est responsable de la gestion d’actifs chez KPMG pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Elle est une figure active de la communauté financière luxembourgeoise. En tant que partenaire d’audit, elle a travaillé pour des clients dans un large éventail d’activités d’investissement, allant des OPCVM traditionnels aux investissements alternatifs, en passant par les investissements pour les compagnies d’assurance. Elle est passionnée par la transformation fondamentale qui s’opère dans l’industrie des fonds et est prête à aider les acteurs de ce secteur à fournir des solutions, à réduire les coûts et à contribuer à une meilleure société, notamment en accordant plus d’importance aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance. Elle est convaincue qu’un secteur plus efficace et plus durable profitera à tous.

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?

«Comme beaucoup de femmes dans des rôles exigeants, trouver un équilibre entre les responsabilités professionnelles et les engagements personnels est parfois difficile. Les femmes peuvent rencontrer des difficultés à gagner et maintenir leur crédibilité en raison de perceptions biaisées sur leurs compétences et leur capacité à diriger. J’ai constaté au cours de ma carrière une évolution très importante des contraintes techniques et réglementaires, il a fallu s’adapter, acquérir de nouvelles compétences. Mes responsabilités ont continuellement évolué, ne me laissant jamais l’occasion de me reposer sur mes lauriers. J’ai souvent ressenti une pression supplémentaire de prouver ma valeur.

Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou scepticismes à votre égard?

«Avec résilience, je m’efforce de suivre mes convictions et de réaliser ce qui me motive, tout en m’adaptant aux attentes qui pèsent sur moi. Trouver un équilibre entre ces deux aspects est essentiel. En me concentrant sur les aspects positifs des situations et des personnes, j’ai pu progresser tout au long de ma carrière.

Pensez-vous que l’égalité homme-femme progresse au sein des conseils d’administration? Pourquoi?

«À mon avis, les femmes continuent d’être significativement sous-représentées dans les Conseils d’Administration ainsi que parmi les décideurs économiques en général. Cette problématique était déjà présente au début de ma carrière et, selon moi, n’a pas suffisamment évolué au cours des 25 dernières années. Les raisons de cette stagnation sont nombreuses et nécessitent une transformation profonde de la société. Dans tous les domaines, secteur financier compris, les femmes doivent encore se battent pour obtenir les mêmes opportunités et reconnaissances que les hommes, parfois elles n’osent pas là où les hommes s’affirment davantage.

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils? Sont-ils nécessaires ou contre-productifs selon vous?

«Je n’aime pas les quotas mais j’en viens à penser qu’ils sont nécessaires pour atteindre une meilleure parité et concrétiser les efforts et bonnes intentions. Leur efficacité dépend vraiment de la façon dont ils sont mis en œuvre et du contexte culturel et organisationnel mais il est essentiel de les accompagner d’autres actions pour promouvoir une véritable égalité des chances.

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«Ayant eu le privilège de mener une carrière épanouissante, je suis particulièrement sensible aux questions de diversité et d’égalité des sexes. Je souhaite ardemment soutenir l’avancement professionnel d’autres femmes, même si cela peut parfois être un défi dans un environnement où les critères de performance sont souvent uniformes et évalués principalement par des hommes.

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«Un conseil d’administration composé de personnalités différentes, plus représentatif de la société actuelle, est mieux à même de répondre aux nouvelles attentes des clients et peut conduire à une prise de décision plus équilibrée et innovante. Les employés se sentent ainsi mieux représentés et s’engagent davantage.

Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?

«Pour que la parité devienne une réalité, il est essentiel que les décideurs soient profondément convaincus de ses avantages. Ils doivent se fixer des objectifs concrets et montrer l’exemple au plus haut niveau. La parité politique pourrait servir de modèle inspirant.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?

«Ne réfléchis pas trop, tu trouveras les ressources et les soutiens pour réussir. Fais confiance à ton instinct, persévère malgré les obstacles, et souviens-toi que chaque défi est une opportunité de croissance.

Pour finir, avez-vous une anecdote ou un moment marquant dans votre parcours qui illustre la réalité d’être une femme dans ce rôle?

«En tant que seule femme francophone et représentante d’un petit pays parmi des leaders anglophones, je vois souvent cela comme une opportunité unique. Même si je dois parfois reformuler mes idées pour être comprise, cela m’a appris que ma perspective unique est une véritable force.

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Qu’est-ce que vous lui déconseilleriez?

«Sois déterminée et claire sur tes objectifs tout en développant tes compétences et ton réseau. Ne te laisse pas décourager par les difficultés, elles sont inévitables. Garde à l’esprit que la chance joue un rôle, alors reste ouverte aux opportunités et continue à avancer!»