Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux, relativise les annonces de changement faites cette semaine par la BCE. (Photo: Maison Moderne)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux, relativise les annonces de changement faites cette semaine par la BCE. (Photo: Maison Moderne)

La Banque centrale européenne a dévoilé, jeudi 8 juillet, sa revue stratégique promise par Christine Lagarde lors de son accession à la présidence de l’institution, en décembre 2019. Pour Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux, rien ne change fondamentalement.

Cette semaine, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé les résultats tant attendus de l’examen de sa stratégie. C’était l’un des projets phares de sa présidente, Christine Lagarde, lors de son entrée en fonction. Ceux qui s’attendaient à une révolution seront déçus. En bref, le changement le plus important, mais pas inattendu, est la modification de son objectif d’inflation, qui passe de «inférieur à, mais proche de 2%» à un «objectif symétrique de 2%» à moyen terme. Avouez que la nuance est subtile. C’est en fait la troisième fois que la BCE modifie sa définition de la stabilité des prix. En 1998, elle avait commencé par «inférieure à 2%», en 2003 elle est devenue «inférieure à, mais proche de 2%». Cette évolution sur le long terme marque l’acceptation d’une inflation plus élevée. En effet, le caractère «symétrique» de l’objectif signifie que la BCE considère les écarts négatifs et positifs par rapport à cet objectif comme également indésirables. La lutte contre une inflation faible n’en sera que plus forte.

On notera deux autres points attendus, mais importants. D’une part, même si la BCE ne recommande pas d’intégrer les prix de l’immobilier dans la mesure de l’inflation (ce qui se fait aux USA), la révision de la stratégie conclut que la BCE prendra en compte les mesures des prix de l’immobilier pour compléter son analyse sur l’évolution générale des prix. D’autre part, la BCE entend rendre sa politique monétaire davantage compatible avec les objectifs climatiques. La BCE a ainsi annoncé un plan d’action, qui comprendra des modifications du cadre des garanties éligibles dans les opérations de politique monétaire et des modifications du programme d’achat d’obligations d’entreprises.

Il n’y a donc pas de révolution à la BCE.
Philippe Ledent

Philippe Ledentsenior economistING Belux

Et pour l’anecdote, la BCE s’engage aussi à mieux communiquer, dans un langage plus simple et plus imagé, de quoi espère-t-elle susciter un plus grand intérêt et une meilleure compréhension du public. On verra…

Pour conclure, il n’y a donc pas de révolution à la BCE. Interrogée au début de son mandat sur le fait qu’elle était plus colombe (adepte d’une politique monétaire plutôt souple) ou faucon (adepte d’une politique plus restrictive), elle avait répondu qu’elle se sentait chouette. Il semble néanmoins sortir de cet exercice que la chouette est devenue un peu plus colombe.