L’ultimatum ne se cache même pas derrière une opération marketing dont Ryanair a le secret: non seulement la compagnie irlandaise à bas coûts annonce une réduction de 750.000 sièges (dont la liaison avec le Luxembourg) mais deux fois plus élevée (1,5 million de sièges), à l’été 2025, si le gouvernement allemand n’annule pas l’augmentation de 24% de la taxe sur l’aviation entrée en vigueur le 1er mai (et ne l’abolit finalement pas), ne revient pas en arrière avec la hausse des redevances de contrôle aérien (+100% depuis 2019) et ne reporte pas la hausse de 50% des redevances de sécurité (à partir de janvier 2025).
«La reprise du trafic aérien en Allemagne est la plus lente d’Europe, à seulement 82% des niveaux d’avant Covid, et l’aéroport de Berlin [71%, ndlr.] est l’un des aéroports les plus récupérateurs d’Europe, loin derrière le reste des aéroports allemands et européens», dit un communiqué publié par la compagnie ce mardi matin. «En raison de coûts d’accès excessifs et d’une mauvaise gestion chronique, l’aéroport en faillite, qui a ouvert avec 10 ans de retard et a coûté 6,5 milliards d’euros (plus de trois fois l’estimation initiale), est gravement sous-utilisé et accueille moins de passagers que des villes européennes beaucoup plus petites comme Dublin (32 millions), Manchester (28 millions) ou Copenhague (27 millions).»
«Ryanair a présenté un plan de croissance sur sept ans pour l’Allemagne au ministre fédéral des Fonctions spéciales et au bourgmestre-gouverneur de Berlin en janvier 2024, mais malgré cela, il n’y a eu aucun engagement significatif de la part du gouvernement fédéral ou local ou de la direction de l’aéroport pour planifier à la place, augmentant les frais plutôt que de réduire les coûts pour attirer plus de trafic», a expliqué le CEO de Ryanair, Eddie Wilson. «En conséquence, la capitale allemande va désormais perdre du trafic et du tourisme. Ces réductions nuiront au transport aérien, aux voyages entrants, à l’économie et à la reprise post-Covid de l’Allemagne, tandis que les capitales rivales de l’UE avec des taxes/frais aériens beaucoup plus faibles, voire inexistantes, bénéficieront de la réorientation du trafic croissant de Ryanair provenant de ce marché coûteux et non compétitif.»
Deux des neuf avions de la flotte seront réaffectés. La compagnie irlandaise propose des vols depuis ou vers le Luxembourg du samedi au mardi, tandis que Luxair vole tous les jours de la semaine dans les deux sens.
En même temps que ce communiqué, la compagnie organisait une conférence de presse à Bruxelles pour présenter neuf nouvelles lignes depuis Charleroi (Cork en Irlande, Dubrovnik en Croatie, Göteborg en Suède, Kaunas en Lituanie, Trieste en Italie, Sarajevo en Bosnie-Herzégovine et Tel-Aviv en Israël).
L’homme fort de Ryanair, Michael O’Leary s’est plaint des coûts aéroportuaires de Brussels Airport, jugés «élevés» et qui rendent cet aéroport «plus cher que la plupart des aéroports concurrents en Europe», ajoutant que cette situation ne verra Ryanair proposer aucune nouvelle destination cet hiver.