Au sein du CHEM, plusieurs unités reprennent leurs activités classiques suite à une certaine stabilisation du nombre de cas positifs au Covid-19. (Photo: Nader Ghavami / Maison Moderne)

Au sein du CHEM, plusieurs unités reprennent leurs activités classiques suite à une certaine stabilisation du nombre de cas positifs au Covid-19. (Photo: Nader Ghavami / Maison Moderne)

Le nombre d’infections au Covid-19 se stabilise au niveau national, et cela se ressent dans les hôpitaux. Au CHEM, plusieurs infirmiers racontent le soulagement depuis la reprise d’une activité plus normale, après une période éprouvante tant sur le plan physique que moral.

Un air de soulagement règne dans les couloirs du Centre hospitalier Emile Mayrisch (CHEM). «C’est calme aujourd’hui. Il y a moins de cas au niveau national», explique logiquement Daniel Cardao, directeur de l’établissement.

On le constate dès les urgences, étrangement vides en ce début de matinée, mardi 19 janvier. Les patients sont accueillis dans l’ancien hall des ambulances et «triés», entre Covid et non-Covid. On prend leur température, mesure la saturation d’oxygène dans leur sang, leur tension… avant de les diriger vers l’ascenseur vert des urgences classiques, ou le rouge des urgences Covid.

Parfois, on n’avait pas de place où installer les gens, il y en avait dans les couloirs.

Gwendoline MergeninfirmièreCHEM

Nous montons dans le second pour rejoindre la zone de confinement, installée dans les locaux de l’ancienne pédiatrie, au troisième étage. On y trouve six box de consultation Covid, entre lesquels déambulent plusieurs médecins et infirmiers.

Onze équivalents temps plein travaillent dans le service. Parmi eux, Gwendoline Mergen, infirmière, prend une pause pour nous répondre. «La situation pour le moment est plus stable, on a le temps de respirer un peu», confirme-t-elle. «Mais ça reste toujours compliqué, parce qu’il y a encore des cas de personnes très malades.»

Elle se remémore le mois de novembre, beaucoup plus tendu. «Parfois, on n’avait pas de place où installer les gens, il y en avait dans les couloirs. Pour ceux qui avaient besoin de beaucoup d’oxygène, on avait mis des bouteilles dans le couloir aussi.» Une situation «stressante», dont elle dit cependant avoir l’habitude aux urgences «classiques».

De 60 à 15 lits réservés aux patients Covid en soins normaux

L’hôpital d’Esch-sur-Alzette comptait 23 patients dits «Covid» lors de notre visite. Trois sont arrivés le matin même, et attendaient le résultat de leur test. 14 étaient encore en soins normaux et 6 en soins intensifs, dont 4 intubés.

Les trois «suspects Covid» restent donc au troisième étage, en zone confinée, où se trouvent huit chambres avec sas, accueillant également des personnes en soins normaux. Un scanner dédié vient également d’être transféré dans la zone.

Les autres patients en soins normaux ont été installés aux étages supérieurs, où, en termes de personnel, 30 lits correspondent à 35 équivalents temps plein. Ici, c’est le grand déménagement. De quatre ailes de 15 lits chacune, réparties sur deux niveaux et réservées aux patients Covid depuis des mois, il n’y en a plus qu’une qui les accueille depuis quelques jours. Les trois autres reprennent peu à peu leurs activités traditionnelles d’orthopédie.

Dans les longs couloirs, des équipes de nettoyage sont donc occupées à tout désinfecter, tandis que d’autres transportent des lits vides. Des sacs-poubelles sont rangés ici et là. Derrière les portes entrouvertes, les moniteurs habituellement branchés aux respirateurs flottent au-dessus des draps propres. D’autres restent cependant fermées, abritant des patients. Même sous le masque, on y sent toujours cette odeur d’antiseptique mêlée aux effluves de médicaments, propre aux hôpitaux.

«Cela va nous faire du bien, de revenir à la normalité», souffle Estelle, infirmière depuis mars en unité Covid. Même si elle n’exclut pas un retour en arrière, en cas de recrudescence du nombre de cas. Malgré une fatigue physique et morale, elle a trouvé cette période «enrichissante», grâce à des moments de solidarité avec l’ensemble du personnel.

Les soins intensifs divisés par deux

Au niveau des soins intensifs aussi, on décélère. Situés en annexe, ils viennent de passer de deux étages à un seul. Julie Josef, infirmière, reprend donc depuis quelques jours ses activités en réanimation «classique». «C’est le soulagement. On n’a pas l’impression de travailler en fait. On rentre, on sort des chambres, sans risque, sans se préparer», raconte-t-elle, le regard souriant. Cela change des 10 minutes nécessaires pour s’équiper avant d’entrer dans chaque chambre occupée par des patients positifs au Covid-19, entre la charlotte, la blouse, les gants, les lunettes, le masque… Et ce, même en cas d’urgence.

J’étais fatiguée. On rentrait un peu démoralisés, quand on voyait nos patients qui n’évoluaient pas forcément bien.
Julie Josef

Julie JosefinfirmièreCHEM

La jeune infirmière revient sur une période qu’elle qualifie de «stressante»: «J’étais fatiguée. On rentrait un peu démoralisés, quand on voyait nos patients qui n’évoluaient pas forcément bien. On a eu beaucoup de morts quand même. Ça pèse sur le moral.»

Elle se dit particulièrement touchée par l’âge des patients. «Ils avaient l’âge de mes parents, de mon frère. C’est compliqué.» Voir plusieurs de ses collègues infectés, surtout lors de la seconde vague, où les patients n’étaient plus systématiquement intubés et pouvaient donc plus facilement les contaminer, l’a également affectée. «C’est un peu dur de se dire que, nous, on est là pour aider les gens, mais en même temps, on peut aussi avoir besoin d’aide par la suite.» Elle non plus ne crie pas victoire trop tôt. «Cela fait deux fois qu’on change ce service de zone verte à zone rouge, et vice-versa. Je pense que ce n’est pas la dernière fois.»

L’établissement se tient toujours prêt à se réorganiser rapidement en cas de recrudescence des cas. Ainsi, en , il est capable d’accueillir un maximum de 22 patients en réanimation et 56 personnes en soins normaux. 2,7 millions d’euros ont été investis par le gouvernement pour l’aménagement de ces unités Covid flexibles.

L’hôpital compte maintenant sur la vaccination pour ne pas revenir en phase extrême. En interne, 592 personnes ont déjà été vaccinées lors de la première semaine de la campagne. D’autres faisaient la queue ce mardi pour recevoir leur dose. Le CHEM en a déjà reçues pour traiter 975 personnes et attend sa prochaine livraison, le 1er février.