Tous les regards se porteront sur l’Abbaye de Westminster, samedi 6 mai, pour le couronnement de Charles III et de son épouse, la reine consort Camilla. (Photos: dbcreation.be/Archives; The Royal Family. Montage: Maison Moderne)

Tous les regards se porteront sur l’Abbaye de Westminster, samedi 6 mai, pour le couronnement de Charles III et de son épouse, la reine consort Camilla. (Photos: dbcreation.be/Archives; The Royal Family. Montage: Maison Moderne)

Pour la première fois de l’Histoire, les chefs d’État étrangers sont invités au couronnement du souverain britannique. L’expert en têtes couronnées franco-luxembourgeois Stéphane Bern nous détaille les enjeux de cet événement.

Ce samedi 6 mai, le de Luxembourg et la assisteront à la cérémonie de couronnement du Roi Charles III prévue à midi (heure de Luxembourg). D’autres membres du gotha sont aussi annoncés comme le cousin du souverain luxembourgeois, le Roi Philippe de Belgique par exemple, sans oublier le couple royal néerlandais. 

Quels liens unissent les monarchies luxembourgeoise et britannique?

Stéphane Bern. – «Il y a des liens de famille un peu éloignés puisqu’ils remontent aux princes d’Orange puis aux rois hanovriens. Plus proches de nous, ils ont en commun les Saxe-Cobourg où l’on retrouve le Prince Albert, époux de la Reine Victoria. Mais il y a surtout des liens d’amitié, en particulier entre la Reine Élisabeth II et le Grand-Duc Jean puisqu’il avait servi dans les Irish Guards et accompagnait d’ailleurs la reine durant le défilé Trooping the Colours lorsqu’elle montait à cheval. Le Grand-Duc Jean et la Reine Élisabeth II étaient les deux derniers survivants de la Deuxième Guerre mondiale, à laquelle ils avaient activement participé: l’un en officiant au Débarquement et l’autre dans les auxiliaires ambulancières.

Le couronnement du Roi Charles III se veut populaire avec de grands pique-niques et un concert de variété. Mais est-ce que le nouveau souverain est populaire?

«Charles est moins populaire que sa mère et moins populaire que son fils, c’est évident. Il porte encore les stigmates de son divorce avec Diana. Et puis, il a toujours été le mal-aimé de ses parents, des politiques ou même de la population. Mais j’observe aujourd’hui un retour en grâce avec une montée de sa cote qui pointe à 60% de popularité environ. Ce n’est pas mal pour quelqu’un qui avait un déficit d’image et de reconnaissance. Et puis le couronnement est un évènement populaire. Alors certes, tout le monde ne viendra pas au concert ou au pique-nique, mais c’est dans l’air du temps. Aujourd’hui, toutes les institutions sont contestées et nous vivons dans une ère de remise en question brutale de tout ce qui a fait nos valeurs pendant des siècles. Toute institution, fût-elle royale, est remise en question. Je pense qu’une fois sacré et couronné, Charles III s’imposera à tous et sa popularité va y gagner.

Il est encore trop tôt pour que William monte sur le trône. Un roi qui n’est pas capable de réunir sa famille peut difficilement réunir le royaume.
Stéphane Bern

Stéphane Bernjournaliste et spécialiste des têtes couronnées

Vous avez qualifié le règne de Charles III de transition, compte tenu de son âge avancé. Que peut-on attendre de son règne?

«Charles III a 74 ans, il est évident qu’il restera moins longtemps sur le trône qu’Élisabeth II. Mais il s’est donné l’objectif de préparer le trône pour son fils et d’unifier le royaume. Il va faire le boulot et opérer la transition avec William qui est très attendu et très populaire. Il est encore trop tôt pour que William monte sur le trône maintenant, il est trop vif – on le voit par exemple dans son ressenti vis-à-vis de son frère Harry alors que Charles a invité Harry à son couronnement. Je pense qu’un roi qui n’est pas capable de réunir sa famille peut difficilement réunir le royaume.

Cérémonie plus courte, invités moins nombreux: il semble que le Roi Charles veuille aussi simplifier les choses?

«Charles III fait une percée diplomatique dans le “soft power”: il a invité les chefs d’État du monde entier pour son couronnement, cela est inédit! Il y a 70 ans au couronnement d’Élisabeth II, le seul autre dirigeant présent était la reine du Tonga, à cause des liens avec le Commonwealth. Cela résultait du fait que protocolairement, lorsque vous êtes le nouveau souverain, la préséance revient aux anciens. Au couronnement de Charles, le monde entier va venir à Londres, c’est un message fort envoyé par le Royaume-Uni surtout après le Brexit.

Toutes les innovations produites pour ce couronnement portent la marque de Charles III.
Stéphane Bern

Stéphane Bernjournaliste et spécialiste des têtes couronnées

Charles III impose aussi sa griffe avec une «Coronation Quiche» aux épinards, loin du «Coronation Chicken» d’Élisabeth II…

«Exact, la quiche représente le Roi Charles avec des produits bio, durables et une note végétale. Je pense que toutes les innovations produites pour ce couronnement portent la marque de Charles III: il invite du personnel soignant et des gens méritants, il fait au final de la méritocratie plutôt que de l’aristocratie. Autre exemple: Charles III a convié différents représentants religieux afin de se montrer défenseur de toutes les fois.»


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