Eduarda Macedo, conseillère à Luxembourg. (Photo: déi Gréng)

Eduarda Macedo, conseillère à Luxembourg. (Photo: déi Gréng)

Dans une société luxembourgeoise composée de 47,2% d’étrangers, il s’avère crucial que ceux-ci s’investissent localement dans la vie politique et sociale. À un an des prochaines élections communales, voici cinq exemples pouvant être autant de sources d’inspiration.

Eduarda Macedo

Conseillère à Luxembourg

Le 1er décembre 1985. Eduarda Macedo se souvient comme si c’était hier de la date de son arrivée au Luxembourg. «C’était un dimanche, à un mois de l’entrée du Portugal dans l’Europe, sourit cette Portugaise née à Lisbonne en août 1959. Le lendemain, je commençais à travailler à la Commission européenne, en tant que traductrice, alors que j’étais psychologue de formation.» À l’époque, elle cherchait à quitter le Portugal, s’intéressait à la construction européenne et souhaitait se rapprocher de l’Allemagne… pour des raisons sentimentales. Un amour dont est né un fils, en 1989, qui l’a poussée à rester au Luxembourg, «où la vie était plus facile».

La Commission européenne, elle ne l’a quittée qu’en mai dernier, prenant sa retraite après 37 années d’une carrière qui a renforcé son intérêt pour la politique. Convaincue de rejoindre déi Gréng par l’ancienne députée Viviane Loschetter, elle est candidate aux élections communales de 2011 et 2017 en tant que citoyenne portugaise. «Parce que je m’en sentais capable et qu’il est important, dans notre société, que des non-Luxembourgeois se présentent. Il faut donner l’exemple. Et si ma présence peut aider…»

José Vaz do Rio, échevin à Bettendorf. (Photo: DR)

José Vaz do Rio, échevin à Bettendorf. (Photo: DR)

José Vaz do Rio

Échevin à Bettendorf

José Vaz do Rio (65 ans) s’est fait connaître en octobre 2017 lorsqu’il aurait pu devenir, à Bettendorf, le premier bourgmestre portugais du Luxembourg. «C’est moi qui comptabilisais le plus de voix. Mais, après y avoir réfléchi toute une nuit, j’ai refusé le poste… On ne s’improvise pas capitaine du jour au lendemain», explique celui qui a obtenu la double nationalité juste après ce scrutin. Sans attache à un parti politique, mais de tendance plutôt libérale, il est un adepte du step by step. Six ans en tant que conseiller communal (2011-2017), puis échevin durant la législature actuelle, il briguera peut-être la place de bourgmestre en juin 2023. Du moins, s’il se présente. Ce qui n’est pas encore certain…

En 1978, par contre, il n’avait guère hésité à rejoindre le Luxembourg. Papa d’un enfant alors âgé de quelques mois, le natif de Vila Pouca de Aguiar avait quitté son Portugal natal et son travail dans la mine d’or locale pour une place dans le domaine de la construction, puis au sein de l’usine Goodyear à Colmar-Berg. «Je voulais donner un avenir aux miens. C’était la meilleure solution», sourit ce papa ayant trois enfants et quatre petits-enfants.

Victoria El-Khoury, conseillère à Strassen. (Photo: Studio Andrea)

Victoria El-Khoury, conseillère à Strassen. (Photo: Studio Andrea)

Victoria El-Khoury

Conseillère à Strassen

Née en septembre 1977 au Liban, précisément à Byblos, une ville connue comme étant l’une des plus anciennes au monde, Victoria El-Khoury est arrivée au Luxembourg voici 15 ans. «Après des études en pharmacie au Liban, je voulais poursuivre avec un doctorat à l’étranger. Je l’ai effectué – en biologie cellulaire et moléculaire – à Reims, puis, de là, cherchant un poste postdoc, je suis arrivée au Luxembourg en 2007. Au CRP-Santé, qu’on appelle désormais le Luxembourg Institute of Health», raconte cette chercheuse en cancérologie.

Quant à la politique, la conseillère communale LSAP (depuis 2020) est tombée dedans… grâce à des cours de cuisine. «J’en ai d’abord suivi dans un but d’intégration, avant d’en donner moi-même sur la cuisine libanaise. Un hobby qui m’a permis de rencontrer pas mal de monde au sein de la commune de Strassen.» Et de taper dans l’œil du LSAP. Un parti qui convenait à ses «idées socialistes». Actuelle présidente de la commission d’intégration de sa commune, elle fait aujourd’hui partie des noms cités à Strassen comme bourgmestre potentielle en vue du scrutin de 2023.

Thomas Wolter, bourgmestre de Waldbredimus. (Photo: DR)

Thomas Wolter, bourgmestre de Waldbredimus. (Photo: DR)

Thomas Wolter

Bourgmestre de Waldbredimus

Né en Allemagne de l’Est, à Dessau, voici 59 ans, Thomas Wolter a passé les 27 premières années de sa vie de l’autre côté de ce qu’on appelait le «rideau de fer». Avant d’arriver au Luxembourg en 1990, un an après la chute du mur de Berlin. Ce qui provoqua un triple changement dans la vie de cet ingénieur. «Sortant alors d’un monde universitaire au sein duquel j’avais travaillé quatre ans après la fin de mes études, je me lançais dans la vie active. Et cela, dans un pays différent de l’Allemagne, et, qui plus est, ‘à l’Ouest’. Jusqu’alors, la vie en Europe de l’Ouest, je ne l’avais vue qu’à la télévision. D’un coup, cela devenait ma réalité…» Autre réalité pour lui, la double nationalité, qu’il demanda dès qu’elle fut possible, en 2008. «Simplement parce qu’elle correspondait parfaitement à ce qu’a été ma vie, partagée entre l’Allemagne et le Luxembourg», conclut ce bourgmestre sans attache à un parti politique, et qui pourrait rester comme le dernier de la petite commune de Waldbredimus (1.300 habitants), une fusion avec celle de Bous étant programmée au 1er septembre 2023, après le prochain scrutin communal.

Natalie Silva, bourgmestre de Larochette. (Photo: CSV)

Natalie Silva, bourgmestre de Larochette. (Photo: CSV)

Natalie Silva

Bourgmestre de Larochette

«Je pense que la phrase que j’ai le plus entendue, c’est: ‘Mais vous maîtrisez parfaitement le luxembourgeois…’, sourit Natalie Silva. Il faut dire que ma nationalité luxembourgeoise n’est pas la première chose qu’on remarque. Avec ma couleur de peau, on voit davantage mes origines étrangères. Mais tout ça est souvent dit sans méchanceté, plutôt avec une pointe de surprise dans la voix.»

Natalie Silva ne semble donc pas en prendre ombrage, elle qui est devenue, depuis sa victoire en octobre 2017 à Larochette lors des élections communales, un des symboles de la diversité, voire de l’intégration luxembourgeoise. Et ce, alors qu’elle est née à Ettelbruck voici 41 ans et qu’elle a été éduquée dans une famille «à l’esprit très ouvert, avec une maman qui voulait avant tout qu’on s’adapte à ce pays». Une maman originaire du Cap-Vert, tout comme son papa, qu’elle a vu s’engager au sein de plusieurs associations. Ce qui l’a motivée à le faire à son tour en politique, au CSV. «Un choix qui coulait de source pour moi, tant ce parti est celui que j’ai vu toute ma jeunesse.»

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  parue le 25 mai 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

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