Emmanuel Macron et Xavier Bettel en 2018 au moment de la consultation citoyenne. (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne/archives)

Emmanuel Macron et Xavier Bettel en 2018 au moment de la consultation citoyenne. (Photo: Anthony Dehez/Maison Moderne/archives)

La France est la nationalité la plus représentée chez les frontaliers qui travaillent au Luxembourg. Les deux pays entretiennent des relations étroites favorisées par des investissements croisés en biens et services. En vue de l’élection présidentielle, le vœu des entrepreneurs va à la continuité.

Selon les chiffres communiqués par la Chambre de commerce, on compte 801 entreprises françaises établies au Luxembourg. BGL BNP Paribas, filiale d’une banque française, est le premier employeur français au Luxembourg et le cinquième employeur du pays. Sodexo, Société Générale, Accor ou Orange sont également des entreprises bien implantées dans l’économie luxembourgeoise.

D’après les derniers chiffres du Statec (mars 2022), en 2021, la France constituait le deuxième client du Luxembourg (2.257,5 milliards d’euros de biens exportés) derrière l’Allemagne et le troisième pays fournisseur (2.856,2 milliards d’euros de biens importés), derrière la Belgique et l’Allemagne. Le solde du commerce extérieur est donc négatif, à -598,7 milliards d’euros avec la France.

En ce qui concerne les services, les chiffres de 2021 ne seront publiés qu’au second semestre 2022. En 2020, le volume des échanges de services (financiers compris) a atteint 13,8 milliards d’euros, soit presque quatre fois celui des biens (qui était de 3,4 milliards d’euros). La France est le troisième client et le cinquième fournisseur du Luxembourg, avec 5,4 milliards d’euros d’importations et 8,4 milliards d’euros d’exportations de services en 2020.

Selon que l’on soit Luxembourgeois voulant investir en France ou le contraire, les interlocuteurs seront différents.

Je suis un Luxembourgeois qui souhaite investir en France

Dans ce premier cas, il faut s’adresser au département des Affaires internationales de la Chambre de commerce, laquelle délivre de nombreuses informations et organise également des missions économiques en France (présence sur des foires et salons, webinaires, conférences…). «Une sélection de sociétés luxembourgeoises se rendra d’ailleurs sur les salons VivaTech et Eurosatory en juin prochain à Paris», précise Cindy Tereba, directrice du département.

Pour démarrer une activité en France, la Chambre de commerce travaille en étroite collaboration avec le  (BCFL), basé à Paris. Il assure le relais côté français, pour accueillir les Luxembourgeois. «C’est le club d’affaires de référence des Luxembourgeois en France. Il est très actif et est également membre de notre équipe des Affaires internationales à la Chambre de commerce», ajoute Cindy Tereba.

Le BCFL dépend de l’ambassade luxembourgeoise à Paris et dispose aussi d’un bureau à Marseille et à Lille, dans le cadre de la Chambre de commerce trilatérale (Belgique-Luxembourg-France). Il compte environ 240 membres. «Le 31 mars dernier, une grande réception a été organisée à Paris en présence de , et du , avec toute la communauté business», évoque la directrice du département Cindy Tereba.


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Je suis un Français qui souhaite lancer son activité au Luxembourg

Les Français désireux de développer une activité au Luxembourg peuvent quant à eux compter sur la qui existe depuis 25 ans et compte environ 260 membres. Elle organise des événements réguliers sur des thématiques sectorielles ou générales «pour les chefs d’entreprise français ou francophones au Luxembourg», précise sa directrice Alexandra Benel. «Nous sommes le premier point de contact des Français voulant s’établir économiquement au Luxembourg, et travaillons en partenariat avec nos homologues locaux. Nous organisons environ 40 événements par an.»

Il s’agit d’une asbl 100% financée sur fonds propres. L’adhésion s’élève à un montant compris entre 350 et 1.100 euros par an en fonction de la taille de l’entreprise. Les chiffres du volume d’affaires ne sont pas communiqués en 2022; en raison de la crise sanitaire, «ils ne sont pas significatifs de notre activité habituelle», précise la directrice.

Présidentielle: les entreprises soucieuses de la continuité fiscale et sociale

Au Luxembourg, où on est soucieux de conserver des relations commerciales de qualité avec la France, on regardera évidemment avec intérêt le résultat de l’élection présidentielle. 

Fabrice Poncé, président de la Chambre française de commerce et d’industrie au Luxembourg, rappelle: «La majorité des entrepreneurs français avec lesquels nous travaillons sont installés au Luxembourg. Ils sont concernés indirectement par ces élections, certains ne travaillant qu’avec des Luxembourgeois, mais y sont très attentifs. Ceux qui ont une activité transfrontalière sont soucieux des questions de fiscalité et de maintien des avantages sociaux. Ceci dans l’optique de conserver un équilibre fiscal dans leurs activités, mais aussi par rapport au recrutement et à l’organisation. Pendant la pandémie, l’État les a autorisés à organiser le télétravail avec des mesures exceptionnelles. Que va-t-il advenir de tout cela en 2023, surtout pour les frontaliers du secteur services et finance?»

Même son de cloche du côté de la Chambre de commerce luxembourgeoise et du BCFL, comme s’en fait l’écho Cindy Tereba: «Les entreprises luxembourgeoises et françaises de notre réseau sont en faveur d’un gouvernement libéral qui aurait une perception non limitative et réaliste du Luxembourg dans toute sa complexité. Elles se positionneraient davantage en faveur d’une continuité à l’ouverture, telle qu’elles ont pu la connaître avec le gouvernement Macron, qui a su les soutenir pendant la crise sanitaire.»