembourgeois se prête parfaitement aux clients en environnement B2B recherchant la même excellence que nous. En irait-il de même dans d’autres pays? Et si ce n’était pas le cas, serions-nous prêts, sur ces marchés, à réviser nos critères à la baisse afin de s’adapter? À ce stade, je n’ai pas la réponse», conclut le dirigeant.