«Il est plus important d’être persévérant que brillant. Et courageux aussi plus que d’avoir confiance en soi», a dit le CEO de Spire Global, Peter Platzer, jeudi soir. (Photo: Paperjam / Archives)

«Il est plus important d’être persévérant que brillant. Et courageux aussi plus que d’avoir confiance en soi», a dit le CEO de Spire Global, Peter Platzer, jeudi soir. (Photo: Paperjam / Archives)

Le CEO de Spire Global, Peter Platzer, est peut-être moins clinquant qu’un speaker de TEDx, mais il est plus efficace. Ses bons conseils, distillés sur la scène du Fit4Start, jeudi soir, ont trouvé des oreilles attentives.

Peter Platzer est un homme discret de plus en plus courtisé. Concentré sur le développement de sa start-up, Spire Global, qui a déjà levé plus de 200 millions d’euros et dont Forbes disait dès 2017 qu’elle serait une des prochaines «billion-dollar companies», il est le patron d’une des pépites repérées par le ministre de l’Économie, .

De son intervention sur scène et après en avoir parlé avec lui, ce «3 questions à» reconstitué est un condensé de très bons conseils.

Peter, quel doit absolument être le point de départ d’une start-up?

Peter Platzer. – «De trouver un problème à résoudre. Pas d’apporter une solution à un problème qui n’existe pas! Il s’agit d’abord d’écouter, d’identifier un problème et d’essayer d’y répondre. Avoir une bonne idée ne suffit pas à trouver des financements. Il faut ensuite exécuter, très vite, par itérations successives et rapides. Il ne faut pas être excité par la technologie, mais rester concentré sur le problème. Il faut pouvoir dire directement au consommateur quel est le bénéfice de votre solution!

C’est ce que vous faites avec Spire Global? En profitant de quoi?

«C’est ce que nous essayons de faire, oui. Nous avons vu deux éléments de différenciation. D’abord, le new space est en pleine croissance. Mais le secteur de l’observation de la Terre croît cinq fois plus vite que le secteur dans sa globalité, et ce depuis 2014. Ce qui en fait un accélérateur parfait. Ensuite, et c’est pour cela que nous avons choisi le Luxembourg, il est important d’avoir une régulation adaptée.

En plus d’une économie et d’une politique stables. Entre l’agence spatiale, le cadre légal pour l’exploration des ressources de l’espace et la facilité à faire du business, le Luxembourg a un cadre parfait. Depuis le premier jour, nous sommes quatre, deux ingénieurs et deux businessmen, ce qui nous permet de travailler sur les bases économiques du projet, sur son business plan, mais aussi sur le ou les produits.

Il faut penser à la balance émotionnelle. Dès le premier jour, avoir une entreprise, c’est accepter les montagnes russes émotionnelles!
Peter Platzer

Peter PlatzerCEOSpire Global

Tout à l’heure, dans la salle, il régnait un silence de mort quand vous avez donné vos autres derniers conseils... Rappelez-les-nous!

«Le ‘grit’, d’abord. La persévérance. Il vaut mieux être un entrepreneur persévérant qu’un entrepreneur brillant! On oublie souvent que ceux qu’on considère comme des génies de la musique ont en réalité souvent dépassé les 10.000 heures de pratique. Des études le montrent. Ensuite, il faut du courage.

Pas de la confiance en soi, du courage. Surtout celui d’aller à contre-courant avec la certitude, sans avoir atteint son objectif, qu’on a raison face aux autres. C’est très dur. Et si les deux premiers sont a priori sous notre contrôle, le dernier ne l’est pas: l’argent. Il n’y a rien de rationnel dans la capacité à attirer des capitaux. Même les VC ne sont pas rationnels! Mais sans capital, ça ne peut pas marcher.

Après, il faut penser à la balance émotionnelle. Dès le premier jour, avoir une entreprise, c’est accepter les montagnes russes émotionnelles! Enfin, deux choses: penser à s’entretenir physiquement et à manger sainement, et préserver des moments avec sa famille et ses amis! C’est essentiel.»