Un smartphone en main dès 11 ans, un accès à internet avant l’âge de quatre ans et une présence accrue sur les réseaux sociaux: la quatrième édition du rapport «» publiée ce mardi 11 février 2025, par BeeSecure, à l’occasion de la Journée mondiale Safer Internet Day, met en évidence l’immersion de plus en plus précoce des jeunes Luxembourgeois dans l’univers numérique. Une tendance qui s’accompagne de vives inquiétudes quant aux risques encourus.
Selon l’enquête, réalisée entre juin et juillet 2024 auprès de 916 jeunes âgés de 12 à 30 ans, le premier contact avec des appareils connectés intervient de plus en plus tôt. Ainsi, 42% des enfants découvrent internet avant l’âge de quatre ans, contre 35% en 2023. Avant dix ans, 85% des jeunes ont déjà navigué en ligne.
L’accès aux smartphones suit la même trajectoire: en moyenne, un enfant reçoit son premier téléphone personnel à 11 ans. En 2024, 90% des jeunes en possédaient un avant l’âge de 12 ans, contre 79% en 2022. En parallèle, l’entrée sur les réseaux sociaux se fait en moyenne au même âge, bien que 61% des parents assurent que leurs enfants n’ont pas encore de compte sur ces plateformes.
Un usage prolongé et intensif
Les résultats de l’étude révèlent également une explosion du temps passé sur les écrans. Les jeunes de 17 à 30 ans passent en moyenne en semaine (ne prend pas en compte les jours du week-end) 314 minutes par jour sur leur smartphone, l’équivalent d’environ trois matchs de football et une mi-temps supplémentaire. Chez les 12-16 ans, cette durée atteint 248 minutes (4h 08 min). Les enseignants et les parents, quant à eux, rapportent respectivement 222 minutes et 167 minutes d’usage quotidien.
La majorité des jeunes eux-mêmes jugent leur consommation excessive: 54% des 12-16 ans et 79% des 17-30 ans estiment qu’ils – ou les jeunes en général – passent trop de temps sur leur smartphone. Un constat partagé par 90% des enseignants.
En termes de préférences, WhatsApp (88%), YouTube (87%) et Snapchat (82%) dominent les usages des adolescents de 12 à 16 ans. Chez les 17-30 ans, WhatsApp (95%) reste en tête, suivi d’Instagram (94%).
Les questionnaires menés auprès de 14.000 élèves de 8 à 18 ans lors des formations de sensibilisation de BeeSecure confirment ces tendances: Snapchat, WhatsApp et Instagram figurent parmi les applications les plus populaires. Dans l’enseignement fondamental, WhatsApp (53%) devance Snapchat (37%) et TikTok (22%). Au secondaire, en revanche, WhatsApp (67%) se retrouve derrière «Snap» (74 %).
Les dangers du numérique
Si les écrans sont devenus incontournables, leurs dangers inquiètent parents, enseignants et jeunes adultes. Parmi les principales inquiétudes figurent le temps d’écran excessif, la désinformation, l’exposition à des contenus inappropriés, la protection des données personnelles, l’influence des modèles en ligne (influenceurs), la cybercriminalité ou encore le cyber-harcèlement. Ce dernier est une réalité pour près de 44% des jeunes de 12 à 30 ans.
Autre sujet de préoccupation, les pratiques visant à gagner de l’argent en ligne. Selon l’enquête, 12% des adolescents de 12 à 17 ans ont déjà investi de l’argent dans le trading en ligne, une activité pourtant interdite aux mineurs. Chez les 18-30 ans, 23% déclarent s’être essayés à cette pratique. BeeSecure observe également une tendance similaire pour d’autres formes d’investissement ou de jeux d’argent, notamment les paris sportifs.
La consommation de contenus pour adultes est aussi une réalité. Le sondage révèle que 58% des 12-17 ans et 79% des 18-30 ans estiment que leurs pairs y accèdent au moins «parfois». Presque un tiers (31%) des parents d’enfants âgés de 12 à 16 ans pensent que leurs enfants y ont déjà été exposés.
L’intelligence artificielle, à la fois vue comme une opportunité, un danger ou une combinaison des deux, reste de son côté un sujet de curiosité. Entre 89% et 99% des participants déclarent en avoir au moins quelques notions. Ce sont toutefois les jeunes qui semblent les plus à l’aise avec cette technologie: 3% des parents contre 17% des 12-16 ans se considérant comme des «experts» en la matière.
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«Il est essentiel de garder à l’esprit que les données présentées dans ce document doivent être interprétées avec prudence, en tenant compte des divers contextes de collecte», précise néanmoins BeeSecure. Avant de conclure: «Les résultats des enquêtes ne sont pas représentatifs du Luxembourg dans son ensemble, mais ils indiquent certaines tendances concernant les différents groupes d’âge des enfants et des jeunes.»
En complément de l'enquête menée auprès de 916 jeunes âgés de 12 à 30 ans (87 de 12 à 16 ans et 829 de 17 à 30 ans) et des 14.000 questionnaires remplis, Bee Secure s’est également appuyé sur une étude réalisée auprès de 541 parents – dont 281 ayant des enfants de 3 à 11 ans et 260 des enfants de 12 à 16 ans – ainsi que sur les témoignages de 477 membres du personnel éducatif.