Le vice-président du board et président de Microsoft, Brad Smith, a annoncé une série de mesures pour rassurer les Européens dans le contexte géopolitique qui twiste avec Donald Trump. (Photo: Shutterstock)

Le vice-président du board et président de Microsoft, Brad Smith, a annoncé une série de mesures pour rassurer les Européens dans le contexte géopolitique qui twiste avec Donald Trump. (Photo: Shutterstock)

Dans un contexte géopolitique tendu avec l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, le vice-président de Microsoft, Brad Smith, annonce ce mercredi matin, depuis l’Atlantic Council à Bruxelles, bureau européen d’un important think tank basé à Washington, prendre cinq engagements pour l’Europe, ses politiques et ses entreprises et développer ses activités de cloud dans 16 pays, doublant les capacités d’ici 2027.

Quel est l’impact de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche sur les données et la technologie opérationnelle des géants américains en Europe? Si la question taraude les décideurs politiques et les entreprises, malgré les réglementations européennes, le vice-président de Microsoft, Brad Smith, a décidé de prendre la problématique autrement et de s’engager publiquement et fortement.

«Il y a 42 ans, Microsoft lançait la toute première version de Microsoft Word. Ce fut une étape majeure dans le parcours de l’entreprise pour améliorer la productivité grâce à l’innovation. Ce fut aussi le premier grand pas de la jeune entreprise en Europe, avec le premier produit Microsoft localisé en plusieurs langues européennes, à commencer par l’allemand et le français.  Depuis, notre dépendance économique à l’égard de l’Europe n’a cessé de croître. Nous reconnaissons que notre activité repose de manière critique sur la confiance des clients, des pays et des gouvernements à travers l’Europe», a-t-il dit ce matin, depuis le bureau européen à Bruxelles de l’Atlantic Council.

Si M. Smith n’a pas chiffré ces engagements, le vice-président de Microsoft dit quand même que «Microsoft investit des dizaines de milliards de dollars chaque année dans l’expansion de ses centres de données à travers l’Europe. Ces investissements ne sont pas mobiles. Ce sont des structures permanentes, soumises aux lois, réglementations et autorités locales. Comme tout citoyen ou entreprise, nous ne sommes pas toujours d’accord avec toutes les politiques de tous les gouvernements. Mais même lorsque nous avons perdu des affaires devant les tribunaux européens, Microsoft a toujours respecté et appliqué les lois européennes.»

Les engagements présentés aujourd’hui sont le volet européen des engagements de l’entreprise aux États-Unis. Dans le cadre du plan «Investing in America» de l’administration Biden, en mai 2024, Brad Smith avait annoncé un investissement de 3,3 milliards de dollars pour construire un centre de données dédié à l’intelligence artificielle à Mount Pleasant, dans le Wisconsin. Ce projet vise à créer 2.300 emplois dans la construction et 2.000 postes permanents, tout en établissant un laboratoire d’innovation en IA à l’Université du Wisconsin-Milwaukee et une «Data Center Academy», en partenariat avec le Gateway Technical College, pour former plus de 1.000 personnes d’ici 2030.​

Cet investissement s’inscrit dans une stratégie plus large de Microsoft, qui prévoit de consacrer environ 80 milliards de dollars au cours de l’exercice fiscal 2025 pour développer des centres de données compatibles avec l’IA, dont plus de la moitié aux États-Unis. De plus, Microsoft et OpenAI envisagent un projet ambitieux nommé «Stargate», consistant à construire un superordinateur aux États-Unis avec un investissement potentiel de 100 milliards de dollars, prévu pour 2028.

Les cinq engagements

- Aider à construire un large écosystème d’IA et de cloud à travers l’Europe. Cela inclut l’augmentation de la capacité des centres de données européens, la promotion des centres de données de cloud public et souverain, le soutien aux fournisseurs de cloud européens et le respect des lois européennes. Les opérations de centres de données seront étendues à 16 États membres grâce à 200 data centers, avec une hausse des capacités de 40% d’ici deux ans. Cet engagement soutient les centres de données de cloud public (comme Microsoft Cloud for Sovereignty) et souverain (comme Bleu en France et Delos en Allemagne), ainsi que les fournisseurs de cloud européens.

- Maintenir la résilience numérique de l’Europe même en cas de volatilité géopolitique. Microsoft s’engage à contester juridiquement les ordres de suspension des opérations cloud en Europe, à rendre cet engagement juridiquement contraignant dans les contrats avec les gouvernements européens et la Commission européenne, et à établir des partenariats pour la continuité des activités avec des partenaires européens.

- Continuer à protéger la confidentialité des données européennes. Microsoft souligne la mise en œuvre du projet EU Data Boundary, permettant aux clients commerciaux et du secteur public européens de stocker et de traiter leurs données et identifiants personnels pour les services cloud de base au sein des régions de l’UE et de l’AELE depuis janvier 2024. L’entreprise propose des options de sécurité et de chiffrement supplémentaires, telles que Confidential Compute, la capacité de verrouillage (‘lockbox’) pour l’accès aux données, et les clés de chiffrement contrôlées par le client (Azure Key Vault, Microsoft Purview Customer Key) et a un historique de lutte juridique pour protéger les données des clients européens.

- Toujours aider à protéger et défendre la cybersécurité de l’Europe. Microsoft a aidé l’Ukraine à déplacer ses données et à se défendre contre les cyberattaques. L’entreprise nomme un nouveau deputy Ciso pour l’Europe. Ce cadre supérieur sera responsable de la conformité avec les réglementations européennes actuelles et émergentes en matière de cybersécurité, notamment le Digital Operational Resilience Act (Dora), la directive NIS 2 et le Cyber Resilience Act (CRA). Microsoft s’engage à respecter le CRA et à faire appel à un auditeur indépendant pour vérifier et valider ses engagements en Europe.

- Contribuer à renforcer la compétitivité économique de l’Europe, y compris pour l’open source. Sa plateforme Azure AI héberge plus de 1.800 modèles d’IA, dont la plupart sont open source23. L’entreprise a éliminé les frais de transfert de données pour les clients qui choisissent de changer de fournisseur de cloud, facilitant ainsi la portabilité des données23. Microsoft a soutenu des start-up et des entreprises européennes dans l’utilisation de ces outils pour l’innovation.