L’annonce par ING Luxembourg, fin mai, de son retrait du marché de détail local place les autres banques devant un défi sans précédent en termes d’onboarding des clients concernés. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

L’annonce par ING Luxembourg, fin mai, de son retrait du marché de détail local place les autres banques devant un défi sans précédent en termes d’onboarding des clients concernés. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

À une semaine de l’échéance du 30 septembre, les banques n’ont pas fini d’intégrer les 30.000 particuliers dont le contrat a été résilié par ING Luxembourg. Celle-ci «continue de sensibiliser les clients qui n’auraient pas encore clôturé leurs comptes aux démarches à entreprendre», selon l’ABBL.

Plus qu’une semaine. ont théoriquement jusqu’au 30 septembre pour transférer tous leurs avoirs. Suffisant? par la banque, fin mai, de son retrait du marché de détail local. Sans donner de chiffres, les parties prenantes se veulent rassurantes. Le transfert des comptes concernés vers d’autres banques «suit son cours», font-elles savoir en chœur.

Le processus d’offboarding des clients d’ING n’est donc pas terminé. «Pour le moment, nous estimons que le processus suit son rythme naturel et constatons un nombre constant de fermetures de comptes chaque semaine», se contente d’indiquer la principale intéressée. L’enseigne au lion orange a mis en place des mesures d’accompagnement et continue de sensibiliser les particuliers qui n’auraient pas encore clôturé leurs comptes aux démarches à entreprendre.

Les autres banques de détail, dont avait été relevé, ont quant à elles renforcé leur dispositif commercial (pages dédiées sur leurs sites, ouverture de compte en ligne, équipes commerciales renforcées…) pour les accueillir dans les meilleures conditions. Contactées, elles se montrent aujourd’hui peu bavardes.

Nous n’avons identifié aucune problématique spécifique liée à l’ouverture de comptes pour d’anciens clients d’ING.
Fanny Schlesser

Fanny Schlesserresponsable de la communicationRaiffeisen

«L’onboarding de nouveaux clients n’est pas une donnée que l’on souhaite partager avec la concurrence», explique la Bil, précisant que la prise en charge de ceux d’ING «se passe bien»: «Suite à l’annonce de la banque fin mai, nous avons reçu un nombre important de demandes d’ouverture de comptes en juin et juillet, demandes aujourd’hui traitées. Nous continuons à recevoir des demandes venant de clients ING, mais dans des proportions moindres, aussi nous avons toujours quelques dossiers d’ouverture de comptes en cours de traitement.»

«La vague de clients qui étaient auparavant chez ING et qui ont opté pour Post Finance est effectivement terminée», confirme la banque postale. Même constat chez Raiffeisen: «Le nombre de nouvelles ouvertures de comptes motivées par la fin de la relation avec ING a diminué par rapport à mai de cette année, bien qu’il ne soit pas nul. Ces clients suivent notre procédure standard d’ouverture de compte et doivent se conformer aux mêmes exigences, notamment en matière de KYC/AML, que tous les autres clients ou prospects.»

Raiffeisen ajoute n’avoir identifié, à ce jour, «aucune problématique spécifique liée à l’ouverture de comptes pour d’anciens clients d’ING». D’autres sources font état, au contraire, d’un transfert plus compliqué que prévu, en raison d’une discordance entre l’enseigne au lion et les autres établissements dans l’évaluation des risques des clients. Des banques auraient ainsi reçu d’ING des dossiers indiquant un risque, là où elles auraient conclu pour leur part à un profil standard.

Des clients multi-bancarisés

De leur côté, BGL BNP Paribas et la Spuerkeess ne font pas de commentaires – la première a décliné l’invitation, la seconde n’était pas revenue vers Paperjam lors de la publication. Les deux banques ont été éclaboussées cet été par le scandale Caritas, fondation à laquelle elles ont accordé des découverts au plus fort de la fraude. Un dommage réputationnel qui a peut-être affaibli leur position dans la course aux clients d’ING.

C’est là l’élément-clé, et l’attitude des banques le confirme: parmi ces clients qu’on pensait non rentables, d’aucuns présentent en fait un profil intéressant. «ING ciblait notamment les expatriés arrivant au Luxembourg, qui voyaient leur enseigne dès l’aéroport. Il existe donc une clientèle d’expatriés que toutes les banques aimeraient attirer», , Charles Pletsch.

Une chose est sûre: si près de 30.000 particuliers sont touchés, ils n’ont pas ouvert autant de comptes dans d’autres banques sachant qu’une bonne partie d’entre eux en sont déjà clients. «La plupart des clients luxembourgeois sont multi-bancarisés, ce qui facilite le transfert d’avoirs d’une banque à une autre, et la distinction dans les livres des banques entre comptes actifs et inactifs» (c’est-à-dire peu ou plus utilisés par les clients pour des domiciliations, des virements, etc.), signale l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL).

La réaction des autres banques de détail démontre leur appétit commercial et le dynamisme de ce secteur.
Paul Wilwertz

Paul Wilwertzresponsable de la communicationABBL

À l’heure du bilan, l’ABBL rappelle son rôle de facilitatrice entre ses différents membres «afin de contribuer à ce que ces transferts se passent de la meilleure des manières possibles». «Avec le recul, la réaction des autres banques de détail démontre leur appétit commercial et le dynamisme de ce secteur au Luxembourg. Le fait que la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) ait suivi aux côtés des banques le dossier permet de souligner le bon fonctionnement du système de surveillance de la place financière au bénéfice des clients.»

Pour l’association, «cet épisode souligne également la nécessité d’avoir des processus ‘know your customer’ (KYC) et ouverture de comptes efficaces et fluides, point qui est régulièrement sur l’agenda de nos discussions avec la CSSF, et ouvre sans doute certaines perspectives en matière de mutualisation des services et processus dans ce domaine».

, le CEO de l’ABBL, , tenait aussi à rassurer les clients d’ING qui ne réussiraient pas à déplacer leurs avoirs dans les délais: «Si nécessaire, des solutions seront trouvées pour prolonger le délai au-delà des deux mois. Je suis confiant que la situation sera résolue d’ici la fin de l’année.»