Tout comme les particuliers qui sont invités à réduire leur thermostat, les entreprises suivent le mouvement et certaines optent même pour d’autres adaptations visant à réduire leur consommation énergétique. (Photo: Archives Maison Moderne)

Tout comme les particuliers qui sont invités à réduire leur thermostat, les entreprises suivent le mouvement et certaines optent même pour d’autres adaptations visant à réduire leur consommation énergétique. (Photo: Archives Maison Moderne)

Face à la flambée des charges énergétiques, il est impensable pour beaucoup de sociétés de réduire leur activité. Mais les initiatives ne manquent pas pour diminuer leur consommation, histoire de contenir l’envolée des prochaines factures. Tour d’horizon.

La hausse des et de l’électricité affecte l’ensemble de la population et des entreprises, pas uniquement les plus énergivores. De la gestion de factures devenues soudainement exponentielles à des mesures de réduction de la consommation en passant par une adaptation des tarifs, les initiatives des sociétés ne manquent pas pour tenter de rééquilibrer leur trésorerie tout en n’affectant pas ou peu leur activité en cette période difficile.

Avec ses 37.150 m 2 de passage, le centre commercial Belval Plaza fait la jonction entre la gare et le reste de la ville universitaire. Cette configuration a poussé son propriétaire à commander un audit énergétique . «Nous avons diminué la température de deux degrés pour la situer autour des 19 °C, soit ce qui est recommandé chez les particuliers», explique Clément Weber, senior facility manager chez Firce Capital. «Nous devons garder en tête l’effet du Covid: il est indispensable de travailler avec un système de renouvèlement de l’air», ajoute-t-il.

Les commerçants ont été invités, par le ministère compétent, à éteindre les éclairages aux heures de fermeture des enseignes, tandis que le gestionnaire du centre compte installer des minuteries sur les éclairages de Noël pour la première fois cette année. «Nous allons réduire les plages horaires de fonctionnement aux périodes d’ouverture du centre», souligne son directeur, Thierry Debourse.

Nous n’avons pas la moindre visibilité sur l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité.

Emilien LacordeCEO de Carshine

Avec ses six aspirateurs qui tournent quasi toute la journée, ses compresseurs, ses polisseuses, ses Kärcher, ses machines de nettoyage pour tapis, sans oublier ses lampes permettant de déceler les griffes, l’entreprise Carshine estime consommer en moyenne 700 kW par jour. «La principale difficulté, c’est que nous n’avons pas la moindre visibilité sur l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité, car seul notre propriétaire a une vue plus claire. Nous attendons et appréhendons le décompte des charges», confie Emilien Lacorde, CEO de la PME de services automobiles basée à Bertrange et Luxembourg.

Des pleins en France plutôt qu’au Luxembourg

Celle-ci n’a, pour l’heure, pas augmenté ses tarifs pour les particuliers et absorbe la hausse des couts des produits d’entretien, entre 4% et 25% en un an, pratiquée par ses fournisseurs. «Actuellement, le lavage de base intérieur et extérieur est à 99 euros. Si nous passons la barre des 100 euros, psychologiquement, c’est difficile», explique le dirigeant.

L’entrepreneur ne peut pas se passer des machines pour les prestations, mais quelques initiatives ont été prises pour limiter la facture énergétique, comme un réglage du chauffage sur une période plus courte, une optimisation des trajets des collaborateurs sur les missions en clientèle professionnelle et pour la flotte de camionnettes. «J’ai vraiment l’espoir qu’en mars 2023, les choses s’apaisent et que la période d’incertitude soit derrière nous», confie le patron à la tête d’une équipe de 21 salariés.

Nous ne pouvons pas opter pour une réduction de notre service au détriment du confort offert à nos clients.

Laura et Lionel Ferbergérants des salons de coiffure Ferber

Dans les salons de coiffure Ferber, les mesures d’économies remontent à 2017 avec l’introduction d’éclairages LED, de lave-linges et sèche-linges de classe A, ainsi que de sèche-cheveux dotés d’économiseurs d’énergie. «Nous ne pouvons pas opter pour une réduction de notre service au détriment du confort offert à nos clients», soulignent et Lionel Ferber. Les deux gérants estiment que la flambée des prix de l’électricité va atteindre entre 30 et 40% de hausse pour l’année en cours, un élément auquel s’ajoutent les augmentations du prix des produits et .

