C’est encore le baptême du feu pour Romain Labé, nommé secrétaire général de l’association IML, le regroupement de l’industrie pharmaceutique innovante qui fédère 60 membres. Il participe aujourd’hui et demain à la deuxième Healthcare Week Luxembourg à Luxexpo. L’occasion de faire connaissance avec ce nouvel acteur du monde de la santé, en cinq questions.
Qui êtes-vous, Romain Labé, et quel a été votre parcours jusqu’alors?
Romain Labé. – «Je suis pharmacien industriel, je fais mes études en France, j'ai un doctorat en pharmacie industrielle. J'ai commencé au niveau professionnel chez Procter & Gamble en France, à Paris, en logistique. Pendant cinq années, j'ai fait beaucoup de logistique au niveau pharmaceutique. Ensuite, j'ai eu envie de me recentrer sur les activités pharmaceutiques et aussi de changer un peu d'air. J'ai ainsi travaillé chez Laboratoires Bailleul au Luxembourg pour l'ouverture de leur hub européen, toujours au niveau logistique. Après cette aventure, je suis passé du côté hospitalier dans la société sœur des hôpitaux Robert Schumann, Santé Service au Kirchberg, autour de l'amélioration continue dans l'hôpital. Puis est arrivé le Covid. J'ai alors fait partie de l'équipe qui a travaillé avec le LIH pour créer le Large-Scale Testing qu'on a présenté au ministère de l'Enseignement supérieur, et j'ai ensuite assuré le Project Management en collaboration avec les Laboratoires Réunis. J'ai aussi participé à développer aussi une production de masques au niveau national. Avec IML depuis le 9 septembre, je peux découvrir un nouveau métier, beaucoup plus axé sur un domaine «public affairs» et où par contre, ce qui est important pour moi, c'est d'avoir la connaissance de l'écosystème pharmaceutique.
Quels sont vos objectifs et vos missions en tant que nouveau secrétaire général d’IML?
«Défendre les intérêts de nos membres, qui sont toutes les industries pharmaceutiques innovantes, et qui ont des médicaments sur le marché luxembourgeois. Notre priorité numéro un, c'est que les médicaments innovants arrivent sur le marché, en temps et en heure.
Les autres missions, c’est de faire connaître IML, qu’elle devienne vraiment un partenaire de discussion dans les différentes problématiques qui peuvent se poser au niveau national. Donc devenir un partenaire de discussion avec les entités publiques, le gouvernement, mais aussi les centres de recherche, les associations de patients… Pour moi, c’est quelque chose d’important parce que je pense que l’industrie pharmaceutique doit discuter aussi avec l’opinion publique, doit montrer ses activités à l’opinion publique et aussi expliquer ce que l’on fait, et pourquoi on le fait.
Comment se présente l’écosystème de l’industrie pharmaceutique au Luxembourg?
«On ne fabrique pas de médicaments ici, au Luxembourg. Par contre, toutes les grandes entreprises de l’industrie pharmaceutique qui font de la R&D distribuent leurs médicaments au Luxembourg. Toutes les innovations arrivent au Luxembourg. IML fédère plus de 60 membres.
Quels sont les défis et challenges en matière d’approvisionnement, et existe-t-il un risque de pénurie?
«Le principal challenge aujourd’hui, c’est de faire en sorte que nos innovations arrivent sur le marché. Mais aussi la disponibilité des produits, pour lesquels nous essayons de travailler main dans la main avec les gouvernements et les hôpitaux. Il y a des projets pilotes autour de notices électroniques pour pouvoir apporter plus rapidement des médicaments d’autres marchés vers le Luxembourg, avec une notice tout de même accessible selon les règles du pays. Aujourd’hui, l’axe principal, c’est de la Belgique vers le Luxembourg. C’est historique. Le ministère de la Santé et les agences belges travaillent beaucoup avec le ministère luxembourgeois de la Santé et les divisions du médicament. C’est un axe qui marche très bien.
Les autres challenges sont l’innovation, le risque de rupture et la visibilité, et, pour finir, la législation changeante. Quant au risque de pénurie, sur des blockbusters comme le paracétamol, il y a des alternatives. Évidemment, les ruptures peuvent exister, mais on essaie au maximum de minimiser ce risque.
Pour vous, c’est quoi le médicament du futur?
«C’est un médicament personnalisé, qui va agir spécifiquement là où le corps en a besoin. Cela va dans le sens de ce que nous voyons partout dans le monde: la personnalisation. Le médicament du futur sera plus efficace, avec moins d’effets secondaires. C’est une vision futuriste lointaine à long terme, mais c’est clairement la vision que j’ai. C’est vrai que ça va dans le sens de la médecine personnalisée.»