Dans une période marquée par une baisse significative de l’activité sur les marchés financiers mondiaux, le secteur des family offices est apparu comme une exception notable, selon la dernière enquête de KKR, une société d’investissement mondiale qui gère une gamme variée de classes d’actifs alternatifs, notamment le capital-investissement, l’énergie, l’infrastructure, l’immobilier et le crédit. Henry McVey, responsable de la macroéconomie mondiale et de l’allocation d’actifs chez KKR et auteur principal du rapport, a observé qu’alors que la tendance parmi les allocataires est à la prudence, en particulier dans les investissements privés, les responsables des investissements au sein du réseau de family offices de KKR adoptent une approche opposée. Ces CIO prévoient d’augmenter leur exposition aux investissements alternatifs en 2024, à contre-courant de la tendance dominante du marché.
Stratégies d’allocation d’actifs
Henry McVey a souligné que plus de 75 CIO interrogés – 60% gérant des actifs compris entre 1 et 5 milliards de dollars et 19% supervisant au moins 5 milliards de dollars – ont l’intention d’augmenter leurs investissements dans les placements alternatifs. Cette décision, citée par 93% des répondants, est motivée par les avantages de la prime d’illiquidité, qui favorise une croissance du capital fiscalement avantageuse pour les générations futures. En revanche, 44% des répondants ont indiqué que la priorité était la préservation du capital, tandis que 35% seulement se sont concentrés sur la génération de revenus pour satisfaire les besoins des générations actuelles.
Les domaines privilégiés pour l’augmentation des investissements sont le crédit privé, les infrastructures et le capital-investissement, avec une réduction correspondante des actions publiques et des liquidités. Cette réorientation stratégique vise à tirer parti des avantages à long terme et de l’expertise opérationnelle pour surpasser les stratégies d’investissement passives.
En outre, Henry McVey a souligné la tendance croissante des family offices à renforcer leurs capacités d’investissement et de gestion des risques et à rechercher des partenariats avec des généralistes dans des régions et des secteurs où ils ne disposent pas d’une expertise interne. Cette approche reflète l’évolution du paysage de l’investissement, dans lequel les family offices adoptent une stratégie d’allocation d’actifs plus proactive et plus diversifiée.
Préférences en matière de classes d’actifs
L’enquête a révélé un paysage nuancé de préférences en matière d’investissement au sein des family offices, avec une distinction entre les entités plus anciennes et établies et leurs homologues plus jeunes. Les bureaux plus anciens préfèrent les solutions alternatives, en particulier le capital-investissement, tandis que les plus récents explorent et diversifient leurs activités. Ils prévoient notamment une augmentation des investissements dans le crédit privé, les infrastructures et le capital-investissement au détriment des liquidités et des actions publiques en 2024.
Les family offices allouent en moyenne 52% de leurs actifs aux alternatives, soit une augmentation de 200 points de base par rapport à 2020, avec une hausse significative des actifs réels. Cet ajustement vise à inclure des couvertures contre l’inflation et des investissements dans les infrastructures, remédiant ainsi à une sous-exposition antérieure. Les positions en liquidités, bien que toujours élevées, ont diminué depuis 2020, ce qui indique une évolution vers des investissements plus risqués, avec une préférence pour le crédit privé, les infrastructures et le capital-investissement, en particulier au Japon, en Corée et en Inde, par rapport à la Chine.
Stratégies d’investissement
Les stratégies d’allocation d’actifs sont clairement réparties entre les family offices nouvellement créés et ceux qui ont pris de l’ampleur avant la pandémie. Les nouveaux bureaux ont tendance à maintenir des soldes de trésorerie plus élevés et à adopter une attitude prudente à l’égard des fonds spéculatifs et des fonds de capital-investissement. En revanche, les bureaux plus matures préfèrent maintenir des soldes de trésorerie moins élevés et allouer davantage de fonds de capital-investissement, ce qui témoigne d’une approche plus agressive en matière d’investissement.
La préférence pour les actifs réels, tels que les centres de données, la logistique et les entrepôts, souligne un changement stratégique vers des investissements offrant une protection contre l’inflation et s’alignant sur les thèmes post-pandémiques.
En résumant les résultats de l’enquête triennale de KKR, Henry McVey a souligné la nature dynamique des stratégies d’investissement des family offices, en mettant l’accent sur l’augmentation de l’illiquidité et la diversification des classes d’actifs. Cette tendance reflète une réponse stratégique aux conditions actuelles du marché et une évolution plus large de la philosophie d’investissement des family offices vers la croissance à long terme, la gestion du risque et la diversification sectorielle.
Le rapport complet de 29 pages, publié le 12 février 2024, est disponible .
Cet article a été rédigé par en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.