Pour la deuxième année consécutive, René Winkin se place dans les dix premières places du Top 100. «Contrairement à d’autres personnes du classement, c’est ma mission et mon métier d’être influent au quotidien, et c’est normal pour nous d’aspirer à l’être», commente le directeur de la Fedil depuis 2015. Cette fédération créée en 1918 se définit elle-même comme étant «la voix de l’industrie luxembourgeoise».
Deux ans après son premier classement dans le top 10, qu’y a-t-il donc de différent dans la manière dont René Winkin exerce son influence? «Ces deux dernières années, nous n’avons pas changé de positionnement, qui est d’être influents, constructifs, explicatifs et pas trop revendicatifs. Mais il y a eu plusieurs changements depuis 2022: j’ai un nouveau directeur en la personne de Georges Rassel, qui a remplacé Michèle Detaille au printemps. Cela ne change pas grand-chose, il est dans la continuité de ce qui s’est fait auparavant. Il y a eu les élections européennes et nationales, également, donc les interlocuteurs ont changé en partie.»
Lex Delles, qui était déjà aux manettes du ministère des Classes moyennes, a repris les ministères de l’Économie, des PME et de l’Énergie depuis les dernières élections législatives de 2023. «Auparavant, c’était Franz Fayot, du LSAP, qui était ministre de l’Économie. Nous avons très bien travaillé avec lui, mais disons que son parti est assez proche de l’OGBL, donc sur certains sujets, on pouvait ressentir une certaine pression.»
Quid de la nouvelle coalition DP-CSV? «Dans l’accord de coalition, il est écrit que certains chantiers doivent avancer, comme la simplification et l’accélération de certaines procédures, le logement, l’énergie et la modernisation du droit du travail. Il y a des choses définies à l’avance. Quand on anticipe certains sujets, ils sont déjà sur la roadmap du gouvernement. Cela rend notre travail plus facile, car nous avons moins besoin de convaincre qu’il faut s’attaquer à ces chantiers, les fonctionnaires savent plus ou moins ce qui est attendu de leur part, vers où ce gouvernement veut aller. Ça, c’est certainement un changement dans les deux dernières années, parce que nous avons moins besoin d’être influents pour convaincre que quelque chose doit être fait, on peut déjà passer à l’étape d’après et voir comment on pense le faire ou y contribuer.»
À bientôt 57 ans – René Winkin est né le 30 décembre 1967 –, le directeur de la Fedil est aussi à l’aise sur les sujets de l’industrie, de l’énergie, de la géopolitique ou de la politique européenne. «Il faut être en veille permanente, et je suis en contact à la fois avec nos membres industriels, mais aussi les politiques et syndicats de notre pays, ainsi que les parlementaires et commissaires européens qui représentent le Luxembourg à Bruxelles.»
René Winkin se rend quasiment une semaine par mois à l’étranger, «la plupart du temps à Bruxelles et quelquefois dans d’autres villes européennes. Je me déplace principalement dans le cadre de BusinessEurope (une confédération patronale européenne dont il est membre du comité exécutif, ndlr) dont la Fedil est membre. S’y ajoutent mes déplacements pour voir les matchs de football de Liverpool, mais ça, ce sont les week-ends», confirme en riant ce père de trois enfants.
Et le directeur de la Fedil se sent-il assez écouté et suivi? «Sur le plan national, sur les sujets où le gouvernement luxembourgeois peut agir et où il n’y a pas d’intérêts divergents, cela marche plutôt bien. Je n’ai pas l’impression que les hauts fonctionnaires ou les ministres arrivent à des conclusions complètement différentes des nôtres lorsque nous voyons, étudions un sujet et qu’il y a un besoin d’action. Quelque part, nous portons le même agenda: celui du développement économique du pays, des entreprises qui doivent se débrouiller sur un marché dans un contexte international pas forcément facile. Le seul bémol que je mettrais serait en ce qui concernerait l’organisation, qui reste toujours un peu en silo. Certains devraient élargir leur spectre d’action.»
Le plus fin connaisseur et actif supporter de l’industrie luxembourgeoise.
Fidèle à la Fedil
Né le 30 décembre 1967 à Ettelbruck, René Winkin a rejoint la Fedil dès 1991, après des études en sciences économiques, gestion d’entreprise et relations internationales effectuées à Strasbourg. Il y a occupé les postes d’attaché économique, puis de conseiller, avant d’être nommé secrétaire général en 2006. Il a également été responsable du département des affaires industrielles et a assuré le secrétariat général du Groupement pétrolier luxembourgeois (GPL) pendant vingt-trois ans. René Winkin représente les intérêts de l’industrie luxembourgeoise dans plusieurs organes consultatifs et décisionnels nationaux et européens.
Cet article a été rédigé pour Paperjam du mois de janvier 2025 parue le 11 décembre. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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