Pierre Ahlborn, administrateur délégué de Banque de Luxembourg (au milieu) annonce que Fanny Nosetti (à droite) succède à Guy Wagner (à gauche) à la direction générale de Banque de Luxembourg Investments (BLI). (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Pierre Ahlborn, administrateur délégué de Banque de Luxembourg (au milieu) annonce que Fanny Nosetti (à droite) succède à Guy Wagner (à gauche) à la direction générale de Banque de Luxembourg Investments (BLI). (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Guy Wagner quitte son rôle de directeur général de Banque de Luxembourg Investments (BLI) pour se consacrer à plein temps à la gestion des investissements. Fanny Nosetti lui succède. BLI opère ces changements en prévision des défis à venir tant sur le plan réglementaire que sur les marchés.

Banque de Luxembourg Investments (BLI) a annoncé du changement à sa tête, ce 1er septembre. Tout d’abord, , qui occupait le poste de «chief economist» de la banque, se concentrera dorénavant pleinement au rôle de «chief investment officer». Il reste toutefois actif au sein du comité exécutif.

C’est Fanny Nosetti qui succède à Guy Wagner en tant que directrice générale et CEO. Elle avait rejoint BLI en 2000 en tant que spécialiste du volet multigestion, en l’occurrence la gestion au travers des fonds externes, dont elle portait la responsabilité jusqu’à présent. Fanny Nosetti rejoint également le conseil d’administration de BLI.

Un dirigeant de société de gestion passe énormément de temps sur des sujets réglementaires.
Pierre Ahlborn

Pierre Ahlbornadministrateur déléguéBanque de Luxembourg

, administrateur délégué de Banque de Luxembourg, motive ce changement au sein de la direction: «Un dirigeant de société de gestion passe énormément de temps sur des sujets réglementaires.» Et il ajoute: «Fanny Nosetti sera notamment en charge de préparer nos fonds avec les nouveaux standards environnementaux et sociaux.» Elle sera d’ailleurs accompagnée dans cette mission par Nico Thill qui rejoint BLI en qualité de deputy CEO pour couvrir les fonctions de gouvernance et de contrôle. Il porte à son actif plusieurs décennies à la Banque de Luxembourg où il a notamment été responsable des services de banque dépositaire offerts par la banque aux professionnels du secteur de la gestion d’actifs.

Des «vents de face» sur les marchés

BLI, la filiale de gestion de Banque de Luxembourg, compte 64 employés dont la spécificité est d’être justement à Luxembourg. Une spécificité que Pierre Ahlborn tient à souligner: «Nous sommes l’un des seuls gestionnaires qui opèrent la gestion intellectuelle de ses fonds au Luxembourg. C’est ici que tout se décide, que nous faisons la recherche. La plupart de nos concurrents le font depuis l’étranger.»

Guy Wagner, qui a rejoint le groupe Banque de Luxembourg en 1986, a été «l’architecte de la philosophie de gestion de BLI» depuis sa création au tournant de 2005 sous l’impulsion réglementaire qui a imposé une distinction entre les sociétés de gestion et leur banque dépositaire, rappelle l’administrateur délégué de Banque de Luxembourg. «Ses concepts ont été les bons, au regard des performances de notre gamme de fonds.»

Les marchés financiers risquent de devenir plus ‘challenging’ dans les années à venir. Ce n’est pas un luxe de se concentrer entièrement sur ces aspects-là.
Guy Wagner

Guy Wagnerchief investment officerBanque de Luxembourg Investments

Pour sa part, Guy Wagner a été observateur des évolutions des marchés financiers simultanément aux développements de BLI qui emploie actuellement une soixantaine de personnes, contre seulement deux à sa création. Il indique que «les marchés financiers risquent de devenir plus ‘challenging’ dans les années à venir». Ce qui explique que «ce n’est pas un luxe de se concentrer entièrement sur ces aspects-là».

L’ESG devient un enjeu réglementaire

Les marchés témoignent actuellement d’un changement de paradigme. «Les vents de dos sont en train de se transformer en vents de face», déclare Guy Wagner, expliquant que cela pousse BLI à affiner sa méthodologie d’investissement. La société de gestion met désormais l’accent sur l’identification d’entreprises qui ont la capacité de se différencier de leurs concurrents. Des secteurs, tel celui des compagnies aériennes ou des opérateurs télécoms, ne représentent à l’heure actuelle plus d’intérêt, dès lors que les consommateurs opèrent leurs achats en fonction du prix le plus bas. Par contre, des secteurs où les entreprises peuvent imposer leurs prix, à l’instar du luxe, de la consommation alimentaire ou de la technologie, possèdent une plus grande exposition à des marges de rentabilité.

Même si «la période de l’argent facile» est révolue avec le relèvement des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), que l’inflation flambe et que l’économie se contracte, Pierre Ahlborn précise qu’«il n’y a pas de problème au Luxembourg» pour l’instant pour la clientèle. Cette dernière se compose essentiellement de familles luxembourgeoises et belges ainsi que de PME aux capitaux luxembourgeois.

Il n’y a pas que les marchés qui poussent BLI à initier de nouveaux développements. Sur le plan réglementaire, le règlement européen SFDR (Sustainable finance disclosure regulation) amène également son lot de transformations. En effet, BLI a débuté, en mai dernier, l’harmonisation ESG de ses fonds. La plupart des fonds sera qualifiée selon l’article 8 de la SFDR, c’est-à-dire comme des produits faisant la promotion environnementale et sociale. Seule une plus petite partie des fonds de BLI sera qualifiée selon l’article 9, c’est-à-dire comprenant des produits ciblant les investissements durables. Cette requalification des fonds devrait s’achever d’ici la fin de l’année, se trouvant dans l’attente de l’autorisation la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Le prochain défi restera toutefois de s’assurer de la qualité des données non financières rapportées par les entreprises, comportant encore de nombreuses zones d’ombre.