Le circuit court. Mettre l’entreprise de démolition et un client à deux clics l’un de l’autre en profitant des technologies liées à l’intelligence artificielle, le nouveau projet de BIM-Y. (Photo: Shutterstock)

Le circuit court. Mettre l’entreprise de démolition et un client à deux clics l’un de l’autre en profitant des technologies liées à l’intelligence artificielle, le nouveau projet de BIM-Y. (Photo: Shutterstock)

Un tiers de tous les déchets produits dans l’Union européenne sont des déchets liés à la déconstruction d’immeubles. Comment entamer un cercle vertueux de réutilisation? Avec la solution dopée à l’intelligence artificielle lancée par BIM-Y ce mardi 14 février.

«Il y aura toujours moyen de faire de bonnes affaires!» Le CEO de BIM-Y, , ne dira pas le contraire. Ce mardi, le jour de l’Overshoot Day, le dirigeant de la start-up de modélisation du bâtiment lance un nouvel outil, «Reuse», en partenariat avec le List, le bureau d’études Schroeder & Associés et le Fonds de compensation.

, l’utilisateur qui va aller sur l’onglet «buildings» y découvrira la modélisation de l’Office européen et ses neuf étages, 42.000 mètres carrés, scannés en cinq jours. À chaque étage, il peut aller se promener et rencontrera 4.400 objets de 38 catégories pour l’instant sur lesquels il peut cliquer. À droite de la fenêtre de son ordinateur apparaîtront alors les caractéristiques de l’objet et la possibilité de le réserver. À un moment, l’entreprise de déconstruction saura quels objets elle doit retirer du bâtiment avec précaution et le «client», particulier, bureau d’études ou acteur du secteur immobilier sera averti de venir récupérer et payer cet objet.

Deux heures pour reconnaître 4.400 objets

Le début d’un cercle vertueux dans un secteur qui ne l’est pas toujours. «Il n’y a que 1% des matériaux qui vivent une deuxième vie et 3% qui sont recyclés», assure Jean-Yves Marié. «Le fait de venir le chercher sur le chantier supprime une des barrières à la réutilisation. Plus besoin de chercher un endroit physique pour le stocker, ni même de mettre en place un processus logistique.»

Un projet-pilote a été mené à la gare d’Ettelbruck et 250 tonnes de matériaux ont pu être réutilisées. Après l’Office européen des publications, un autre bâtiment, celui de la Caisse nationale de sécurité sociale, sera aussi mis sur la plateforme.

«C’est une expérimentation», rappelle M. Marié. «Ça nous permet de travailler, avec nos partenaires, sur toute une série de points potentiellement bloquants. Par exemple, on imagine mal une entreprise de déconstruction aller émettre des factures à 12 euros sur un chantier. Nous devons travailler sur l’espace membre du site. Nos algorithmes d’intelligence artificielle, qui n’ont pas mis deux heures à faire l’inventaire des objets, continuent de progresser et pourront petit à petit reconnaître des objets plus finement. Ce ne sera plus seulement une lampe, mais on saura quel type de lampe, un spot, une lampe encastrée…»

Nouvelle ère pour le BTP

«Pour l’instant, c’est le maître d’ouvrage qui devra signer un deal avec l’entreprise de déconstruction, pour s’assurer que les objets seront bien récupérés dans de bonnes conditions. Il s’agira de voir ensuite si cela a un impact sur le climat et l’environnement, au-delà du seul aspect de la revente… et donc de la diminution pour le maître d’œuvre, des coûts liés à la déconstruction», explique-t-il encore.

Les entreprises du BTP pourraient y trouver indirectement un autre avantage: ne pas avoir à passer deux heures à visiter un chantier de déconstruction pour tout cataloguer et tout mesurer. BIM-Y poursuit son «évangélisation» de ses technologies auprès des communes et des bureaux d’études. À Paris, Saint-Gobain fait déjà du pied à la start-up luxembourgeoise pour se lancer dans ce «chantier» où peu d’acteurs ont trouvé des solutions.