Le passage au four électrique a déjà permis de réduire la consommation d’électricité chez ArcelorMittal, qui reste malgré tout le plus grand consommateur du pays.               (Photo: Arcelor Mittal)

Le passage au four électrique a déjà permis de réduire la consommation d’électricité chez ArcelorMittal, qui reste malgré tout le plus grand consommateur du pays.  (Photo: Arcelor Mittal)

Les entreprises luxem­bourgeoises ont un rôle important à jouer dans la transition énergétique du pays. Le changement est sans doute trop lent, mais le mouvement est lancé. Il vise à la fois la production verte et l’efficacité énergétique.

En 2019, les entreprises luxembourgeoises ont consommé 5.500 térawattheures d’électricité. Un volume d’électrons qui représente 85% de la consommation nationale (6,45 TWh). À elle seule, la grande industrie absorbe 3,75 TWh. C’est dire l’importance de trouver des solutions efficaces pour modifier leur mix énergétique, mais aussi de les pousser à adopter de nouvelles technologies moins voraces en énergie.

Ces statistiques sont toutefois à préciser: le groupe ArcelorMittal représente, à lui seul, 25% de l’électricité consommée dans le pays. Une fois et demie la quantité nécessaire à l’ensemble des ménages. Le leader mondial de la sidérurgie est conscient de ses besoins et met en place des mesures pour tenter de les réduire. En octobre 2019, il a ainsi signé un accord sur cinq ans avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) pour travailler conjointement sur la recherche et le développement de projets et de services innovants dans les domaines de l’efficacité énergétique et de l’utilisation responsable des ressources. Des ­projets sont aussi envisagés dans la récupération de chaleur et la production d’électricité à partir de la chaleur excédentaire de ses fours.

Autre manière de participer aux efforts vers la transition énergétique du pays, le sidérurgiste a passé un accord avec Enovos Luxembourg pour lui assurer la location d’un bassin de refroidissement sur son site de Differdange. Étalé sur une surface de trois hectares, il ­permettra l’installation, par le fournisseur et producteur d’énergie luxembourgeois, d’une vaste plateforme flottante de panneaux photovoltaïques. «C’est une opération intéressante dans la mesure où ce bassin, qui servait aux procédés de refroidissement de l’usine, permettra désormais de produire de l’électricité verte», observe Anouk Hilger, head of renewable energies chez Enovos Luxembourg. Elle verra le jour en 2021.

Surfaces contre mégawatts

Pour la division Énergies renouvelables du principal groupe énergétique du pays, cette manière de collaborer avec les entreprises est au cœur de sa stratégie pour la production d’électricité à partir de l’énergie solaire. L’exemple de la ­collaboration avec le groupe de distribution Cactus est bien connu. L’enseigne recense près de 11.000 panneaux photovoltaïques placés sur les toitures de quatre supermarchés et de sa centrale logistique de Windhof. Des installations qui représentent l’équivalent de la consommation de 630 maisons unifamiliales, selon les statistiques du groupe.

«Nous observons un intérêt croissant de la part des entreprises pour des investissements de ce type, note Mme Hilger. Elles sont aujourd’hui bien conscientes du fait que de telles réalisations sont possibles dès que l’on possède une certaine surface. Sur de nouvelles constructions, les structures nécessaires pour accueillir des panneaux photovoltaïques sont d’ailleurs désormais intégrées dès la phase de conception.» Outre Cactus, Enovos affiche également des réalisations de ce type avec RTL Group, les logisticiens Arthur Welter et Kuehne + Nagel, la boulangerie industrielle Panelux Fischer, Luxtram ou encore le centre de tri de Post Luxembourg à Bettembourg. «Sur l’année 2019, nous avons développé des installations photovoltaïques pour un total de 14 MW, précise la ­responsable Énergies renouvelables d’Enovos. En 2021, nous projetons ­d’installer 20 MW.»

Pour les entreprises, le choix est double: soit elles louent la surface – toiture, terrain, étang – à l’énergéticien, qui investit à 100% dans l’installation et prend en charge la gestion; soit elles co-investissent tout en laissant à ­Enovos la gestion du parc. Quant à l’électricité produite, elle est la plupart du temps réinjectée dans le réseau pour des raisons de rentabilité. Mais une modification prochaine du système de taxation en place rendra plus intéressante ­l’injection des électrons localement produits dans le circuit de l’entreprise.

Efficacité énergétique

Ça, c’est la face visible des efforts effectués par les entreprises. Mais de plus en plus de responsables sont également conscients que des changements dans les installations ou les technologies de production peuvent permettre des économies d’énergie et, de là, des réductions des dépenses. Mais pour y parvenir, il faut évidemment investir. «Les actions les plus importantes se font au niveau de l’éclairage des bâtiments, confirme Laurent Magi, responsable du département Efficacité énergétique chez Enovos. Depuis cinq ans, beaucoup ­d’entreprises ont investi dans les LED, ce qui permet des économies de plus de 50%.»

Une fois opérée cette transformation relativement simple, et pour laquelle des primes intéressantes peuvent être octroyées, les responsables d’entreprise envisagent alors de s’attaquer à l’amélioration de l’outil, d’un point de vue énergétique. Un processus qui demandera plus de temps, mais qui connaît un certain intérêt, ­surtout de la part des entreprises de plus grande taille. «Il se passe des mouvements intéressants au niveau du pays, note encore Laurent Magi. Rien que chez Enovos, nous avons pu dégager des ­économies d’énergie équivalentes à 130 ­gigawattheures sur l’année 2019.» Un chiffre qui englobe le ­marché des particuliers, mais la part des économies ­réalisées en entreprises est cependant d’environ 100 GWh. Ce n’est pas rien.

La transition énergétique n’est donc plus seulement un objectif vague et lointain dans le monde des entreprises. Certaines ne sont évidemment pas — pas encore! — prêtes à considérer les économies d’énergie comme un investissement essentiel, mais l’accord de Paris sur le climat (2015) a quand même fait évoluer les mentalités dans la bonne direction. Le tout est de comprendre que, au final, tout le monde se retrouve gagnant.

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  qui est parue le 17 décembre 2020.

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