Votre commune a signé le Gemengepakt, pacte communal du vivre-ensemble interculturel en fin d’année dernière, de quoi s’agit-il?
Christian Weis (CSV). – «Le pacte communal du vivre-ensemble a été introduit au niveau national par la loi du 23 août 2023. Les communes qui le signent s’engagent à mettre en place des mesures pour faire en sorte que le vivre-ensemble des différentes communautés et des différentes nationalités de la commune s’améliore.
Les termes utilisés ont changé également, auparavant on parlait d’intégration?
«Oui, toutes les communes devaient avoir une commission de l’intégration par la loi. Maintenant, on parle de la commission du vivre-ensemble donc c’est un esprit beaucoup plus ouvert, de rencontres.
Combien de nationalités sont présentes à Esch-sur-Alzette?
«Pour 38.000 habitants selon le dernier recensement (Esch-sur-Alzette est la deuxième ville du pays par la population, ndlr), nous comptons 122 nationalités, ce qui est exceptionnel. Le vivre-ensemble ici signifie quelque chose, c’est important que toutes les communautés, toutes les nationalités se côtoient et interagissent.
Vous notez aussi une nouvelle forme d’immigration?
«Oui, une nouvelle population étrangère de chercheurs de l’université arrive chez nous, donc on ne peut pas les comparer avec d’autres moments comme l’immigration des années 1950 ou 1990. Donc le vivre-ensemble change constamment et a différents aspects. À Esch-sur-Alzette, nous étions une des premières communes du pays à lancer un plan d’intégration communal.
Quelles sont vos priorités pour ce pacte?
«Pour nous, la culture et le sport sont par exemple des vecteurs d’intégration ou de vivre-ensemble parce que sur un terrain de sport ou devant une activité culturelle il n’y a pas de nationalité, il n’y a pas de langue commune qu’il faut parler, c’est un moment de partage. Nous organisons aussi nos propres cours de langue, nous avons le café des langues.
Nous allons investir 240 millions d’euros avec des aides de l’État, pour acquérir 340 des 350 logements du projet de la Rout Lëns que nous allons intégrer dans notre parc locatif.
Quels sont les grands enjeux de la commune?
«Un des plus grands défis que nous avons, c’est que nous sommes une ville qui va croître énormément dans les mois et années à venir. D’ici 15 ans, nous devrions atteindre les 50.000 habitants et dans 30-40 ans, les 70.000. Belval continue son développement, tout comme la Metzeschmelz, une friche industrielle entre Esch-sur-Alzette et Schifflange, (prévision pour 10.000 nouveaux habitants, ndlr), ou le quartier de la Rout Lëns (3.000 à 3.500 habitants, ndlr). Qui dit nouveaux habitants dit des infrastructures et tous les services qui en découlent.
Quid des logements abordables sur votre territoire?
«En tant que ville d’Esch nous allons investir 240 millions d’euros avec des aides de l’État, pour acquérir 340 des 350 logements du projet de la Rout Lëns que nous allons intégrer dans notre parc locatif. Nous voulons effectivement développer notre parc locatif. On peut parler de logements sociaux, il faut passer par une demande de logement social via notre service logement et voir si on y est éligible ou pas.
Quel est le parc locatif de la ville actuellement?
«Nous avons environ 300 logements abordables, donc nous allons doubler ce chiffre. Nous avons aussi lancé un rythme de rénovation des anciens logements sociaux qui datent du début de la ville d’Esch.
Vous êtes devenu bourgmestre de la ville en décembre 2023, lorsque a intégré le gouvernement CSV-DP, être à ce poste était-il un objectif en soi?
«La politique a toujours été une passion pour moi. Enfant déjà, chez nous, c’était la tradition d’écouter la radio ensemble à midi, de discuter de l’actualité politique. J’avais un oncle qui était engagé en politique également et mes parents avaient beaucoup d’amis issus des différents partis.
Je me souhaite de poursuivre en tant que bourgmestre aussi longtemps que possible.
Vous avez fait des études d’assistant social?
«Oui, c’est ce que je voulais faire et c’est ce que j’aime faire aussi encore aujourd’hui. Ensuite, j’ai fait un master en sciences politiques, en conseil politique, parce que je voulais toujours travailler en deuxième rang.
Vous êtes quand même devenu bourgmestre à seulement 37 ans.
«Je dirais que les choses se sont faites par étapes, la première étant qu’à 18 ans, le CSV m’a demandé d’être candidat. J’ai ensuite été échevin et c’est aujourd’hui un énorme défi et un honneur d’être le bourgmestre de cette ville où j’ai vécu toute ma vie et que je connais par cœur. Même si ce n’était pas mon rêve d’enfant, c’est une chance exceptionnelle d’être à présent au premier rang.
Pensez-vous déjà aux élections communales de 2029?
«Je pense qu’on a le temps de se demander qui sera la tête de liste pour notre parti et c’est justement ce dernier qui tranchera le moment venu. Je souhaite que Georges (Mischo, ndlr) fasse un bon travail en tant que ministre et qu’il soit réélu lors des prochaines élections législatives pour qu’il puisse à nouveau intégrer, s’il veut, le gouvernement. Et moi, je me souhaite de poursuivre en tant que bourgmestre aussi longtemps que possible.
Regrettez-vous que votre commune ait quelquefois une image négative?
«Oui, je le regrette et je ne veux pas dire que je peux le comprendre mais je pense que c’est quelque chose qu’il faut analyser sur le long terme. Ici, dans le sud, se trouvaient la production, les hommes et les femmes issues de l’immigration qui travaillaient. Quand la sidérurgie a quitté nos communes, c’est clair que ça a eu un impact énorme. Il faut aussi se rendre compte que longtemps des acteurs comment l’Arbed ont aidé au développement des villes, des hôpitaux par exemple. Donc effectivement leur départ a eu un effet sur la région et je pense que cela prend du temps pour réfléchir, reconvertir ces territoires.
Intégrer cette logique par exemple de l’université, d’être à présent la ville de la science, de la recherche ici au Luxembourg, peut être difficile pour des gens qui ont connu la ville ouvrière. Mais ça va se faire peu à peu et je pense que les nouvelles opportunités qui se donnent tous les jours à nous comme Belval ou le fait d’être sont une dynamique de relance de la ville, tout en gardant notre identité.
Le PNM 2035 prévoit aussi que vous ayez le tram qui arrive jusqu’ici?
«Les travaux avancent bien en tout cas, nous avons des réunions régulières. De notre côté, nous avons commencé les travaux préparatoires parce que le tram n’arrivera pas jusqu’au centre-ville.»
Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de , parue le 26 mars. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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