La prochaine Commission von der Leyen, selon les mots de sa présidente, aura trois priorités: «la prospérité, la sécurité et la démocratie, le tout dans un contexte de compétitivité au service des deux transitions, numérique et durable. Ce sont des sujets transversaux qui concerneront tous les commissaires». En conséquence, les compétences des commissaires seront moins figées «afin que l’action de la Commission soit plus fluide et mieux coordonnée», comme l’a demandé Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité.

obtient le portefeuille de l’Agriculture et de l’Alimentation. Sa mission sera de mettre en œuvre les conclusions du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture. «Sur la base de ce dialogue stratégique, il élaborera une vision pour l’agriculture et l’alimentation dans les 100 premiers jours du mandat de la Commission», a indiqué Ursula von der Leyen. Pourquoi l’Agriculture pour Christophe Hansen? La présidente de la Commission a mis en avant les compétences de l’intéressé dans ce domaine, rappelant au passage que la nomination d’un commissaire est une compétence nationale. «Je peux discuter avec les gouvernements, mais au final, ce sont eux qui décident.»

Un choix de portefeuille «salué» par Luc Frieden

Le Premier ministre (CSV) a salué ce mardi 17 septembre le choix de Christophe Hansen (CSV) au poste de commissaire européen en charge de l’agriculture, «l’un des portefeuilles les plus importants de la Commission puisque la Politique agricole commune représente environ un tiers du budget de l’Union européenne. L’agriculture est devant des défis considérables, il faut redéfinir l’avenir de l’agriculture qui est essentielle pour notre souveraineté. C’est un défi énorme et nous saluons le choix qui a été fait, c’est une excellente nouvelle pour le Luxembourg», a-t-il ainsi commenté en fin de matinée.

«C’est le choix de la présidente de la Commission, mais c’était dès le début notre choix et notre souhait d’avoir pour le Luxembourg un portefeuille important pour éviter qu’on ne dise les grands pays reçoivent les portefeuilles importants, les petits le reste, je crois que c’est une commission équilibrée. Pour le portefeuille de l’agriculture et de l’alimentation, je crois que Mr Hansen est un excellent candidat, qui a travers ses origines aussi, son père et son frère étaient agriculteurs, il vit cela dans son cœur. Au Parlement européen également, il a souvent parlé de ces sujets, il connait le milieu agricole donc je crois que c’est un profil qui est idéal pour ce portefeuille, et je crois qu’il passera un très bon oral au Parlement européen», explique le Premier ministre luxembourgeois.

Six vice-présidences

Ursula von der Leyen sera entourée par six vice-présidents exécutifs.

Teresa Ribera Rodríguez sera en charge de la transition propre, juste et compétitivité;

Henna Virkkunen sera en charge de la souveraineté technologique, de la sécurité et de la démocratie;

Stéphane Séjourné sera en charge de la prospérité et de la stratégie industrielle;

Kaja Kallas, Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères aura le portefeuille de la politique étrangère et de la sécurité.

Roxana Mînzatu aura en charge les personnes, les compétences et la formation.

Raffaele Fitto sera en charge de la cohésion et des réformes.

Les compétences des vingt autres commissaires, dans l’ordre de leur présentation par Ursula von der Leyen sont réparties de la manière suivante:

Maros Sefčovič sera en charge du Commerce, de la sécurité économique, des relations interinstitutionnelles et de la transparence;

Valdis Dombrovskis sera en charge de l’économie et de la productivité ainsi que de la simplification. Simplification, une des pierres angulaires du rapport Draghi;

Dubravka Suica sera la première commissaire en charge de la Méditerranée;

Olivér Várhelyi sera en charge de la santé et du bien-être animal;

Wopke Hoekstra sera en charge du climat et de la croissance propre;

Andrius Kubilius chapeautera les questions de défense et d’espace;

Marta Kos, sous réserve que le parlement slovène ratifie sa candidature, sera responsable de l’élargissement;

Josef Síkela sera chargé des partenariats internationaux;

Costas Kadis aura compétence sur la pêche et les océans;

Maria Luís Albuquerque sera en charge des services financiers et de l’union de l’épargne et de l’investissement;

Hadia Labib sera en charge de la résilience et de la gestion des crises ainsi que de l’égalité;

Magnus Brunner s’occupera des affaires intérieures et des migrations;

Jessika Roswall sera en charge de l’environnement, de la gestion de l’eau et de l’économie circulaire compétitive;

Piotr Serafin sera en charge du budget, de la lutte contre la fraude et de l’administration publique;

Dan Jørgensen sera le premier commissaire au logement. Il s’occupera également de l’énergie;

Ekatarina Zaharieva sera responsable des start-ups, de la recherche et de l’innovation;

Michael McGrath sera en charge de la démocrate, de la justice et de l’état de droit;

Apostolos Tzitzikostas sera en charge des dossiers du transport durable et du tourisme;

Christophe Hansen sera chargé de l’Agriculture et l’Alimentation;

Glenn Micallef s’occupera des dossiers de l’équipe intergénérationnelle, de la jeunesse, de la culture et du sport.

Derniers ajustements

Depuis la première liste des commissaires arrêtée le 1^er septembre dernier, trois changements ont donc eu lieu. Le premier, politique, est la démission de Thierry Breton après savoir appris qu’Ursula von der Leyen avait demandé sa tête à Emmanuel Macron. Qui a nommé à sa place Stéphane Séjourné.

Deux modifications ont été effectuées au nom du rééquilibrage entre les sexes, première critique adressée à la liste von der Leyen. Tomaž Vesel a dû céder sa place, à la demande d'Ursula von der Leyen, à Marta Kos, ancienne ambassadrice de Slovénie en Allemagne et en Suisse. Victor Negrescu (Roumanie – S&D), eurodéputé et membre du Parti social-démocrate roumain, a également cédé sa place à une femme, Roxana Mînzatu, également députée européenne roumaine et membre du groupe S&D.

En revanche, le critère de parité des genres n’a pas été respecté lors de la nomination de Julian Popov, ancien ministre bulgare de l'Environnement et de l'Eau, préféré à l'ancienne ministre des Affaires étrangères, Ekaterina Zaharieva. La Bulgarie a été le seul pays à répondre favorablement au souhait d'Ursula von der Leyen de voir les pays présenter deux candidats, un homme et une femme.

Au final, la Commission von der Leyen 2 compte seize hommes et onze femmes. «Soit 40% contre 22% le 1^er septembre» insiste la présidente qui rajoute que sur les six vice-présidents exécutifs, quatre sont des femmes. Femmes qui occupent les postes de présidente de la Commission et Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères. Deux des quatre «top jobs» de l’Union, les deux autres étant le président du conseil – poste occupé par le portugais  António Costa – et la présidente du Parlement européen, poste détenue par Roberta Metsola.

De quoi relativiser les critiques relatives au manque de diversité de genre dans la gouvernance de l’UE.

Pour ce qui est des équilibres politiques, la Commission von der Leyen 2 est dominée par le PPE qui compte quatorze représentants. Les socialistes du groupe S&D et les libéraux de Renew ont cinq commissaires chacun, le groupe populiste ECR a un représentant. Trois commissaires revendiquent une étiquette d’indépendants.

C’est désormais au Parlement européen de valider les commissaires dont les auditions devant les commissions parlementaires compétentes devraient commencer à la fin du mois.