Projecteurs laser moins énergivores, système de management de salle permettant d’être plus efficace en matière de consommation énergétique: Kinepolis s’est doté d’outils pour tenter de réduire l’emballement du compteur énergétique de ses cinémas. «Notre politique tarifaire a toujours tenu compte de l’inflation», pointe le directeur Christophe Eyssartier, avant d’ajouter que «des hausses tarifaires ne sont pas à exclure vu ».

Si le grossiste de Leudelange, La Provençale, est couvert par un contrat d’approvisionnement en électricité jusqu’en 2025, il fait toutefois face aux hausses tarifaires de ses fournisseurs, ainsi qu’à celles de l’azote, utilisé pour les camions frigorifiques de sa flotte, explique son associé-gérant Georges Eischen. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Si le grossiste de Leudelange, La Provençale, est couvert par un contrat d’approvisionnement en électricité jusqu’en 2025, il fait toutefois face aux hausses tarifaires de ses fournisseurs, ainsi qu’à celles de l’azote, utilisé pour les camions frigorifiques de sa flotte, explique son associé-gérant Georges Eischen. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Ses chambres froides et son charroi de camions sont indispensables à son activité: La Provençale connait une hausse de sa facture énergétique, mais limite les dégâts grâce à un contrat d’approvisionnement à long terme. «Nous avons déjà acheté l’électricité pour 2023, 2024 et 2025, donc nous sommes protégés des hausses à venir», explique son associé-gérant, Georges Eischen.

Le grossiste est toutefois exposé à l’augmentation des prix de l’azote utilisé pour les camions frigorifiques, ainsi que de celle du prix des carburants, sans oublier celle des tarifs des fournisseurs. «Nous n’avons pas le choix, nous devons répercuter ces hausses sur nos prix», admet notre interlocuteur.

Une saison des glaces rabotée à la Patinoire Kockelscheuer

Au frais également, la Patinoire Kockelscheuer se doit de le rester coute que coute. La Ville de Luxembourg a raboté la saison des glaces, qui se terminera le 3 avril plutôt que le 30 avril en 2023. L’épaisseur de la glace est elle aussi réduite à sa limite la plus basse, comprise entre 3 cm et 3,5 cm, «afin d’économiser l’eau et l’énergie», indique le service des relations publiques de la Ville de Luxembourg.


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Celui-ci ajoute qu’une série d’initiatives a été prise pour tenter de limiter la consommation des ressources énergétiques de la patinoire couverte: réduction du temps d’écoulement aux douches et lavabos, réduction du débit des chasses d’eau, diminution de la température ambiante dans les vestiaires et dans les douches (à 22 °C) ainsi que dans le séjour, la cafétéria et le gymnase (18 °C), mais aussi réduction de la température de la patinoire pour le public (de 16 °C à moins de 10 °C), adaptation des éclairages, arrêt des compresseurs lors des périodes de faible utilisation et introduction de deux nouvelles machines de surfaçage plus économes. «Les premiers résultats en termes d’économies d’énergie sont déjà visibles», assure la municipalité.

Des devis entre 5 et 11 fois plus chers pour l’électricité

De son côté, Frédéric Gillen fait face à une double explosion de prix: celle du papier et celle de l’énergie. Le patron de Reka Print l’admet, «j’avais la chance d’avoir signé le dernier contrat d’approvisionnement en électricité début 2019». Il prend fin le 31 décembre prochain et les offres reçues jusqu’à présent donnent le tournis: cela revient entre 5 et 11 fois plus cher pour alimenter en électricité ses rotatives et autres machines d’impression.

Le directeur a donc fait appel à un courtier pour tenter de lui trouver le fournisseur le moins onéreux. Il envisage aussi les futures évolutions des tarifs de l’électricité. «Je pense que l’on est actuellement sur un pic et que les prix vont redescendre à moyen et long terme, signer maintenant serait une erreur», avance-t-il. En parallèle, est en train d’installer des panneaux photovoltaïques sur sa toiture. Un investissement de 200.000 euros qui devrait permettre, d’ici l’été prochain, d’autoproduire une partie de ses besoins en électricité. C’est toujours ça de gagné.