En matière d’investissement, le temps est un allié précieux. (Photo: Shutterstock)

En matière d’investissement, le temps est un allié précieux. (Photo: Shutterstock)

Avec l’aide de trois experts, nous avons dressé une liste de dix questions à se poser en matière de planification de la retraite. Et – vous comprendrez pourquoi si vous continuez à lire – non, vous n’êtes pas trop jeune pour commencer à y penser!

1. Avez-vous déjà commencé?

Il ne s’agit pas vraiment d’une question, dans le sens où votre réponse n’a pas d’importance. En effet, à moins d’être déjà à la retraite, il n’est jamais trop tard pour commencer.

Pourtant, à une question sur un âge particulier, Claudia Halmes-Coumont, directrice de La Luxembourgeoise-Vie, répond – un peu ironiquement – «40 ans, c’est déjà tard». «Ce n’est pas trop tard», ajoute-t-elle rapidement. «Mais il vaut mieux commencer très tôt.»

La tentation est grande de remettre à plus tard l’investissement dans la retraite parce qu’elle est lointaine. «Mais», souligne Pierre Blanchet, responsable des solutions d’investissement pour les particuliers chez Amundi, «plus on commence à investir tôt, moins on a besoin d’épargner.»

Le fait qu’il faille être riche pour investir est également un mythe, poursuit M. Blanchet. «En réalité», dit-il, «avec des versements réguliers, même de petits montants, et grâce à la puissance des intérêts composés, il est tout à fait possible d’atteindre ses objectifs financiers.»

«En matière d’investissement, le temps est un allié précieux», affirme-t-il. Il parle encore d’intérêts composés: «les intérêts générés par nos investissements ont un effet boule de neige tout au long de notre vie et leur impact peut être considérable. En effet, l’intérêt lui-même génère de l’intérêt.»

Imaginez que vous avez 30 ans, explique Marc Hengen, directeur général de l’Association professionnelle des assureurs et réassureurs (Aca) du Luxembourg. Vous avez peut-être les moyens de mettre 100 euros de côté par mois. Pourquoi ne le feriez-vous pas? Les gens ne se rendent peut-être pas compte, dit-il, qu’il s’agit d’une solution flexible: «Si, trois ans plus tard, pour une raison quelconque, vous ne pouvez plus épargner cet argent, vous pouvez toujours changer [de régime]. Vous n’êtes pas tenu par le contrat de payer des centaines d’euros par mois.»

2. Quelle est votre stratégie d’investissement?

En matière de produits d’assurance, vous avez le choix entre des produits fixes à rendement garanti et des produits plus variables (fonds) dont vous pouvez choisir les actifs sous-jacents.

M. Blanchet explique que votre stratégie d’investissement doit être guidée par la distance qui vous sépare de la retraite. S’agit-il d’une décennie? De deux ans? De trois?

«Si vous investissez à long terme, il est très important d’investir sur les marchés des capitaux. Les rendements sont beaucoup plus intéressants. C’est une question de risque: plus on est jeune quand on commence, plus on peut prendre de risques, donc il vaut mieux investir dans des fonds. En cas de crise, vous aurez le temps de vous reprendre ou de changer de stratégie.»

Mais lorsque vous atteignez la cinquantaine, explique le directeur de LaLux, il est temps d’adapter vos investissements pour qu’ils soient plus sûrs. En d’autres termes, commencez à placer une plus grande partie de votre argent dans des plans à rendement garanti.

3. Quels sont vos besoins?

«Il est essentiel de définir le capital à constituer», précise M. Blanchet, «qui viendra compléter la pension perçue du régime général. Aurez-vous besoin de compléter vos revenus si votre pension de base s’avère insuffisante pour maintenir votre niveau de vie?» Cela implique d’explorer des éléments tels que vos futures dépenses quotidiennes, le nombre de voyages et de folies que vous voudrez faire, le coût de vos loisirs là où vous souhaitez prendre votre retraite.

4. Votre employeur propose-t-il un régime de pension complémentaire ?

Quelles que soient vos réponses à l’une ou l’autre des questions ci-dessus, un bon point de départ, selon Claudia Halmes-Coumont, est le suivant: vérifiez si votre employeur offre un régime de pension complémentaire. Si c’est le cas, inscrivez-vous. Vous pouvez y verser un maximum de 1.200 euros par an (soit 100 euros par mois). «C’est un véhicule très intéressant», estime la directrice de Lalux, qui précise qu’il est assorti d’avantages fiscaux intéressants.

