Outre des réformes internes sur les méthodes de travail, l’année 2025 des parlementaires sera pour Claude Wiseler marquée par trois grands dossiers: les pensions, le logement et la défense de la démocratie. (Photo: Chambre des députés)

Outre des réformes internes sur les méthodes de travail, l’année 2025 des parlementaires sera pour Claude Wiseler marquée par trois grands dossiers: les pensions, le logement et la défense de la démocratie. (Photo: Chambre des députés)

Dans ses traditionnels vœux de Nouvel An, le président de la Chambre des députés a insisté sur les efforts nécessaires pour rendre l’institution plus transparente et plus efficace, au nom de la défense d’une démocratie qu’il estime menacée.

«La démocratie, au Luxembourg comme en Europe, est sous pression. La démocratie aujourd’hui, il faut qu’elle se défende. Et notre institution a un rôle à jouer», estime le président de la Chambre des députés, . Afin de tenir son rang et de remplir cette mission, l’institution a connu de multiples réformes en 2024. Des réformes visant un double objectif: moderniser le travail parlementaire et ouvrir la Chambre vers l’extérieur pour rapprocher les députés des citoyens dans une transparence totale.

La réforme la plus visible, vue de l’extérieur, est la diffusion vidéo des réunions de certaines commissions parlementaires. «Une réforme indispensable à une époque où la crédibilité des institutions démocratiques est de plus en plus jugée à l’aune de leur transparence», indique le secrétaire général Laurent Scheeck. «La retransmission des réunions de différentes commissions atteste de notre volonté d’ouvrir la Chambre vers l’extérieur pour rapprocher les députés des citoyens. Elle permet également de rappeler que le travail des députés ne se limite pas aux seules séances plénières et que les débats en commissions peuvent être très politiques. Et si le temps de parole a été réduit, c’est pour que ce qui se dit à la Chambre soit davantage audible à l’extérieur», complète Claude Wiseler.

Dans cette même optique, la Chambre des députés va renforcer ses actions de sensibilisation et d’éducation sur son rôle et son fonctionnement. La «Maison Gilly», située au 7, rue du Marché-aux-Herbes – espace déserté depuis le 1er juillet 2021 par le Bureau au Luxembourg du Parlement européen et la Représentation de la Commission européenne – a été reprise par la Chambre des députés. Ce nouvel espace sera entièrement dédié aux activités pédagogiques du Parlement.

Adoption du système des semaines bloquées

Le travail parlementaire aura été un chantier majeur en 2024. Parmi les nombreuses initiatives, on note le changement de rythme des réunions du bureau et de la conférence des présidents, qui, au lieu de se tenir toutes les quatre à six semaines, se déroulent désormais tous les quinze jours. «C’était nécessaire pour accélérer le rythme des décisions que nous devons prendre afin de faire avancer les projets», estime Claude Wiseler.

En ce qui concerne l’évolution des conditions de travail, tout part d’un constat largement partagé: le travail parlementaire devient de plus en plus exigeant et complexe. «Face à cela, nous avons réorganisé notre manière de travailler», indique Claude Wiseler. En s’inspirant du modèle du Parlement européen, certaines semaines seront désormais exclusivement consacrées aux travaux en commission, tandis que d’autres seront réservées aux séances plénières, qui se tiendront sur deux journées, les mardis et mercredis, de 9 heures du matin jusqu’à épuisement de l’ordre du jour.

Les commissions se tiendront désormais à des dates fixes, établies dès le début de l’année, avec une plage horaire hebdomadaire attribuée à chaque commission. Ces évolutions, selon Claude Wiseler, permettront de rendre le travail parlementaire plus rapide et plus efficace.

Réformes en stock

À partir du 10 janvier, au nom d’une meilleure transparence, la Cour des comptes contrôlera les finances de l’institution ainsi que celles des fractions et sensibilités politiques. L’année 2025 verra également l’adoption d’un nouveau règlement intérieur pour la Chambre des députés. Parallèlement, des travaux ont été lancés sur le statut des députés et la loi électorale.

Et ce n’est pas tout sur le front des réformes. «L’administration de la Chambre a actuellement une centaine de projets en cours de planification», indique Claude Wiseler. Le président de la Chambre est-il impatient? Il l’admet volontiers, mais justifie cette impatience par une inquiétude existentielle.

Car si, selon le dernier Eurobaromètre, la satisfaction quant au fonctionnement de la démocratie au Luxembourg atteignait 92%, seulement 60% des jeunes déclarent s’intéresser à la politique, d’après une étude Polindex à paraître. Pire, à la question de savoir si la démocratie est le meilleur des régimes, seuls 65 % des jeunes répondent par l’affirmative.

Les priorités de Claude Wiseler

Face à ces défis, Claude Wiseler définit trois priorités.

La première est que le Parlement soit l’endroit où les citoyens se sentent représentés. «Cela exige bien sûr des députés, élus pour ce rôle, une attitude exemplaire et un véritable effort. Les députés doivent écouter les citoyens pour que ces derniers aient le sentiment de pouvoir s’adresser à leurs représentants et partager leurs préoccupations. Ils ont également l’obligation d’expliquer ce qu’ils font.»

La deuxième priorité est que les discussions parlementaires permettent d’aboutir à des compromis. «Dans une confrontation d’idées, il faut aussi savoir aborder celles des autres avec respect», insiste Claude Wiseler, pour qui ce sont les idées qui doivent s’affronter, et non les personnes. «Les attaques personnelles, les remises en question de l’intégrité morale ou la stigmatisation d’une personne ne sont pas acceptables. Le dialogue doit rester respectueux et constructif.»

Enfin, la troisième priorité est que le Parlement soit le lieu où les questions qui tiennent à cœur des citoyens soient débattues. «Aucun sujet n’est trop important pour ne pas être abordé ici.»

D’ailleurs, trois grands dossiers devraient occuper les parlementaires lors du premier semestre 2025, selon Claude Wiseler: les pensions, le logement et les discussions sur la démocratie et sa préservation.