Ilario Attasi, head of group investment research de Quintet Private Bank. (Photo: Quintet Private Bank)

Ilario Attasi, head of group investment research de Quintet Private Bank. (Photo: Quintet Private Bank)

Dans les prochains mois, l’impact du coronavirus continuera à se faire ressentir à plusieurs niveaux. Les entreprises en bonne santé financière, capables de s’adapter aux attentes des clients, devraient prospérer. En revanche, les compagnies plus faibles, déjà aux prises avec la baisse des ventes, la hausse des coûts et une concurrence intense, risquent de connaître une reprise anémique, voire… de disparaître, estime Ilario Attasi, head of group investment research de Quintet Private Bank.

Le fait que la récession actuelle se révèle être la plus grave de mémoire d’expert financier ne surprendra personne. La médiocrité de la saison de publication des résultats et la chute vertigineuse des indicateurs macroéconomiques contribuent à la morosité ambiante.

En revanche, dans la mesure où les marchés sont tournés vers l’avenir, les prix des actifs reflètent les évolutions futures avant que celles-ci n’apparaissent dans les données. Les investisseurs doivent donc envisager les choses avant qu’elles ne se concrétisent et commencer à se positionner en conséquence.

Cela implique de se préparer à une évolution de l’économie en forme de U dans le cadre du passage à la phase de redressement. Cette transition sera plus rapide si le principal défi est la liquidité, mais elle sera plus lente si la solvabilité pose problème.

La toute première récession par décret

Cette récession mondiale étant sans précédent, il n’existe aucun guide pratique. En général, les cycles s’achèvent pour deux raisons: ils sont tués soit par le marché, soit par la Banque centrale.

Cette fois-ci, la situation est différente, car il s’agit d’un choc exogène. La cause de cette forte contraction réside dans les contraintes physiques imposées à l’activité par les mesures de distanciation sociale, ainsi que dans les retombées de la crise sanitaire. Cela signifie que la durée de la récession et la nature de la reprise dépendront de la manière dont ces mesures seront levées et de la date à laquelle elles le seront.

À l’échelle mondiale, le bilan financier des consommateurs est sain.
Ilario Attasi

Ilario Attasihead of group investment researchQuintet Private Bank

Il est important de noter que, malgré la durée record de l’expansion économique qui vient de s’achever, la plupart des économies avancées ne présentent pas de déséquilibres majeurs. À l’échelle mondiale, le bilan financier des consommateurs est sain. Le secteur des entreprises ne semble pas excessivement tendu, à l’exception d’une hausse significative de l’endettement dans les segments de moindre qualité du marché du crédit américain.

Aucun retour en arrière possible

Depuis la mise en place des mesures de confinement, une part encore plus importante de notre quotidien se déroule sur internet, accélérant ainsi la tendance au passage du physique au numérique, qui se dessinait déjà avant l’apparition du Covid-19. Lorsque les mesures de confinement seront totalement levées, il n’y aura pas de retour en arrière possible. Les entreprises qui se sont mises à accomplir des tâches en ligne grâce aux plateformes numériques continueront à le faire, car cela s’est avéré plus facile, plus rapide et moins coûteux.

À mesure que ces tendances s’accélèrent, les entreprises proposant leurs produits et services en ligne continueront probablement à prendre des parts de marché à leurs concurrents traditionnels et à voir leurs bénéfices augmenter à long terme. Les sociétés appartenant aux secteurs du voyage, de la grande distribution et de l’immobilier qui n’ont pas pu s’adapter seront soumises à des pressions intenses.

Pour une poignée de dollars

Selon un vieil adage, si vous demandez à 10 économistes leur avis sur un sujet, vous obtiendrez 10 réponses différentes. Mais il y a un point sur lequel presque tous les économistes semblent s’accorder: le décalage entre la phase de «désespoir» liée à la forte contraction économique, qui semble à présent s’atténuer légèrement, et l’anticipation d’une phase de solide «redressement» économique par les marchés.

Nous pensons que l’apparent décalage peut s’expliquer et ne doit pas préoccuper les investisseurs outre mesure. Les marchés financiers sont les moteurs de l’économie et sont davantage influencés par l’évolution à venir de la croissance que par son niveau actuel. Ainsi, ils privilégient l’amélioration des données économiques, même si leur niveau de départ est très bas, plutôt que le niveau déprimé actuel de l’activité.