Malgré la réouverture des bars et restaurants mi-mai, plus de quatre salariés sur dix dans l’horeca restent au chômage partiel. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Malgré la réouverture des bars et restaurants mi-mai, plus de quatre salariés sur dix dans l’horeca restent au chômage partiel. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Au 3 juin, 2% de l’emploi salarié intérieur était touché par le chômage partiel au Luxembourg, contre un tiers en avril, montre la Fondation Idea.

Qui dit déconfinement, dit reprise des activités: les chiffres du chômage partiel le reflètent clairement. Il ne touche plus que 2% de l’emploi salarié intérieur en juin, sur base des chiffres provisoires, soit 10.756 salariés, contre 149.575 en avril.

Dans son tableau de bord économique et social du Luxembourg paru vendredi, la précise que seuls trois secteurs restent touchés par la mesure gouvernementale: l’horeca (avec 43% des salariés, soit 8.800 personnes), les activités récréatives (7% des salariés, soit 270 personnes) et l’industrie (4% des salariés, soit 1.530 personnes).

«Le retour ‘à la normale’ ne peut être que graduel», commente l’organisation, qui estime que «le plan de relance ‘’ jouera un rôle déterminant dans la nouvelle phase qui s’amorce».

Maintenu jusqu’à la fin de cette année, le chômage partiel a déjà coûté 704 millions d’euros au ministère de l’Économie, selon le rapport du laboratoire d’idées de la Chambre de commerce.

Celui-ci table sur une contraction du PIB de 8,3% cette année, avant une remontée de 5,8% en 2021.

Un marché du travail fragilisé

Sur le front de l’emploi, les données de l’Adem invitent à la prudence: l’emploi salarié intérieur s’est repris de 250 postes en avril, après une chute de 7.100 postes un mois plus tôt. Mais le rythme de cette progression est plus lent que la moyenne de 2019, avec une croissance de 1,1% en avril, trois fois plus faible qu’un an plus tôt.

Le ralentissement touche tant les frontaliers que les résidents: les premiers passent d’un rythme de 4,7% à 0,9%, et les seconds, de 2,7% à 1,3% en avril. Il faut dire que, non seulement le chômage s’est élevé à 6,9% en avril, mais en plus, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem est monté de 10,1%, soit 3.600 personnes de plus depuis le début de la crise.

De son côté, l’Agence pour le développement de l’emploi a vu le nombre de nouvelles offres publiées fondre de 43% entre avril 2019 et avril 2020, à 1.895 unités. Quant aux chômeurs de longue durée, leur nombre est monté de 8,6% en un mois, et même de 25% en variation annuelle.

À l’échelle de la Grande Région, le Luxembourg accuse la plus forte hausse annuelle du nombre de demandeurs d’emploi (+31,1%), soit près du double de la moyenne (16,5%). La Wallonie semble la plus épargnée, avec une progression de 6,6%, soit trois fois moins qu’en Sarre et en Rhénanie-Palatinat, et même quatre fois moins qu’en Lorraine. En nombre absolu, la région belge reste la plus touchée par le chômage en Grande Région.

Lueurs d’accalmie

Le tableau de bord reflète tout de même certaines éclaircies à l’horizon: l’indice de confiance des consommateurs de la BCL s’est légèrement amélioré en mai, tout en restant en territoire négatif. Du côté des crédits immobiliers accordés aux particuliers, leur volume s’est accru de 7,4% au premier trimestre, à 2,2 milliards d’euros. Néanmoins, cette hausse annuelle est à mettre en relation avec la courbe ascendante des prix de l’immobilier et l’impact limité de la crise sanitaire au premier trimestre, puisque seule la dernière quinzaine de mars a été marquée par les mesures de confinement.

À noter aussi que, du côté de la production industrielle, du commerce et des services non financiers, les perspectives d’activité se dégradent moins en mai qu’en avril, selon le Statec. Dans la construction, le recul est jugé «modéré», tandis que près de huit entreprises sur dix tablent sur une stabilisation de l’emploi.