Kleos n’aura pas eu le temps de démontrer la fiabilité ni l’intérêt de sa technologie. (Photo: Kleos Space)

Kleos n’aura pas eu le temps de démontrer la fiabilité ni l’intérêt de sa technologie. (Photo: Kleos Space)

Kleos Space a confirmé ce mercredi à la Bourse de Sydney, où sa cotation avait été suspendue depuis début mai, qu’elle allait se mettre en faillite. Soit exactement cinq ans après son arrivée au Luxembourg. 

(Cet article a été modifié ce jeudi à 9h30. La société auprès de laquelle Kleos avait négocié un billet de dette était l’australienne Pure Asset Management et non Pure Capital.)

Space X a échappé à la faillite, à ses débuts, au tout dernier moment au soir de Noël, par un miraculeux contrat avec la Nasa. Kleos Space n’aura pas cette «chance». Après des mois de difficultés financières, l’entreprise battant pavillon luxembourgeois, invitée depuis 2017 à s’établir au Luxembourg dans le cadre de la politique de «new space» d’ (LSAP), avait indiqué ce mardi 25 juillet, à la Bourse de Sydney où elle était cotée, qu’elle ne parviendrait pas à trouver de financement «temporaire» pour attendre d’éventuelles rentrées d’argent.

«Le conseil d’administration de la société n’a eu d’autre choix que de constater que la société n’est pas en mesure de respecter ses engagements financiers à leur échéance et qu’il n’y a aucune perspective d’hébergement financier alternatif viable et demandera, en conséquence, au tribunal d’arrondissement compétent de Luxembourg de prendre une décision de faillite. L’entreprise prépare des documents à l’appui de la requête, qui doivent être déposés dans les 30 jours. De plus amples détails, y compris les coordonnées de tout séquestre nommé, seront fournis une fois et si la requête a été jugée», dit le communiqué signé par le CEO, Alan Khalili, au gendarme de la bourse australienne.

Début juin, Kleos avait annoncé vouloir utiliser 400.000 euros du billet de dette de 10 millions australiens (6,1 millions d’euros) sur quatre ans et à 12%, auprès de Pure Asset Management, pour tenter de sortir de cette ornière.

Des pertes cumulées de plus de 7,3 millions d’euros

Si la société n’était pas en règle avec ses obligations luxembourgeoises, à l’ASX, elle avait déclaré des revenus en hausse de 117% en 2022 à 272.000 euros, avec des pertes cumulées de plus de 7,3 millions d’euros. Selon nos calculs, l’État luxembourgeois a investi de 1 à 1,5 million d’euros dans l’aventure qui employait 22 personnes. Dans le rapport annuel, Kleos Space  expliquait que l’Agence spatiale luxembourgeoise avait mis fin à sa licence de spectre puis l’avait prolongé de deux mois jusqu’à fin février, avant de la reconduire après une nouvelle phase administrative.

Au premier trimestre, Kleos Space annonçait avoir enregistré des revenus de plus d’un million d’euros et être en phase de finalisation de plusieurs contrats, un avec une agence américaine, un autre avec une agence britannique et un troisième en Europe. Une nouvelle occasion de rappeler une difficulté majeure du secteur: avoir accès à la commande publique pour survivre, rare en Europe, prenant plus de temps aux États-Unis.

Elle avait aussi signé un accord avec la britannique Ursa Space Systems pour prendre part à la plus large banque d’images satellitaires au monde de très haute qualité.

Neuf des 16 satellites que Kleos Space a lancés en orbite par groupes de quatre ont développé des problèmes potentiellement graves ou deviendront inutiles d’ici la fin de 2024, a déclaré Kleos Space, cité par LuxTimes qui a annoncé la faillite en premier.

Début juillet, les fondateurs, Andy Bowyer et Peter Round étaient revenus aux manettes de leur entreprise, logée au Parc Luxite, où doit naître le Space Campus.