Les grands groupes pétroliers sont invités à dévoiler leur stratégie pour contribuer aux objectifs de neutralité carbone d’ici 2050 (Photo: Capital Group)

Les grands groupes pétroliers sont invités à dévoiler leur stratégie pour contribuer aux objectifs de neutralité carbone d’ici 2050 (Photo: Capital Group)

Après l’effondrement des prix du pétrole en 2020, les grands groupes pétroliers sont invités à dévoiler leur stratégie pour contribuer aux objectifs de neutralité carbone d’ici 2050. Pourtant, les moyens pour réduire ces émissions restent flous, et la société continue à utiliser des hydrocarbures dans divers secteurs (transports, énergie, chimie, etc.). Rencontre avec Darren Peers et Craig Beacock, Analystes d’investissement actions chez Capital Group.

Que pensez-vous de l’évolution du secteur pétrolier?

D.P.: Les pays occidentaux souhaitent une énergie propre et abordable. L’éolien terrestre et le solaire permettent par exemple d’y arriver. En revanche, pour les autres maillons de la chaîne énergétique, l’énergie propre reste coûteuse. Il faut savoir que plus les coûts sont élevés, plus les défis sont importants, ce qui crée, pour l’économie mondiale, des tensions.

Les entreprises pétrolières agissent dans cette direction, certaines rencontrant plus de difficultés que d’autres. En effet, si les compagnies européennes participent activement à la réduction de l’empreinte carbone, les compagnies américaines restent en retrait. À titre d’exemple, BP s’est lancé dans le secteur des énergies renouvelables alors que Chevron et ExxonMobil se montrent plus réticents.

Capital Group a voté pour l’entrée d’actionnaires militants au conseil d’administration d’ExxonMobil. Que peut-on en conclure?

D.P.: Il est question de transition vers un modèle économique axé sur les sources d’énergies renouvelables, mais aussi de rentabilité. Pour être leader et enregistrer un bénéfice, toute entreprise doit disposer d’un plan d’investissement stratégique sur le long terme dans le domaine des énergies propres.

Pour être leader et enregistrer un bénéfice, toute entreprise doit disposer d’un plan d’investissement stratégique sur le long terme dans le domaine des énergies propres.
Darren Peers

Darren PeersAnalyste d’investissement actionsCapital Group

C.B.: Je pense que cette décision ne concerne pas uniquement le changement climatique. Les résultats financiers d’Exxon sont médiocres depuis quelque temps. Cela a entraîné une hausse de sa dette, une baisse de sa note de solvabilité et des doutes sur sa capacité à continuer à verser des dividendes.

Quels impacts pour les actifs pétroliers traditionnels?

C.B.: Depuis plusieurs années, il est demandé aux compagnies de délaisser certains actifs liés aux combustibles fossiles. Le risque est que ces actifs non renouvelables tombent entre les mains de producteurs peu soucieux de l’environnement et dont les émissions sont moins surveillées que celles des compagnies cotées en bourse. Si l’effort ne vient que de quelques acteurs, l’équilibre des émissions ne changera pas.

La réduction des investissements dans le secteur pourrait entraîner une baisse de l’offre. Pourtant, la demande mondiale augmente, rendant possible une hausse des prix du brut. Les compagnies se retrouveraient alors face à un dilemme: en raison des prix élevés, seront-elles prêtes à délaisser les énergies fossiles au profit d’énergies renouvelables?

L’accord de l’OPEP vise à renforcer l’offre. De quoi modifier la dynamique du secteur?

D.P.: En mai 2020, les membres de l’OPEP ont décidé de réduire l’offre durant la crise. Maintenant que la demande revient à la normale, la production augmente à nouveau. Toutefois, la chute des prix en 2020 a entraîné une baisse des investissements à l’échelle internationale. L’offre mondiale est désormais plus faible et les capacités de production inutilisées de l’OPEP devraient donc aujourd’hui être inférieures. Dans ce contexte, les prix du pétrole resteront élevés.

Comment valoriser ces entreprises?

C.B.: Il s’agit pour ces dernières de trouver un moyen rentable de réduire leur empreinte carbone et déterminer à quel rythme et comment procéder. Pour les compagnies engagées dans le renouvelable, calculer le montant des investissements nécessaires pour délaisser leurs activités historiques est difficile. Il est nécessaire de démontrer la rentabilité financière des énergies à faible intensité de carbone. En effet, les compagnies sont évaluées selon les chiffres de cash-flow et de retour sur le capital investi.

Pour les compagnies engagées dans le renouvelable, calculer le montant des investissements nécessaires pour délaisser leurs activités historiques est difficile. Il est nécessaire de démontrer la rentabilité financière des énergies à faible intensité de carbone.
Craig Beacock

Craig BeacockAnalyste d’investissement actionsCapital Group

 

Le secteur pétrolier continue d’offrir les meilleurs rendements de dividende Capital Group

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Découvrez  les analyses détaillées des experts de Capital Group, Darren Peers et Craig Beacock, Analystes d’investissement actions.

À quoi s’attendre pour les dix prochaines années?

D.P.: S’il est difficile de s’exprimer avec certitude sur l’évolution de notre société vers une empreinte carbone réduite, je pense que la demande de pétrole et de gaz continuera à augmenter pour atteindre un plateau et enfin diminuer lentement. Les hydrocarbures restent aujourd’hui l’option la moins chère d’alimenter les sociétés et faire croître leurs économies. Une alternative serait de développer de nouvelles technologies de réduction des émissions, de rendre accessible les technologies existantes ou trouver un accord sur un prix supérieur pour le carbone.

Du chemin reste à faire pour encourager cette transition: inciter à la baisse des coûts, favoriser l’adoption d’énergies alternatives via des obligations de capture du carbone ou des incitations financières. Pour changer de cap, les compagnies ont le choix parmi différentes énergies renouvelables: hydrogène, biocarburants, etc. Si leur chaîne de valeur est similaire à la structure du secteur de l’énergie fossile, leurs actifs sont différents pour la production, le transport ou la distribution finale aux clients.

Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, investir massivement dans les sources d’énergies alternatives est donc impératif.

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