La Chambre de commerce plaide pour une hausse de la valeur faciale des chèques-repas. (Photo: Paperjam)

La Chambre de commerce plaide pour une hausse de la valeur faciale des chèques-repas. (Photo: Paperjam)

Le télétravail complique la distribution des chèques-repas au Luxembourg, et certaines enseignes les refusent pour raisons sanitaires – les émetteurs réclament une digitalisation.

Ces petits coupons sont l’avantage extralégal le plus répandu au Luxembourg, mais ils se font un petit peu plus rares ces dernières semaines. La faute au confinement d’abord, qui pousse une partie des salariés à , tandis que les sociétés émettrices ont dû revoir leur organisation, en attendant un jour une digitalisation des titres.

Au Luxembourg, , selon des données du datant de 2019. Le marché est partagé entre le leader , qui revendique 55.000 bénéficiaires au Luxembourg, et , qui en affiche 23.250 au compteur. Attention, ces émetteurs produisent aussi d’autres variantes, comme des chèques-cadeaux. Leur point commun? Une défiscalisation des achats réalisés avec ces coupons.

1. Je ne reçois plus de chèques-repas. Est-ce grave?

Le coronavirus a touché toutes les entreprises, même les émetteurs de ces coupons. Après trois semaines d’arrêt au début du confinement, les envois vers les firmes clientes ont repris, mais «on n’avait plus le même volume de livraison», admet , managing director de Sodexo au Luxembourg.

Et face à des bureaux parfois vides, les opérateurs redirigent les envois vers le domicile des gestionnaires de paies, qui sont alors chargés de les transmettre aux salariés. Si la remise en mains propres au bureau était courante avant la pandémie, elle l’est moins, vu le recours au télétravail. C’est pourquoi l’envoi postal ou le retrait au bureau une fois le retour opéré sont les options actuellement privilégiées.

Et si un employeur décide de supprimer l’octroi de ces coupons?  «Il s’agit d’un avantage qui doit, de l’avis de la CSL, être maintenu pendant cette phase», précise la qui ajoute que pour garantir leurs droits, les salariés peuvent faire appel à la délégation du personnel ou à leur syndicat pour mettre en demeure l’employeur voire aller en justice. 

2. Mes chèques-repas sont refusés. Est-ce légal?

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, certaines enseignes de grande distribution refusent les paiements par chèques-repas pour raisons sanitaires. Rien d’illégal, selon la , qui affirme qu’«il n’y a pas d’obligation d’accepter les chèques-repas», confirme Claude Bizjak, directeur adjoint. Du côté des émetteurs, Edenred rétorque que «le cash circule beaucoup plus entre les mains que les titres-repas, qui sont nominatifs, par exemple», au dire de son directeur général pour la Belgique et le Luxembourg, Olivier Bouquet.

3. Je recevrai mes chèques-repas à mon retour au bureau. Seront-ils toujours valides?

Aucun souci, a priori: au Luxembourg, ces titres de paiement fonctionnent par millésime. Celui en cours est valide jusqu’au 28 février 2021. Il reste donc de la marge pour pouvoir dépenser ses chèques-repas une fois le retour au bureau acté. «La problématique en Belgique et en France est différente, car la validité est souvent davantage limitée après l’émission», observe Olivier Bouquet, d’Edenred.

4. Les chèques-repas se raréfient ces dernières semaines. Est-ce vrai?

Outre le fait que certains commerces n’acceptent plus ce moyen de paiement, , dans l’attente du feu vert gouvernemental pour leur réouverture. Il n’est donc pas étonnant de voir le volume des chèques-repas diminuer au Luxembourg. Néanmoins, «on assure toujours les remboursements pour les restaurateurs», pointe Sylvie Favaut de Sodexo. Et puis, une partie des salariés étant en télétravail, l’occasion de dépenser les coupons se fait plus rare.

Le ticket-restaurant Edenred bénéficie à 23.500 salariés au Luxembourg. (Photo: Edenred)

Le ticket-restaurant Edenred bénéficie à 23.500 salariés au Luxembourg. (Photo: Edenred)

5. Je suis frontalier. Puis-je dépenser mes chèques-repas dans mon pays de résidence?

Non. Les tickets-restaurants ne sont valables que dans leur pays d’émission, et cela parce qu’ils permettent une défiscalisation des achats. «La défiscalisation est territoriale», souligne Sylvie Favaut, de Sodexo, qui rappelle que le système a été conçu pour «soutenir l’économie du pays émetteur».

6. À quand les chèques-repas digitaux?

«Nos clients sont demandeurs de digital, les marchands aussi», soutient Edenred, qui constate que les difficultés logistiques en matière de livraison des chèques-repas en période de confinement pourraient être un lointain souvenir si ces titres se rechargeaient sur une carte à puce, comme c’est le cas en Belgique, par exemple. «On travaille sur ce projet de modernisation, et on espère bien entendu pouvoir avancer, mais ce coronavirus a tout stoppé», ajoute Sodexo.

7. La valeur des chèques pourrait-elle augmenter?

Depuis la réforme fiscale de 2017, . , la hausse étant laissée à leur libre appréciation. Fin avril, la  a recommandé d’, moyennant un subside public pour soutenir la consommation dans le cadre de la crise du Covid-19. Reste à voir si le message sera entendu au gouvernement.

8. Qu’en pense le ministère des Finances?

«Il y a eu des réflexions, mais à part ça, il n’y a pas vraiment eu de projet de réforme», nous répond-on à la rue de la Congrégation. «Avec la crise (du coronavirus, ndlr), ce n’est pas une priorité en ce moment», ajoute une source interne. Le système des chèques-repas est régi par un arrêté grand-ducal, qui doit donc être modifié en cas d’évolution du système.