Directrice adjointe et CIO de l’Adem, est aussi membre de la Commission contentieux, règlement et sécurité de la Ville de Luxembourg. Pendant six ans, de 2010 à 2016, elle était membre du conseil d’administration et trésorière de HL7 Luxembourg, l’autorité mondiale en matière de normes d’interopérabilité des technologies d’information sur la santé, avec des membres dans plus de 55 pays. HL7 Luxembourg a pour objectif de promouvoir et d’adapter ces normes au Luxembourg afin que les systèmes informatiques de santé communiquent mieux entre eux.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?
«Les principaux défis incluent le besoin constant de prouver sa légitimité dans un environnement parfois encore marqué par des stéréotypes, ainsi que le manque de modèles féminins dans les conseils d’administration. Cela peut également se traduire par des opportunités limitées pour occuper des postes de présidence ou de vice-présidence.
Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?
«Je privilégie une approche basée sur les faits et les résultats. En montrant ma maîtrise des sujets abordés, mon expertise et en établissant un dialogue respectueux, j’essaie de transformer le scepticisme en reconnaissance de mes compétences.
Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration? Pourquoi?
«Oui, des progrès sont perceptibles, notamment grâce à des initiatives législatives et à une prise de conscience croissante de l’importance de la diversité. Cependant, le rythme de cette évolution reste encore trop lent, et des efforts plus soutenus sont nécessaires pour parvenir à une véritable parité.
Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils? Sont-ils nécessaires ou contre-productifs selon vous?
«Les quotas sont un outil nécessaire pour accélérer la transition vers une représentation équilibrée. Sans ces mécanismes, le changement serait bien plus lent. Ils ne doivent cependant pas être une fin en soi, mais plutôt un levier pour créer une culture inclusive.
En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?
«Absolument. En tant que femme, il est important de servir de modèle et de soutenir des initiatives qui favorisent l’accès des femmes aux postes décisionnels. Cela inclut également la promotion d’une culture d’inclusion au-delà du genre.
Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?
«La diversité enrichit les débats et améliore la prise de décision. Elle permet de considérer une plus grande variété de perspectives, ce qui réduit les risques de pensée uniforme et favorise l’innovation. Les études montrent également que les entreprises ayant des conseils diversifiés performent mieux sur le plan financier.
Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?
«Des politiques ambitieuses de quotas combinées à des programmes de mentorat, des formations en leadership pour les femmes et des actions de sensibilisation dès le plus jeune âge pourraient encourager une meilleure parité. La transparence dans les processus de recrutement est également essentielle.
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?
«Croyez en vos compétences et osez franchir le pas. Les femmes apportent une perspective unique qui est indispensable. Entourez-vous de mentors et d’alliés, et ne laissez pas la peur de l’échec vous freiner. Chaque étape, même petite, contribue à ouvrir des portes pour vous et pour les autres femmes.
Pour finir, avez-vous une anecdote ou un moment marquant dans votre parcours qui illustre la réalité d’être une femme dans ce rôle?
«Lors de mes débuts en tant que membre d’un conseil d’administration, j’ai ressenti que mes contributions étaient parfois mises de côté. Les échanges semblaient souvent se dérouler entre les hommes autour de la table, me laissant avec l’impression d’être tolérée mais pas réellement considérée à ma juste valeur. Pour la réunion suivante, j’ai décidé de me préparer minutieusement sur un sujet clé et d’intervenir de manière stratégique. Cette approche a marqué un tournant: mes arguments ont été écoutés et pris en compte, et j’ai enfin pu me faire entendre. Ce moment m’a appris l’importance de la préparation et de l’affirmation dans un tel environnement.
Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?
«Je lui conseillerais de croire en ses capacités et de ne pas hésiter à occuper l’espace qu’elle mérite. S’entourer d’un réseau de soutien, identifier des mentors et chercher des opportunités pour se former et se développer sont des étapes essentielles. Je lui dirais également d’oser exprimer ses idées, même si cela peut sembler intimidant au début.
En revanche, je lui déconseillerais d’essayer de se conformer à des attentes extérieures ou de chercher à correspondre à une image idéalisée. Il est inutile de se taire ou de minimiser ses ambitions pour ne pas ‘déranger’. Enfin, je lui dirais de ne pas attendre que tout soit parfait avant de se lancer – avancer, même avec des imperfections, est souvent la meilleure stratégie.»