Ce régime (qui relève du deuxième pilier du système de pension) n’est pas un compte d’épargne ordinaire, mais plutôt un pot de pension spécial, auquel votre employeur contribue et que vous pouvez également utiliser. En prime, le régime couvre le décès et l’invalidité ainsi que la retraite.

Selon l’experte de Lalux, il est de plus en plus important de faire partie de ce type de régime, étant donné que le premier pilier du système de pension, à savoir les contributions publiques, est actuellement soumis au couperet des réformes et qu’il est certain qu’il sera réduit dans les années à venir (si ce n’est pas maintenant, dans les 15 prochaines années).

À la fin de l’année 2024, quelque 2.200 entreprises luxembourgeoises proposaient des régimes de pension complémentaire (couvrant environ 70.000 employés). Malheureusement, cela signifie que tout le monde n’a pas cette possibilité. «Si ce n’est pas le cas», dit Mme Halmes-Coumont, «vous pouvez toujours demander à votre employeur d’en installer un.»

5. Indépendants, avez-vous élaboré votre propre plan ?

Si vous êtes indépendant, vous n’êtes pas en reste: au lieu d’un régime plafonné à 1.200 euros par an, vous pouvez établir votre propre plan et y verser jusqu’à 20% de vos revenus annuels.

6. Avez-vous pensé aux taxes?

«Il est important de prendre en compte les implications fiscales», précise M. Blanchet.

«Il existe certaines mesures fiscales», reconnaît M. Hengen, si vous payez pour votre retraite. Il note que vous pouvez déduire vos primes de votre revenu imposable et que lorsque les prestations sont versées, elles ne sont pas entièrement imposées en tant que revenus. «Il y a donc des avantages à l’entrée et à la sortie.»

Par exemple, pour le régime de retraite complémentaire décrit ci-dessus, vous ne payez pas d’impôt sur ce régime aujourd’hui – lorsque vous y cotisez – et lorsque vous le retirez, explique Mme Halmes-Coumont, vous ne payez qu’une contribution de 1,4% au titre de la dépendance.

7. Avez-vous un contrat d’assurance privé?

Il s’agirait du troisième pilier du système des pensions: si vous payez l’impôt sur le revenu au Luxembourg, vous pouvez souscrire un contrat d’assurance dont la prime s’élève à 3.200 euros par an et qui est entièrement déductible de vos impôts. Le contrat doit avoir une durée minimale d’une décennie et être payable entre 60 et 75 ans. Au moment du versement, le capital est imposable à la moitié de votre pourcentage moyen d’imposition.

8. Diversifiez-vous vos investissements?

«Le mot d’ordre pour une planification efficace de la retraite est la diversification», déclare M. Blanchet. Il est essentiel de ne jamais oublier ce principe fondamental: «il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier».

9. Faites-vous tout ce qui est en votre pouvoir pour assurer votre sécurité financière ?

Pour les retraités, la sécurité financière est primordiale. M. Blanchet a quelques conseils supplémentaires à donner: «Vous pouvez accroître votre sécurité financière en devenant propriétaire de votre résidence principale, ce qui vous évitera de payer un loyer lorsque vous serez à la retraite.» Mais n’oubliez pas, ajoute-t-il, de prévoir un budget pour l’entretien de ce bien.

Il est également important, selon lui, de conserver une partie de ses investissements en liquidités. «Il s’agit de réduire progressivement la part risquée de vos investissements, tout en conservant une autre part dans des placements à moyen terme afin de maintenir un rendement satisfaisant.»

10. Allez-vous prendre votre retraite au Luxembourg ou ailleurs ?

Si vous envisagez de déménager, vous devrez liquider vos régimes de pension avant de partir. Selon Mme Halmes-Coumont, il est donc judicieux d’examiner la convention de double imposition entre les deux pays (le Luxembourg et le pays de destination). C’est important car la convention déterminera où vous devez payer l’impôt sur les trois piliers (public, employeur, privé) des pensions.

«Il est bien réglementé avec nos pays voisins», ajoute-t-elle, «mais pour les autres pays, il faut chercher.»

Pour le reste…

«Les gens pensent que c’est extrêmement compliqué», déclare M. Hengen à propos de l’investissement dans votre retraite. Il est vrai qu’il y a beaucoup de questions à poser. C’est peut-être un peu compliqué. Et si vous vous sentez dépassé? «Faites-vous conseiller», répond-il sans ambages. «Les compagnies d’assurance et leurs intermédiaires sont spécialisés dans ce domaine et cela ne coûte rien. Si vous vous contentez de vous faire conseiller, vous n’êtes pas obligé d’acheter quoi que ce soit.»

Cet article a été rédigé pour le supplément  de l’édition de  parue le 26 février. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

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