Au Luxembourg, le permis de chasse coûte 230 euros par an (46 euros en France, entre 35 et 112 euros en Allemagne et 223 euros en Belgique) et est délivré par le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. Le pays compte actuellement environ 2.200 chasseurs. (Photo: Shutterstock)

Au Luxembourg, le permis de chasse coûte 230 euros par an (46 euros en France, entre 35 et 112 euros en Allemagne et 223 euros en Belgique) et est délivré par le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. Le pays compte actuellement environ 2.200 chasseurs. (Photo: Shutterstock)

Un accident comme le dernier en date survenu en France, qui a coûté la vie à une randonneuse, pourrait aussi arriver au Luxembourg. Le risque est cependant diminué grâce à une des réglementations les plus sévères en Europe.

«Je ne peux pas dire qu’un tel accident ne peut pas arriver au Luxembourg», lance Richard Frank, secrétaire général de la Fédération Saint-Hubert des chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg (FSHCL), quelques jours après le nouveau et terrible accident de chasse survenu en France le week-end dernier. Pour rappel, le tir d’une jeune chasseuse de 17 ans a touché mortellement une randonneuse de 24 ans dans le Cantal, en France.

Mais Richard Frank précise tout de même que le «Luxembourg possède une réglementation encadrant la pratique de la chasse qui est parmi les plus strictes, si pas la plus stricte, en Europe».

Au Luxembourg, la période des battues débute mi-octobre, pour se terminer à la fin du mois de janvier. «C’est  la période la plus courte en Europe», souligne Richard Frank. Les battues doivent être annoncées 15 jours avant, auprès de l’Administration de la nature et des forêts. Le grand public peut prendre connaissance des dates et des lieux des battues sur le site du Géoportail, mais également auprès de la commune où se déroule la battue. D’ailleurs, la FSHCL invite les randonneurs, surtout en période de chasse, à le faire pour se tenir informés et peut-être adapter leur sortie en conséquence.

On n’obtient pas son permis de chasse en six soirées de formation comme en France.

Richard Franksecrétaire généralFédération Saint-Hubert des chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg

Outre les aspects administratifs, les battues sont également signalées sur le terrain. «La forêt doit être encadrée et des panneaux de signalisation doivent annoncer la battue. Les panneaux doivent indiquer la date de la chasse et ils doivent être placés au mieux la veille de la battue ou au pire le jour même», indique le secrétaire général de la FSHCL. «La forêt n’est pas interdite aux randonneurs pour autant, et parfois, certains  ne peuvent pas faire autrement que d’emprunter un chemin où se déroule la battue. Dans ce cas, les chasseurs doivent faire preuve de prudence et sont équipés de moyens de communication pour signaler la présence de randonneurs auprès des autres chasseurs sur une fréquence spécifique», explique encore Richard Frank.  

Un permis cher et long à obtenir

Au Luxembourg, le permis de chasse coûte 230 euros par an (pour 46 euros en France, entre 35 et 112 euros en Allemagne et 223 euros en Belgique) et est délivré par le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. Le pays compte actuellement environ 2.200 chasseurs. Pour obtenir ce permis, il faut avoir au minimum 16 ans et un casier judiciaire vierge. Il faut compter pratiquement un an entre la demande, les différentes épreuves, les examens et la réussite du parcours de sécurité. «On n’obtient pas son permis de chasse en six soirées de formation comme en France», lance Richard Frank. «Le permis de chasse luxembourgeois est cher et il est parmi les plus difficiles à obtenir en Europe. La formation commence en mai, l’aspirant au permis doit faire 24 sorties avec un ‘patron stage’, en plus des cours donnés par la fédération de chasse et l’Administration de la nature et des forêts.

Dans tous les cas, le chasseur est responsable de son tir.

Richard Franksecrétaire généralFédération Saint-Hubert des chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg

Les cours s’étalent de mi-septembre à mi-février. Il y a aussi un examen écrit et des épreuves orales à assumer, des entraînements de tir et, enfin, un parcours de sécurité qui est éliminatoire» explique Richard Frank, lui-même chasseur.

«Le chasseur est le seul responsable de son tir. Un tir qui doit à 100% être fichant (vers le sol, ndlr), tout en respectant les angles de sécurité. Le tireur doit aussi respecter une distance de sécurité et il faut éviter de tirer vers des rochers afin d’éviter les ricochets. Un ricochet, cela peut partir dans tous les sens, et on ne peut pas faire grand-chose, mis à part veiller à la configuration du terrain, c’est-à-dire éviter les pierres, les rochers, l’asphalte, etc., pour être certain que la balle va finir enterrée. Car même si la balle atteint un animal, on ne peut pas être sûre qu’elle ne va pas ricocher, dans le cas où elle touche un os. Mais encore une fois, dans tous les cas, le chasseur est responsable de son tir », assure Richard Frank.

Un accident de chasse mortel en 2013

La FSCHL fait également preuve d’une grande vigilance en appliquant les bonnes pratiques, comme le fait de laisser l’arme ouverte lors des déplacements ou la mise en place du cran de sûreté de l’arme.

«Nous veillons effectivement aux bonnes pratiques, et si un chasseur ne les respecte pas, nous lui faisons vivement la remarque. Mais nous ne pouvons pas retirer un permis de chasse, puisque nous ne le délivrons pas», termine Richard Frank.

Pour rappel, c’est le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable qui délivre les permis de chasse. Depuis peu, il est d’ailleurs possible de faire les démarches administratives de façon digitale via MyGuichet.lu. 

Le dernier accident de chasse au Luxembourg remonte au 24 septembre 2016, où un chasseur de 51 ans, voulant tirer un sanglier, avait grièvement blessé une femme au visage alors qu’elle était installée sur la terrasse d’une résidence à Fentange. Le dernier accident de chasse aux conséquences mortelles au Luxembourg remonte au jeudi 7 novembre 2013. Un chasseur s’était lui-même atteint, par accident, en voulant passer sous une clôture. C’était alors la première fois depuis 20 ans qu’un tel accident était déploré.