L’approvisionnement en masques a été l’un des enjeux du début de la crise pour de nombreux pays. La production locale de ce matériel s’avérera être précieuse pour assurer une part d’indépendance sanitaire.
Michel Schuetz, directeur de Santé Services – filiale de la Fondation Hôpitaux Robert Schuman – a ainsi «proposé le 1er avril de construire une machine à masques», raconte , administrateur délégué de l’entreprise.
Vu la date, l’équipe croit d’abord à une blague. Quelques mois plus tard, elle trône pourtant bien au milieu du hall à Gasperich.
Huit employés dédiés
Fabriquée en Chine, il a d’abord fallu la recevoir, l’adapter aux besoins et embaucher huit personnes pour la faire fonctionner. Sans compter l’obtention de toutes les certifications nécessaires et la mise en conformité avec la norme européenne (EN14683).
Ce n’est qu’une fois ce chemin parcouru que la commercialisation des masques a pu débuter fin août. «Nous en produisons en moyenne 20.000 par jour», calcule Marc Glesener. La machine fonctionne environ sept heures quotidiennement, mais, si besoin, elle pourrait tourner 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, afin d’assurer une production annuelle de «40 millions de masques».
La machine a coûté environ 200.000 euros, financés par le ministère des Classes moyennes. Il faut compter environ 100.000 euros supplémentaires pour tous les ajustements.
La production actuelle «correspond à la demande», indique l’administrateur délégué. Les clients sont principalement des hôpitaux, des médecins, des maisons de soins et des grandes surfaces, qui achètent le masque à un prix différent selon la quantité. Le coût de revient se situe, quant à lui, au-dessus de 25 centimes pour Santé Services.
Nous ne pouvons et ne voulons pas concurrencer les produits chinois.
Marc Glesener explique cela par une main-d’œuvre et des matières premières plus chères ici qu’en Chine, où le masque en sortie d’usine coûterait entre 4 et 16 centimes, selon . Filtres, élastiques… toutes les pièces du masque luxembourgeois viennent d’Allemagne, sauf le fil de métal pliable qui sert à l’ajuster au niveau du nez qui vient d’Asie, mais la société recherche encore un producteur européen.
«Nous ne pouvons et ne voulons pas concurrencer les produits chinois. Nous n’avons pas un but lucratif», rappelle Marc Glesener. Les bénéfices issus des ventes servent aux frais de fonctionnement ou sont réinvestis. Ainsi, la société a déjà pu acquérir une deuxième machine, pour produire, cette fois, des masques FFP2 (en forme conique).
12.000 FFP2 par jour
Arrivée il y a un mois, la deuxième machine est encore en phase de test. Le budget est le même que pour la première, mais le rendement inférieur à cause d’un processus de production «plus complexe». Santé Services espère lancer la production de 12.000 masques FFP2 par jour d’ici fin octobre.
Et même si le but premier est de lutter contre les au Luxembourg, Marc Glesener se projette pour la suite. «L’utilisation du masque ne va pas retomber», estime-t-il, en rappelant qu’en Chine, par exemple, des citoyens en portaient déjà dans les transports en commun avant la crise. Dans tous les cas, «nous adapterons notre future production aux besoins».
Sûrement fiers de cette nouvelle production nationale, le Premier ministre, (DP), et celui des Classes moyennes, (DP), viendront visiter l’usine mardi après-midi.