La marque Marcheval (du nom de la maison de famille Rigaud, en Sologne) a à peine quelques années. Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer en tant qu’entrepreneure sur le segment premium d’un artisanat de niche?
Maude Tesch-Rigaud. – «Mon projet a vu concrètement le jour en 2019. J’avais à cœur de créer un produit qui se transmet de génération en génération, avec un design intemporel et une qualité irréprochable, similaire à celle que l’on trouvait à l’époque de mes grands-parents.
Je suis issue d’une famille d’industriels. Du côté de ma maman, originaire d’Autriche, on avait une usine de textiles. J’y allais étant enfant et je jouais avec les tissus et les boutons. Après mon bac et ma prépa, je suis partie durant un an découvrir l’Argentine, où la maroquinerie est réputée et très présente.
Votre activité professionnelle se situe à Paris, mais vos liens sont très forts avec le Luxembourg…
«Mon mari est Luxembourgeois, ainsi que mon bébé [sourire]. Je me sens ici comme à la maison, car j’y trouve mes racines francophones et germaniques. Les Luxembourgeois sont de grands entrepreneurs, certains m’impressionnent énormément. D’ailleurs, l’une des premières enseignes à avoir été séduite par mes sacs était luxembourgeoise, c’était Muse by… Elle a commencé à commercialiser les articles de Maison Marcheval voici deux ans.
Aujourd’hui, par quels canaux vos produits sont-ils commercialisés?
«Par le site web de la marque, le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux.
Les boutiques ne vous intéressent pas?
«La production des sacs coûte très cher. Ils sont vendus entre 750 et 1.250 euros. Si je structurais mes prix de vente en y incluant la marge, parfois gourmande, que peuvent avoir de grands magasins ainsi que les coûts liés à la publicité, ils atteindraient 3.000 à 4.000 euros. Or, je souhaite que mes produits restent accessibles. C’est pour cela que je privilégie une distribution par internet, du moins pour commencer. Maintenant que la marque est mieux établie et qu’il y a une certaine demande, je peux envisager une production à plus grande échelle avec une distribution possible en magasin. Mais ma priorité est de maintenir mon échelle tarifaire.
À quel niveau se situe votre production annuelle?
«100 à 150 sacs sont produits chaque année. Ils sont fabriqués à Paris, où je travaille avec un atelier spécialisé dans la réalisation de prototypes pour de grandes maisons. Je dessine une collection une fois par an, et l’atelier travaille deux fois par an, pendant deux semaines, pour ma marque. Cela m’aide au niveau des coûts, puisque je n’ai pas à supporter les frais liés à un atelier en interne ni ceux liés à la main-d’œuvre à l’année.
J’envisage d’ouvrir un showroom durant la Fashion week.
Comment votre marque se distingue-t-elle de la concurrence?
«Chaque collection est limitée et faite à la main. Chaque pièce est unique. À mes yeux, un sac est une petite œuvre d’art, car une couture ne sera jamais entièrement identique à une autre, la manutention par différents artisans donne une petite touche différente à chaque pièce.
La prochaine collection est dessinée et sa particularité est que chaque sac est numéroté. La prochaine étape, c’est la fabrication avant la commercialisation prévue à la fin du printemps 2023 pour un sac, puis deux autres nouvelles pièces à l’automne-hiver 2023. Une collaboration avec un artiste peintre allemand et un chapelier américain est aussi lancée. J’envisage par ailleurs d’ouvrir un showroom durant la Fashion Week de Paris, à l’automne 2023, afin de montrer mes produits aux acheteurs et à la presse. Ils pourront ainsi voir et toucher les sacs, prendre la mesure du niveau de qualité et de finition des produits.
Je prépare, en outre, une collection qui correspondra aux besoins des clients du Grand-Duché, car je constate que chaque pays a ses préférences. En France, les plus grands sacs de type cabas sont plus populaires, alors qu’ici, les modèles intermédiaires, voire les plus petits, ont davantage de succès.»
Cette interview a été rédigée pour l’édition magazine de parue le 25 janvier 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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