Philippe Ledent estime que le quatrième trimestre ne sera pas bon. Reste à voir comment les entreprises se seront préparées en vue de la deuxième vague. (Photo: Maison Moderne)

Philippe Ledent estime que le quatrième trimestre ne sera pas bon. Reste à voir comment les entreprises se seront préparées en vue de la deuxième vague. (Photo: Maison Moderne)

Le retour en force du coronavirus et les mesures à nouveau mises en place un peu partout en Europe pour contrer sa progression font à nouveau peser des risques sur les économies. Expert economist chez ING Belux, Philippe Ledent s’inquiète des dégâts possibles de cette seconde vague.

Les indicateurs économiques publiés cette semaine ont clairement été occultés par les mauvaises nouvelles liées à la pandémie. La brutale remontée du nombre de cas de Covid-19 dans les pays européens fait revenir l’incertitude au premier plan. Dès lors, savoir que l’activité économique a continué de se redresser en septembre devient obsolète: seule prime l’incertitude des prochains mois.

Les décisions prises dans différents pays européens cette semaine pour contrer ce qu’il faut à présent appeler la deuxième vague de la pandémie en Europe vont assurément impacter la confiance des agents économiques et l’activité. De plus, les chiffres montrant pour le moment une accélération du nombre de nouveaux cas, il est très difficile, voire impossible de savoir à ce jour l’ampleur de la deuxième vague. Ce n’est qu’une fois entamée la décélération du nombre de nouveaux cas que la situation deviendra un peu plus claire. Dès lors, l’ampleur des mesures qui devront être prises est encore incertaine. Il est probable que de nouveaux tours de vis soient nécessaires pour ralentir la propagation du virus. In fine, l’impact économique est donc lui-même incertain.

La capacité des États à compenser les pertes subies par de nombreux secteurs sera également déterminante.

Philippe Ledentexpert economistING Belux

Dans ce contexte, après le rebond des économies au troisième trimestre, il est de plus en plus clair que le quatrième trimestre ne sera pas bon. Il se soldera probablement par une croissance à nouveau négative dans de nombreux pays européens, en raison des mesures de confinement, même partiel. L’ampleur de ce nouveau choc dépendra de nombreux éléments: la situation financière de nombreuses entreprises s’étant détériorée par la première vague de la pandémie, la deuxième vague risque de faire davantage de dégâts. Par contre, on peut espérer que de nombreuses entreprises auront adapté leurs structures afin de mieux poursuivre leur activité malgré de nouvelles mesures de confinement (télétravail, livraison à domicile, site de vente en ligne, mesures de protection sur le lieu de travail,…). Enfin, la capacité des États à compenser les pertes subies par de nombreux secteurs sera également déterminante, de même que le maintien ou non des mesures de chômage temporaire instaurées en mars par de nombreux pays.

Si cela ne suffisait pas, les discussions autour de l’accord commercial entre le Royaume-Uni et l’Union européenne afin de «gérer» l’après-Brexit semblent de plus en plus dans l’impasse, au point que Boris Johnson appelle les Britanniques à se préparer à un «no deal». Bref, les nuages se sont fortement accumulés cette semaine sur la conjoncture économique.