Le chiffre a fait bondir. Le Statec parie sur une hausse de 60% du prix de l’électricité à partir de la fin de l’année, avec la fin du bouclier tarifaire. «Le Statec applique son modèle, qui est très éloigné des considérations d’achat d’électricité», a sobrement répondu le CEO d’Encevo, , ce mercredi matin au Schlassgoart, à l’occasion de la présentation des résultats annuels de l’énergéticien luxembourgeois. Sur l’écran géant, un slide montre le pic des prix à l’automne 2022 et le niveau très bas du prix au Luxembourg pour les clients résidentiels. Avec l’aide du gouvernement, le client luxembourgeois moyen paie moins que tous ses voisins.

Comment cela est-il rendu possible? Par des achats de «futures» auprès de brokers, sur trois ans, qui permettent de mitiger les effets liés à l’extrême volatilité des prix de l’électricité face à des éléments géopolitiques et climatiques. «En 2021, 2022 et 2023, nous avons payé un prix largement inférieur au prix du marché de gros en bourse», a détaillé M. Seywert.

Et par le développement, à vitesse grand V d’infrastructures de production d’énergie verte, qu’elle soit photovoltaïque ou éolienne: en 2023, le groupe a augmenté la capacité de production de 128 MW – un record – dont 75 au Luxembourg (34 en Allemagne et le reste ailleurs), 68 MW d’éolien et 7 MW de photovoltaïque. La capacité photovoltaïque a été portée à 244 MW après l’inauguration de 11 installations dans l’Eifel, le 19 avril. Au total, le groupe a une capacité installée de 516 MW dont la moitié au Luxembourg et la production a augmenté de 25% en un an.

«Oui, il y aura une augmentation des prix, parce que nous n’allons jamais retrouver des prix de 2019. Ils sont aujourd’hui beaucoup plus hauts», a encore commenté le CEO.

Le chiffre d’affaires supérieur à 5 milliards d’euros

Le chiffre d’affaires du groupe a bondi de 49% à 5,088 milliards d’euros, soit une augmentation de 1,6 milliard d’euros sur un an (dont 1,2 milliard en Allemagne). Le résultat opérationnel progresse moins, à 316 millions d’euros, et le bénéfice passe de 107 à 171 millions d’euros. Et le groupe, qui réunit 76% de Creos, 100% d’Enovos, 100% de Teseos et 97,70% d’Enovos Deutschland – versera 72 millions d’euros à des actionnaires qui y avaient renoncé pendant les années de crise.

Autre fait, les investissements ont atteint un niveau record à 336 millions d’euros. Et ce n’est pas fini. «Nous nous attendons à ce que ce chiffre passe la barre des 400 millions d’euros en 2025», a anticipé le dirigeant. «Et nous nous attendons à ce que chiffre continue d’augmenter dans les années à venir», tandis qu’acquiesce la CEO de Creos, , qui a récemment rejoint le conseil d’administration comme le CEO de Teseos, . Récemment, Creos a présenté son plan pour 2024-2034, qui prévoit à lui seul 350 millions d’euros à la fois pour entretenir et développer le réseau à 220 kv mais surtout pour construire les lignes à 380 kv, dont la particularité sera de pouvoir transporter beaucoup plus d’électricité aussi bien pour la demande pour que fluidifier l’offre dans un contexte d’énergie renouvelable pas encore vraiment stockée.

Les investissements iront de record en record

À l’ancien ministre (Déi Greng) qui s’inquiétait que le rapport Ember trouve le réseau luxembourgeois à la fois très efficace mais pas assez doté en investissements, le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP), avait répondu qu’il n’était pas vraiment utile d’aller beaucoup plus loin pour l’instant. C’est aussi le point de vue du CEO d’Encevo, qui a rappelé à plusieurs reprises l’importance de bien investir dans le réseau pour faire face à une nouvelle ère. Celle de consommateurs qui restent durablement marqués, a dit le président du conseil d’administration, Marc Hoffmann, par l’appel à la modération de la consommation dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine puis de l’inflation. En 2023, 6.507 dossiers d’enoprimes ont permis d’économiser 170 GWh d’énergie. «Les gens ont pris conscience de ce qu’est l’énergie», a dit M. Hoffmann, «et le mindset est resté!»

Plus que jamais, l’ambition reste, à terme, de produire plus d’énergie verte que d’énergie consommée au Luxembourg.