«Les entreprises souhaitent qu’on les laisse travailler!», a rappelé le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

«Les entreprises souhaitent qu’on les laisse travailler!», a rappelé le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Lors de la conférence annuelle de conjoncture de la Chambre de commerce, son directeur, Carlo Thelen, s’inquiète de la performance économique du pays, qui «s’effrite», et d’une année 2023 à la croissance «atone». Pour combattre cette tendance et sauver des finances publiques sous pression, les entreprises doivent retrouver leur liberté de travailler.

«La performance économique globale du Luxembourg est en train de s’effriter», constatait jeudi matin le directeur de la Chambre de commerce, , lors de la conférence annuelle de conjoncture de l’institution, qui a pris des tournures de signal d’alarme pour l’année 2023. «C’est une tendance qu’il faut vraiment combattre, même en année électorale», a-t-il donc prévenu.

«Tout n’est pas noir, loin de là», a voulu par moments relativiser Carlo Thelen. Mais, malgré une économie luxembourgeoise résiliente, le constat est là: «La tendance est à une croissance plus atone, entre 1 et 2% du PIB, et cela nous tracasse, parce que cela représente quasiment la moitié de ce que nous avons besoin pour financer notre train de vie, qui est très élevé».

En temps de crise, moins de croissance signifie moins de recettes pour les caisses de l’État, mais pas moins de dépenses. Or, à des mesures comme la gratuité des transports publics, «qui coutent très chères», s’ajoutent les paquets de mesures pour amortir les effets des crises successives – sanitaire, énergétique – dont le cout global s’élève désormais à près de 5 milliards d’euros, rappelle Carole Thelen.

«Cela nous fait peur»

Ainsi, les finances publiques, dont le déficit public s’est aggravé ces dernières années, se trouvent sous pression. Et une prévision à 28 milliards d’euros de dette publique en 2026, «cela nous fait peur», s’inquiète le directeur de la Chambre de commerce.

D’autant que la tendance économique atone n’épargne pas la place financière, qui «ne connait plus sa dynamique passée», avec notamment une nouvelle perte de part de marché sur les fonds d’investissement, pourtant important contributeur aux recettes fiscales.

La sécurité sociale, qui représentait un «coussin» dans le solde de l’administration publique du fait de ses réserves importantes, peut quant à elle s’imaginer comme une pyramide qui va s’inverser, avec moins de contributeurs, et plus de prestations dépensées en pensions et en maladies. «Ce sont des évolutions qui ne sont pas soutenables», prévient Carlo Thelen, qui s’inquiète à terme d’un risque de perte du triple A.

Maitrise des dépenses

Pour éviter une telle issue, la Chambre de commerce, comme dans son , recommande de maitriser les dépenses, avec notamment des aides sélectives aux ménages et aux entreprises – contrairement à ce qui a été décidé en faveur des ménages lors du dernier accord tripartite.

Et un soutien est nécessaire à celles «qui génèrent la valeur ajoutée qui sera à la base des recettes fiscales de l’État»: les entreprises. «Sans entreprises, l’économie ne tourne pas et, sans économie, une société ne tourne pas», prend soin de rappeler le directeur de la Chambre de commerce. La troisième indexation des salaires qui se profile pour 2023, la hausse du salaire minimum en début d’année, sont autant de défis pour celles-ci. Et, de manière pratique, les procédures administratives, «de plus en plus compliquées», représentent un poids les paralysant. «Les entreprises souhaitent qu’on les laisse travailler!», rappelle simplement Carlo Thelen, qui réclame «une croissance saine, plus performante, qui génère de nouvelles recettes fiscales à l’avenir».