Liu He, cinquième vice-premier ministre chinois – le dernier dans l’ordre protocolaire – a fait le point sur l’économie chinoise lors du Forum économique mondial à Davos. Pour lui, l’économie du pays, qui a atteint une croissance de 3% en 2022, va connaître une amélioration significative cette année et revenir à sa tendance normale. Il a également réitéré le soutien du pays au multilatéralisme économique.
Son discours a trouvé écho auprès de nombreux chefs d’entreprise et d’économistes mondiaux qui voient dans la Chine le relais de croissance nécessaire pour éviter la récession que tout le monde prédit.
La réouverture de la Chine sera-t-elle l’évènement majeur de 2023 et un moteur clé de la croissance? C’est la question que beaucoup d’analystes se posent.
Rally sur les marchés actions
Pour Catherine Yeung, investment director Asia-Pacific equities chez Fidelity International, la reprise en main politique de ces dernières semaines a refroidi la population. Pour autant, face au contrôle gouvernemental accru, elle croit que l’agilité des entrepreneurs chinois portera l’économie.
Se concentrant sur les marchés, elle constate que si les actions de l’Empire du Milieu ont été à la traîne durant quasiment tout 2022, on assiste à un rally important depuis la fin de l’année. «Sur un an, la chute est de 21,8%; sur 6 mois, elle est de 11,9% et sur trois mois, on a une hausse de 13,5%.»
Un rebond qu’elle attribue à la bonne tenue d’une économie qui est «un cycle devant le reste du monde». L’inflation est stable à 2,8%; le taux de chômage est à 5,7% – «un niveau d’autant plus remarquable que la politique zéro-Covid a pesé sur la confiance des employeurs» –; et les taux d’intérêt de la Banque centrale restent à 2%. Quant au ratio de la dette de la propriété foncière par rapport au PIB, il atteint 62,1%. À titre de comparaison, il est à 89,8% au Royaume-Uni et à 76% aux États-Unis.
Consommation et épargne au secours de la croissance
Après quelques années de morosité, 2023 marque-t-il un boom boursier? Catherine Yeung le pense. «Les prévisions de bénéfices ont rebondi d’un niveau extrêmement baissier», note-t-elle. Et d’où viendra la croissance des marchés? Pour elle, si la croissance est l’objectif politique, «la consommation en sera le moyen».
Le premier ressort en fait. Les perspectives de consommation sont d’abord portées par un retour de la confiance des consommateurs. «Une confiance qui, à 49%, est en moyenne trois fois supérieure à ce que l’on peut mesurer dans les pays développés». Les ménages chinois disposent également de réserves en cash importantes.
Catherine Yeung écarte le scénario d’une crise immobilière qui pourrait freiner la consommation. Pour elle, le secteur est en train de réduire son effet de levier et les autorités publiques adoptent une politique accommodante pour limiter le risque. Il reste beaucoup à faire, mais la situation reste sous contrôle. Elle note que les habitudes de consommation évoluent et que les marques «locales» gagnent des parts de marché.
Le deuxième ressort de croissance des marchés sera le développement d’une classe d’investisseurs domestiques attirés par «des produits gérés de manière professionnelle». L’émergence d’un pilier de pension «privé» offrira de nombreuses opportunités d’investissements.
Cet article est issu de la newsletter Paperjam + Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.